La semaine dernière, une vidéo a fait le tour du Web. On y voyait des
femmes et des hommes se bousculer à l’entrée de la SCB (Société
Camerounaise de Banques) au Cameroun. Cette misérable course à pieds est
la fidèle image d’un pays aux échecs économiques, politiques et sociaux
qui s’enfonce aveuglement dans les abimes. Les pauvres fonctionnaires
campaient au pied de cet édifice depuis la veille pour toucher leur
salaire.
Aujourd’hui, le GICAM (Groupement Inter-Patronal du Cameroun) dénonce
ouvertement la crise de liquidité qui plombe l’économie camerounaise et
toute la zone CEMAC (Communauté Économique des États de l’Afrique
Centrale). Cette crise était prévisible. Les déficits budgétaires ne
cessent de se creuser alors que la dette publique explose.
Les causes de ces échecs ne surprendront personne. La mauvaise
gouvernance en porte la responsabilité. Il est temps que les dirigeants
actuels de l’Afrique Centrale se remettent en cause et ouvrent la voix
pour une société responsable où la démocratie inversera la tendance
actuelle. Ces dirigeants s’enfoncent alors que les États de l’Afrique de
l’Ouest où les présidents sont démocratiquement élus connaissent un taux
de croissance qui dépassent les espérances.
C’est avec la dynamique démocratique que les pays de la Communauté
Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) se réunissent
aujourd’hui pour sortir du franc CFA. Ils parlent avec aisance et
suffisance de la création d’une monnaie commune. Ces présidents ont été
démocratiquement élus par leur peuple. Ils doivent rendre des comptes
pour leur réélection.
La mauvaise gouvernance porte la responsabilité de tous les échecs qui
plombent les velléités de développement en Afrique Centrale. Pourtant,
la nature a généreusement doté ces pays de sous-sols riches et d’un
potentiel agricole qui peut en faire un grenier de tout le continent.
Mais la misère progresse.
Les pompiers pyromanes
Le GICAM crie au feu. Quel paradoxe ! C’est au sein du GICAM que l’on
retrouve tous les fossoyeurs de l’économie camerounaise qui ne s’appuie
que sur les importations qui tuent toutes les productions locales.
L’explosion des supermarchés vient accentuer une tendance longtemps
décriée. Ces magasins « bon marché » portent la responsabilité de la
crise de liquidité qui va faire exploser les hommes d’affaires et les
politiciens véreux.
Cette situation va malheureusement perdurer tant que le pétrole et les
matières premières permettront au gouvernement de payer ses
fonctionnaires sans créer de la richesse.
Le GICAM, les affairistes d’un jour et tous ceux qui s’accrochent
désespérément au pouvoir en place seraient-ils disposés à relever les
défis ? Nous pouvons en douter. Les pompiers pyromanes sont lâchés. Ils
doivent rendre des comptes car le Cameroun et les pays de la Zones CEMAC
traversent une crise qui ne peut prendre fin qu’en élisant
démocratiquement des dirigeants responsables et ambitieux.
Les initiatives des États de l’Afrique de l’Ouest devraient pourtant
inspirer l’Afrique Centrale : une monnaie commune, un climat politique
serein et des alternances politiques.
Si ces conditions ne sont pas réunies, nous pouvons redouter que
l’Afrique Centrale ne s’enfonce dans une guerre profonde car la famine
et la maladie guettent tous les citoyens.
Les États de l’Afrique Centrale sont au bord du précipice. Les
importations sauvages qui tuent les initiatives locales doivent être
encadrées. Et c’est ici que le GICAM au Cameroun pourrait redorer son
image. Elle le peut. Mais, a-telle cette volonté patriotique ?
Par Michel Lobé Etamé
Journaliste