Les gouvernés craignent les gouvernants. Les gouvernants ont peur des gouvernés. La peur figure au nombre des choses les mieux partagées entre gouvernants et gouvernés.Le courage, dit cependant Mandela, « n’est pas l’absence de peur, mais la capacité de la vaincre ». Ce précepte s’applique plus aux gouvernés qu’aux gouvernants.Comment donc les gouvernés peuvent-ils vaincre leurs peurs ? En d’autres termes, comment peuvent-ils s’armer de courage ?Le courage est le dépassement d’une sensation handicapante, c’est un élan qui porte à l’action. Il s’alimente à deux sources principales : la justesse des fins recherchées, et le service de l’intérêt général. Le grand nombre est pour le courage, un d’adjuvant. Au sein du grand nombre, la peur s’affaisse, s’atrophie, puis se dissipe. La solitude est le meilleur terreau de la peur. On peut aussi considérer la peur comme un fardeau dont le poids diminue au fur et à mesure que le nombre de ses porteurs s’accroît.Le despote, le tyran Campaoré le sut à ses dépens le 14 octobre 2014. Disposant de la force de loi, de la force du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), il n’eut d’autre choix que de fuir devant la force résolue du grand nombre des Burkinabè.Les gouvernants pour vaincre n’ont pas besoin de recourir au courage. Ils disposent à cet effet du monopole de la violence. C’est la capacité d’en user qui leur donne un avantage sur le gouvernés.Considérons l’exemple suivant :Des citoyens annoncent leur intention de marcher pour protester contre la présence d’une force armée étrangère sur le territoire de leur pays, et pour exiger son départ. Le gouvernement s’y oppose en l’interdisant :1er cas de figure. Les citoyens renoncent à la manifestation. La peur des représailles les paralyse. La situation qu’ils veulent changer n’a pas bougé d’un iota. Elle s’est peut-être empirée.2e cas de figure. Les citoyens refusent d’obtempérer, la manifestation est dispersée à coups de matraques, de gaz lacrymogène, il y a des arrestations et des mises sous mandat de dépôt.Dans le premier cas le gouvernement brandit la rigueur de la loi. Or, les menaces et l’intimidation sont des formes de violences psychologiques. Et, lorsque la loi fondamentale fait de la manifestation un droit, il y a violence constitutionnelle. Dans le second cas, il exécute la force de la loi. Il y a violences physiques.Le courage, c’est-à-dire affronter la situation, c’est en l’occurrence, aller au-devant des manifestants, les rencontrer, leur faire face, les écouter et se donner le temps de prendre une décision qui ne souffre d’aucune ambiguïté.Aucun des cas ci-dessus exposés ne présente un acte de courage. Au contraire en interdisant, en réprimant, le gouvernement manifeste sa peur, son incapacité d’affronter les préoccupations des citoyens.Si on demandait – en commençant par celui qui écrit – qui n’a pas peur d’un gouvernement autoritaire, tyrannique ou dictatorial, aucune main honnête ne se lèverait. La bonne peur est au service de la conservation et de la perpétuation de la vie. La mauvaise peur sert la détérioration et l’annihilation de la vie. Ce qui importe au demeurant, ce n’est pas de savoir si nous avons peur ou pas – la nature humaine répond à cette question – mais celle de savoir comment canaliser la peur à bon escient.Pour ce faire, il faut donc la diriger vers le vaste bassin humain qu’est le grand nombre, là se trouve aussi l’embouchure du courage.Farmo M.
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