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Une analyse des implications géopolitiques du rapprochement entre Washington et Moscou, avec la rencontre de Ryad.

Le 20 janvier 2025 Donald Trump a prêté serment comme le 47ème président des Etats-Unis, sur le slogan : Maga (Make America Great Again).

Mais j’ai peur qu’il ne s’agit là que d’un simple slogan électoral qui n’a aucune chance de se réaliser.

Et le pauvre Trump ne peut pas faire mieux que de sauver ce qui peut encore être sauvé, tellement le fossé creusé par la Chine, à mes yeux me semble hors d’atteinte pour n’importe quel pays, y compris la première puissance économique du monde que sont les Etats-Unis.

C’est à mon avis dans ce cadre que s’inscrit le dernier rapprochement des Etats-Unis à la Russie, plutôt que d’une envie de séparer la Russie de la Chine.

Mardi le 18 février 2025, s’est tenue à Ryad, capitale de l’Arabie Saoudite la première rencontre de haut niveau depuis 2015 entre les représentants américains et russes, sous l’impulsion du nouveau président des Etats-Unis Donald Trump et de son homologue russe Vladimir Poutine.

Après s’être retranchés dans le camp minoritaire de l’Occident, les Etats-Unis marque à travers cette première réunion avec la Russie, une tentative de repositionnement dans le jeu complexe des relations internationales, où un pays, la Chine est en train de secouer le cocotier des alliances et des rivalités entre les principales puissances les contraignant à une constante évolution.

C’est dans ce contexte, qu’apparait naturelle, une question centrale que tout le monde se pose : Donald Trump peut-il réussir à séparer la Russie de la Chine, deux puissances dont les liens se sont renforcés ces dernières années ?

Je commence cette leçon avec une question à laquelle cela ne sert à rien de me donner la réponse, parce que votre éducation coloniale en Afrique ne vous permet pas d’avoir la capacité de le pensée complexe, pour sortir du cadre conceptuel de ce que les colonisateurs français et britanniques attendent de vous : servir !
Question : Pour quelle raison pensez-vous que la Chine a particulièrement ciblé le secteur des véhicules électriques dans sa croisade commerciale et industrielle contre les Etats-Unis et ses vassaux de l’Europe ?

Réponse : Pour se préparer à la guerre à venir contre les Etats-Unis !
Comment ?

Aucun pays ne peut gagner la moindre guerre s’il ne maîtrise pas la production automobile. Et la compétition dans le secteur automobile depuis un siècle est l’endroit où se construisent les rapports de puissance et des guerres entre les Nations.

Un ancien candidat aux dernières élections présidentielles dans mon pays, le Cameroun a récemment déclaré dans une interview que vous pouvez trouver sur les réseaux sociaux que je cite : « Le Cameroun a produit les motos avant la Chine ». Son principal conseiller avait déjà déclaré dans une autre interview que vous trouvez sur les réseaux sociaux ceci :

« Comme beaucoup de jeunes Camerounais trouvent à manger en faisant les moto-taxis, dès que nous arriverons au pouvoir, l’un des projets phares de notre gouvernement sera de fabriquer les motos au Cameroun ».

Le Cameroun qui produit les motos avant la Chine ?

Et c’était quelle marque de moto ?

Et vous preniez l’acier où pour fabriquer les motos ?

Et le caoutchouc pour les pneus, vous les fabriquiez dans quelle usine, prenant la manière première où ?

Et les moteurs de vos motos, ça sortait de quelles usines, alors que vous n’aviez même pas d’électricité ?

Cette inculture des politiciens camerounais n’est malheureusement pas une exception, mais une inculture généralisée chez les intellectuels africains tous formés et éduqués pour magnifier les heures sombres de la colonisation française et britannique, tout en insultant le premier bailleur du pays, la Chine.

Ils ne savent pas que fabriquer la moto, la bicyclette ou la voiture répond avant tout à une nécessité militaire, à une préparation de la guerre à venir.

Beaucoup de gens en Afrique connaissent les noms comme Renault, Peugeot ou Citroën, mais ils sont loin de savoir que ce sont les noms qui sont à la base de l’industrie militaire française.

Les motos dont l’opposant camerounais parlait, étaient des motos de marque Peugeot, mais qui sont arrivées au Cameroun comme moyen de locomotion des militaires coloniaux.

En 1910, la Société Anonyme des automobiles Peugeot fusionne avec les Fils de Peugeot Frères et donne naissance à la Société Anonyme des Automobiles et Cycles Peugeot (SAACP). C’est cette société qui alimente l’armée coloniale en motos, surtout dans les zones sahéliennes de l’Afrique.

