Il y a quatre décennies que le Cameroun accédait à la souveraineté politique, avec pour ambition légitime de ressembler aux autres grandes nations du monde. En effet, “la nature a doté ce pays de terres fertiles, qu’arrosent des pluies abondantes et que réchauffe un soleil mesuré. Elle a doté ce pays de grandes montagnes, de fleuves majestueux, de forêts denses, de savanes étendues, de climats variés, d’un sous-sol riche, d’une vaste ouverture sur la mer, toutes choses qui lui confèrent le statut tant envié d’Afrique en miniature”.
Dans ce cadre est né, une impressionnante galaxie d’hommes et de peuples que nous envient tant d’États : des paysans industrieux, des économistes respectables, des artistes et des sportifs talentueux, des écrivains prestigieux, des hommes de loi et des historiens de renom, des savants de grande envergure, des gestionnaires avertis, des praticiens sans frontières…
Mais force est de constater aujourd’hui que le Cameroun revendique assez bruyamment hélas, mais avec raison, le droit d’être classé parmi les nations les plus pauvres et les plus endettées, où la barbarie est érigée en système politique, où la corruption et le tribalisme ont atteint des records inégalables. Le Cameroun des « grandes ambitions » a engendré cette dictature tropicale inique, la déclinaison la plus aboutie de « l’État sauvage » dans lequel l’homme est un loup pour l’homme, un État dont les pratiques discriminatoires tutoient le nazisme.
QUAND OBTENIR UN CRÉDIT POUR MANGER DEVIENT UN PROGRAMME ÉCONOMIQUE
La politique économique du crédit de survie, fille de la politique économique de subsistance de la chasse et de la cueillette est le programme économique du régime BIYA.
Le projet, l’ambition, la réalisation, c’est d’obtenir un crédit des institutions financières internationales. Un petit crédit pour survivre, pour manger. Sous perfusion, sans ambition, BIYA gère désormais le Cameroun comme ce vieux qui au soir de sa vie attend tranquillement sa fin. Il ne rêve plus, il n’ambitionne rien, il se contente d’être en vie, en volant la vie de ses enfants et petits-enfants, en contractant des dettes que payeront des enfants qui ne sont même pas encore nés. En réalité, en volant leur avenir, en volant aujourd’hui ce qui existera demain… On s’endette pour manger, sans rien investir pour le Cameroun de demain. Dès lors, obtenir un crédit devient le Projet. Chaque miette obtenue des usuriers blanchis des institutions financières internationales et autres bailleurs de fonds, est célébrée dans ce royaume du KELEDIT (crédit) JALLISSANT. C’est du cannibalisme économique.
Agenouillé devant les institutions financières internationales, le Cameroun de BIYA demande à être adopté, recolonisé, acheté… Inapte à construire, à produire, il se dit à vendre, il se vend. Comme une prostituée, il vend ce qu’il n’a jamais cultivé ou fabriqué, il vend son charme, ses ressources naturelles. Il ne sait pas ce qu’elles valent, il ne veut pas le savoir, il veut des sous, des sous pour vivre. Plus frontalement il se réclame de cette civilisation là, de cette économie de la chasse et de la cueillette, et désormais de la chasse au feu de brousse, car même la forêt est désormais sur le marché. Oui on vend la forêt avec ses animaux et son sous-sol. On n’en connait pas la valeur, on s’en fout, on vend !
Qu’a donc fait ce pays de ses talents ? Ce sera l’objet de ma prochaine réflexion.
Maître Amedee Dimitri Touko Tom