(édito)

Un pays a besoin de femmes et d’hommes charismatiques porteurs d’un projet planifié dans le temps.
En conséquence, le pouvoir en place ne saurait échapper aux critiques, objectives ou pas et qui
permettent de dynamiser la vie politique, économique et sociale.
Pour y parvenir, le Chef de l’Etat veille au bon déroulement de ce projet porteur. Un conseil des ministres
rend des comptes au Président de la République toutes les semaines et le peuple juge l’action du
gouvernement. Chaque ministre a une feuille de route. Il ne peut esquiver ses responsabilités.
L’opposition est là pour lui rappeler les engagements du gouvernement. C’est dans ce cadre que le
pouvoir législatif et le pouvoir exécutif forment un binôme ayant une responsabilité commune.
Au Cameroun, depuis des décennies, Paul Biya ne préside aucun conseil des ministres. Ces derniers
n’ont aucune feuille de route et ne peuvent rendre des comptes sur le mandat qui est le leur. Cette
navigation à vue est la conséquence d’un pouvoir boulimique ou le chef de l’Etat est au four et au
moulin.
Le Cameroun est devenu un état léthargique. L’espace politique manque d’énergie et de vitalité malgré
quelques soubresauts de l’opposition. Le président Paul Biya est absent de l’espace national. Plus rien
ne fonctionne. Il est dans un état d’apathie, de somnolence et de torpeur. Il se fait soigner à l’étranger et
une paralysie s’empare de tout le pays.
C’est la conséquence d’un règne boulimique, jupitérien et opaque où tous les pouvoirs sont confisqués
par un seul homme. Mais que prévoit la constitution en cas de vacance de pouvoir ? Rien. Tout est en
standby. Le pays vit alors des moments de doute, de spéculation et de mensonges qui entravent le cours
des événements où les caciques du pouvoir verrouillent l’information. Chacun y va de sa manière pour
les bonnes grâces du chef suprême.
L’absence du chef de l’état Paul Biya pose problème. Nul n’est en mesure de proposer une alternative au
pouvoir bringuebalant. Dans un monde où nul n’est éternel, les gardiens du pouvoir RDPC ne peuvent se
prononcer sur l’état de santé de leur leader absent de son poste et qui choisit toujours de garder le
silence. Mais ici, nous assistons à un silence trompeur car nul n’est en mesure de rassurer un peuple qui
doute et qui s’inquiète à juste titre de la santé physique et mentale de son président.
Si nous nous référons à la constitution ou de ce qu’il en reste, après quarante-cinq jours de vacance du
pouvoir, le président du Sénat doit organiser de nouvelles élections.
Mais, dans un pays ou le pouvoir est confisqué par des gérontologues, le président du Sénat ne peut
exercer son rôle. Il est en soins à l’étranger. Cette situation nous interroge à plusieurs égards. Le
Cameroun ne dispose-t-il pas d’hôpitaux pour soigner ses malades ?
Une preuve que le pouvoir actuel n’a pas assuré sa mission qui consiste à doter son pays des
infrastructures indispensables au développement et à l’épanouissement de son peuple où la misère
galopante brise les espoirs et la résilience de tout le monde.
Le Cameroun souffre de son indigence. Le pays est livré à lui-même et les espoirs s’amenuisent chaque
fois que son président est absent. Au cours de son long règne, il a toujours été absent. Aujourd’hui, la
maladie s’en mêle, la nature aussi. Il serait temps de débattre publiquement des absences régulières et
répétées du chef de l’état car la Cameroun poursuit son chemin. Le citoyen, les administrations et le
monde des affaires ne sauraient s’accrocher à l’immobilisme béat qui paralyse le pays et dont nous ne
pouvons mesurer les conséquences désastreuses à terme.
La vie ou la mort de Paul Biya ne doivent plus être des sujets tabous car la nature est plus forte que tout
et nous naissons pour vivre et mourir.
Les spéculations vont bon train. Mais, est-ce le meilleur moyen de réveiller les esprits pour un avenir flou
où le pouvoir frileux empêche le débat public ? Le Cameroun est malade de sa gouvernance opaque qui
ne laisse aucune place au débat public et qui emprisonne ses enfants qui ne demandent qu’à apporter
leurs contributions pour le développement de ses richesses confisquées par une poignée de griots.

Dans un monde multipolaire où le Sud Global revendique sa souveraineté, il serait temps que l’Afrique
s’ouvre d’abord à son propre peuple si elle veut épurer son passé colonial et la gouvernance actuelle qui
continue à s’appuyer sur une dictature d’un autre âge.

Par Michel Lobé Etamé
Journaliste Indépendant

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