L’endroit où se trouve le siège de l’usine n’est pas un hasard : Sochaux !

Armand Peugeot, personnage visionnaire de la famille déclare, en 1912 : « l’automobile fait partie intégrante de la défense du pays et l’entreprise Peugeot se tient prête à contribuer et à innover dans ce domaine pour pouvoir répondre à la demande ».

POURQUOI LA CHINE VEUT UNE SUPERIORITE DANS LES VEHICULES ?

Avant de répondre à cette question, avec des exemples que je vais vous tirer de la première et la deuxième guerre mondiale et le rôle des entreprises comme GM, Ford, Renault dans la fourniture de l’armement des deux camps ennemis, arrêtons-nous un instant sur quelques dépêches des agences d’information cette semaine, sur le sujet principal qui pousse Donald Trump à rechercher non seulement un rapprochement, avec la Russie, mais une tentative suivante de séparer la Russie de la Chine : l’économie !

Ce que Donald Trump tente de faire, n’est pas juste de prendre du plaisir de séparer la Chine de la Russie, mais d’utiliser cette manœuvre pour espérer stopper ou tout au moins, ralentir la fusée du développement technologique de la Chine qui semble inarrêtable.

Première dépêche :

« Les Nouvelles ne sont pas bonnes » !
C’est le titre de la dépêche que l’équipe de Caresoft Global Technologies a envoyé à Washington la semaine dernière ou plus précisément le 13 février 2025, c’est-à-dire le lendemain de l’appel téléphonique historique entre Donald Trump et Vladimir Poutine.
Caresoft Global Technologies explique que les nouvelles venant de Chine ne sont pas bonnes du tout.

Et même si l’appel téléphonique de Trump à Poutine visait à éloigner la Russie de la Chine, l’analyse de Caresoft Global Technologies est sans équivoque : la Chine s’est déjà échappée, et très probablement, les Etats-Unis n’ont plus aucune chance de la rattraper ou tout au moins, pas avant longtemps, et très certainement pas à travers les accords d’exclusion comme ils ont toujours fait dans le passé.

Caresoft est une entreprise de démontage et de développement de produits dans le secteur automobile. « L’entreprise montre à ses clients (dirigeants et responsables techniques des constructeurs automobiles, fournisseurs et autres) en détail où ils sont à la traîne par rapport à leurs concurrents. »

Nous sommes le jeudi 13 février 2025. Les agences de presse publient ce titre de Caresoft Global Technologies :

« Les nouvelles sont mauvaises pour General Motors, Ford Motor Co. et Stellantis. »

De quoi s’agit-il ?

Et pourquoi c’est si important dans le cadre d’une probable recomposition des alliances entre les 3 puissances militaires du moment : Les Etats-Unis, la Chine et la Russie ?

Après avoir démonté de nombreuses voitures chinoises pour comprendre à quel niveau les 3 principaux fabricants américains d’automobile peuvent corriger leurs faiblesses de compétitivité, Caresoft Global Technologies arrive à la conclusion que c’était mission impossible.

En réalité, comme ce que font les conseillers de Donald Trump, tous commettent l’erreur de voir la Chine avec le filtre inquisiteur de l’Occident, avec les yeux des gens convaincus à tort que la Chine se projette dans une certaine logique que maîtrisent les Etats-Unis, selon laquelle, la Chine serait celle qui passerait son temps à copier les avancées technologiques de l’occident même pas pour les améliorer, mais pour les produire en grande quantité et pour cette raison, avec un coût de main d’œuvre moins cher, et les subventions qui vont avec, on domine les marchés mondiaux.

Dans cette logique erronée, les Etats-Unis ont lancé une croisade anti-chinoise qui s’est révélée complètement à côté de la plaque.

C’est justement la mauvaise surprise qu’attendait Caresoft Global Technologies, lorsqu’elle a démonté les véhicules de BYD, Huawei, BAIC, CAIC etc. qui l’ont fait titrer son rapport de tests :
« Les nouvelles sont mauvaises pour General Motors, Ford Motor Co. et Stellantis. »

Question : Qu’est-ce que Caresoft a trouvé de si terrible dans les voitures chinoises qui l’ont rendue si pessimistes pour les concurrents américains ?

Réponse : le Communisme !

Dans la culture asiatique, on pratique la culture du riz et en Occident, c’est le blé.

La principale différence entre les deux modes de culture est que le riz se cultive et se récolte en groupe, alors que la culture du blé se fait individuellement.

