L’élection présidentielle de 2018 a vu Paul Biya rempiler pour sept nouvelles années. Pour son camp, cette élection a été l’occasion de démontrer aux sceptiques que l’homme Lion est toujours aux commandes et que l’âge n’avait point raison de sa santé physique et mentale. Les opposants pouvaient ronger leur frein. Et tant pis ! L’homme des « petites ambitions » continue à s’accrocher.
Le camp présidentiel n’en a cure. Il a successivement organisé les élections législatives, municipales et régionales. Vu de loin, nous avons l’impression de nous trouver dans un pays où la démocratie et la liberté s’affirment. Mais la vérité est autre. Les élections au pays de Paul Biya constituent un véritable traquenard où les oppositions sont invitées à participer à une mascarade. Ce scénario habituel donne raison au politologue Achille Mbembé qui aborde le sujet dans une de ses Tribunes intitulées « Au Cameroun, le changement ne viendra pas des urnes ».
Non, les élections ne peuvent rien changer dans un système vicié où la victoire est d’avance volée. Dans ce contexte, les opposants sont invités à participer à des scrutins qui légitimisent le pouvoir illégitime en place.
Dans un environnement social où le mensonge est devenu un mode de gouvernance, la présidence a aussi mis en place une cellule très active chargée noyer la toile avec de fausses nouvelles. WhatsApp diffuse à profusion de l’intoxication : Paul Biya a été nommé meilleur gestionnaire du Covid-19 par l’OMS ; le Cameroun ne reconduira pas les accords de coopération avec la France ; le coup d’Etat manqué de Ferdinand Ngo Ngo, etc.
La rumeur, qui fonctionne si bien, nous fait croire que Paul Biya avait les pieds et les poings liés durant ses 38 années de pouvoir. Il a tenu bon. Et depuis le 26 décembre, libéré des accords coloniaux, notre président, homme nouveau ou nouvel homme, du haut de ses 87 printemps, est enfin libre pour réaliser de grands projets. Avec une équipe de kleptomanes ?
En s’appuyant sur une information toxique, le pouvoir, à travers les réseaux sociaux, joue les prolongations d’une fin de règne annoncée. Mais l’opposition veille. Elle ne se saborde pas dans un enclos étouffant et puant.
Ce jeu connait aujourd’hui ses limites. L’usure du pouvoir met fin à une mascarade qui a usé les oppositions au système renégat. Des voix s’élèvent aujourd’hui pour dénoncer pacifiquement la filouterie organisée du système. Maurice Kamto devient naturellement cette posture, cette voix courageuse qui propose une nouvelle gouvernance. Il prend le peuple à témoin en s’abstenant à cautionner les simulacres d’élections qui ont suivi après les présidentielles de 2018. Il a raison. Et cette raison lui vaut les foudres du pouvoir, des pseudos opposants et des putatifs qui se réjouissent des rogatons.
Et si on provoquait la chance ?
2020 nous a déstabilisés. Le climat des affaires s’enfonce et aucune mesure du pouvoir ne permet aujourd’hui de préparer l’après Covid-19. Face au chaos qui s’annonce, l’opposition trouvera ici une opportunité pour sortir le Cameroun du gouffre où il s’est volontairement enfoncé. Le chantier est énorme. Il interpelle tous les camerounais. C’est aussi une occasion à saisir pour réunir autour d’un seul leader tous les opposants de cœur qui voudraient enfin voir leur beau pays décoller et sortir de la gangrène de la corruption, du népotisme, du mensonge permanent et du tribalisme systémique.
2021 sera une année charnière. Les forces vives, celles qui ont été si souvent étouffées, doivent saisir le contexte actuel pour proposer une voie alternative. Ces forces vives doivent provoquer la chance car le pouvoir RDPC est en fin de vie. Le mensonge ne passe plus. Il est très vite décelé par une opposition responsable et active. Mais, pour y parvenir rapidement, les forces vives ont besoin de s’unir. Elles ont besoin d’un seul leader. Et aujourd’hui, ce leader naturel est connu : Maurice Kamto.
C’est dans l’unité que ce combat va se gagner. C’est dans la fraternité que les couleurs du Cameroun vont à nouveau briller. Nous devons saisir cette chance. Nous devons la provoquer pour sortir d’un marasme qui s’éternise avec la complicité de l’Occident. Un occident qui vient de subir un échec cuisant en République Centrafricaine. Et cet échec est une preuve de la déconfiture inéluctable de la françafrique et de ses complices en terre africaine.
Face à un régime moribond qui a épuisé tous les subterfuges, 2021 est une année de tous les possibles. Ne laissons pas cette opportunité nous échapper pour redorer notre si beau pays.
Par Michel Lobé Étamé
Journaliste Indépendant