La Chine ne s’est pas contentée de venir remplacer l’hégémonie américaine par une hégémonie chinoise, mais elle propose au monde entier un projet de prospérité collective, là où les Américains imposent depuis 75 ans, non pas un projet, mais le droit de l’individu, le triomphe de l’individu sur la collectivité.

C’est à la bataille entre le riz et le blé que nous assistons où les 75% des pays inscrits aux Nations Unies ont comme premier partenaire commercial, la Chine. Ceci dénote une véritable adhésion au modèle de la politique du riz que propose la Chine au reste de la planète et par conséquent, il ne sert à Donald Trump de perdre son temps de vouloir éloigner ou non la Russie de la Chine.

Et c’est ça la vraie mauvaise surprise qui attend Donald Trump s’il croit que les relations avec la Russie auront comme objectif principal de l’éloigner de la Chine, car c’est la Chine qui fixe désormais les règles et le tempo, ayant refusé d’entrée de jeu, de se plier au championnat américain en vigueur.

La Chine a inventé son propre championnat. Et dans ce nouveau championnat, Caresoft conclut que c’est sans parade pour les Américains.

De quoi s’agit-il ?

Le PDG de Caresoft, Mathew Vachaparampil, explique contrairement au Etats-Unis où chaque fabrique se débrouille comme il peut pour s’en sortir, en Chine, il y a une stratégie gouvernementale orientée sur deux axes :

C’est l’état chinois qui est au cœur de la productions industrielle des véhicules, en obligeant ainsi tous les fabricants à utiliser les mêmes pièces de rechanges qui devenant interchangeables entre les différentes marques, permettent une recherche centralisée par l’état qui se bases sur les universités et les nombreuses facultés de mécanique automobile à travers le pays, pour innover tous les jours au profit des marques, qui n’ont plus qu’à se concentrer dans peu de tâches.

Mais, ce n’est pas suffisant.

Alors que Donald Trump annonce les droits de douane contre les véhicules électriques chinois, et l’Union Européenne l’a déjà fait, tous deux ne savent pas que ces deux marchés ne constituent pas la cible de la Chine.

Au lieu d’aller dans les pays occidentaux où il y a une tradition du véhicule et où les gens ont de l’argent pour se permettre d’acheter les voitures, la Chine a poussé plus loin sa logique en mettant ses universités et ses fabricants de véhicules à faire ce que personne ne fait d’habitude depuis plus de 100 ans que la voiture existe : s’intéresser plutôt aux pays pauvres de la planète et non plus aux pays riches.

Mathew Vachaparampil explique ainsi que cette stratégie a été gagnante en 2024, puisque la China a exporté 6,4 millions de voitures principalement en Amérique du Sud, en Afrique et en Asie du Sud-Est, c’est-à-dire, une croissance de 23% par rapport à 2023, au moment où les marques occidentales enregistraient leurs plus mauvaises performances de ventes.
Lisons les mots mêmes de Richard Truett, journaliste de AUTOMOTIVE NEWS depuis Detroit qui écrit :


« (…) Les 3 constructeurs automobiles de Détroit et d’autres constructeurs traditionnels sont déjoués et dépassés par une industrie automobile chinoise créative et avide de succès qui travaille avec le gouvernement communiste du pays pour renforcer sa compétitivité.

Le gouvernement chinois, par l’intermédiaire d’une organisation appelée China Automotive Technology & Research Center, travaille avec ses constructeurs automobiles nationaux sur des normes industrielles pour les composants communs, une pratique qui réduit la complexité, abaisse les coûts et augmente la vitesse et l’efficacité en permettant un plus grand partage de pièces entre les marques concurrentes.

Le PDG de Caresoft, Mathew Vachaparampil, a expliqué, lors d’une présentation faite le 10 février 2025 aux rédacteurs et journalistes d’Automotive News, comment l’industrie automobile chinoise oriente son arsenal vers trois grands marchés mondiaux : l’Afrique, l’Amérique du Sud et les 10 pays qui composent l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est.

L’Association chinoise des voitures particulières indique que 6,4 millions de véhicules fabriqués en Chine ont été expédiés à l’étranger en 2024, soit une augmentation de 23 % par rapport à 2023.

Chery et BYD ont été les deux marques qui ont connu la plus forte croissance en Australie l’année dernière. Geely figurait parmi les 10 premières marques en 2024 dans de nombreux pays d’Asie du Sud-Est. En Afrique du Sud, les marques chinoises ont pris 9 % du marché en 2024, contre 2 % cinq ans plus tôt. Plus près de chez nous, en Amérique du Nord, MG – l’ancienne marque britannique désormais détenue par SAIC – a surpassé Ford, Hyundai et Honda au Mexique l’année dernière.

Vachaparampil estime que les constructeurs automobiles chinois ne sont pas pressés de s’implanter aux États-Unis.

Ce qui est loin d’être clair, c’est de savoir si la PDG de GM, Mary Barra, le PDG de Ford, Jim Farley, et les dirigeants de Stellantis peuvent changer leurs entreprises suffisamment rapidement pour les mettre en état de combattre lorsque les Chinois arriveront.

Farley a reconnu le défi auquel Detroit est confrontée lors d’une conférence financière le 11 février : « Ce qui m’étonne toujours depuis trois ou quatre ans avec les Chinois, c’est leur rapidité. Tout le monde parle de leur qualité, de leur prix abordable, mais ce dont ils devraient parler, c’est de leur rapidité. »

La vitesse à laquelle l’industrie automobile chinoise évolue pour intégrer de nouvelles technologies, améliorer la qualité, réduire les coûts et déployer des véhicules électriques laisse les constructeurs automobiles traditionnels dans la poussière.

« Ce que nous voyons de la part des Chinois est une menace existentielle », a déclaré Terry Woychowski, ancien cadre de la production de General Motors et président de Caresoft, lors d’une visite du siège américain de Caresoft à Livonia, dans le Michigan. « Je pense que cela menace l’existence de certaines de ces entreprises. Je n’ai aucune idée de ce qui se passera dans cinq ans. Mais je sais ce que je vois et je peux en extrapoler. Les choses vont changer. »
(…)
Les ingénieurs de Caresoft affirment que les Detroit 3 ont fait quelques progrès dans la réduction des coûts et qu’ils ont trouvé des preuves d’une fabrication plus intelligente. Mais les constructeurs automobiles ne parviennent pas à suivre le rythme de leurs rivaux chinois.
(…)
Affamé et pressé
Vachaparampil, qui se rend en Chine environ dix fois par an, explique que le gouvernement encourage la concurrence intense entre les constructeurs automobiles, sachant que certains d’entre eux disparaîtront. Ce processus de sélection devrait permettre de produire des survivants solides qui seront à terme compétitifs à l’échelle mondiale sur tous les principaux marchés. La volonté de survivre est l’une des raisons pour lesquelles les constructeurs automobiles chinois innovent et évoluent si rapidement.

Vachaparampil se souvient d’une présentation que l’équipe Caresoft a donnée en Chine à l’un des principaux constructeurs automobiles du pays.

« C’était un samedi matin, pas un jour ouvrable. Il y avait 700 personnes dans l’auditorium », a déclaré Vachaparampil. « Dites-moi, est-ce que quelqu’un aux États-Unis ferait ça ? C’est ça, la faim. On peut sentir l’énergie quand on va en Chine. C’est un monde différent. »

Les constructeurs automobiles de Detroit ne sont pas les seuls à être bloqués sur la voie de garage, explique Vachaparampil. « Si je dois obtenir un rendez-vous avec un constructeur allemand, cela me prend deux mois. En Chine, cela prend une semaine. Il faut neuf mois pour obtenir une commande d’un constructeur traditionnel. En Chine, cela prend un mois. » …)

Source : https://www.autonews.com/opinion/columns/an-column-truett-caresoft-china-automakers/

En d’autres mots, les Chinois sont allés s’entrainer sur leurs capacités de satisfaire les demandes de mobilité des consommateurs des pays pauvres, en leur offrant des voitures plus modernes que ce qu’on trouve en occident, mais drastiquement moins chères.

Et comme vous avez lu dans cette analyse, la guerre économique contre les fabricants américains sur le territoire des Etats-Unis n’a même pas encore commencé.

Il y a une information que Vachaparampil n’a pas donné et c’est le lien entre la voiture et l’industrie militaire.

Question : Pourquoi les Chinois ont particulièrement ciblé l’industrie automobile et non un autre secteur comme celui de l’alimentaire pour se mesurer aux concurrents occidentaux ?
Réponse : Parce que qui dit Automobile, dit industrie militaire.

En investissant et en créant un nouveau modèle de production dans l’industrie automobile basé sur une structure pyramidale avec un centre de recherches public, investi par les universités, la Chine est en train de mettre sur pied un nouveau modèle industriel pour préparer sa propre défense.

Pour bien comprendre ce qui est en train de se passer, revenons en arrière de 120 ans, en 1905.

Dans le Journal télévisé de la télévision publique France-3 (19-20 Edition Champagne Ardenne) du 21 nov. 2014 intitulé :
« Les usines Peugeot mobilisées pour l’effort de la Grande Guerre »

Jean-Paul Pougala

Vendredi le 21 Février 2025

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