(édito)

Les appels se multiplient à l’approche des prochaines élections présidentielles au Cameroun fixées au
mois d’octobre de l’année courante. Nous assistons à un tapage médiatique appelant Paul Biya à présenter
sa candidature pour la énième fois
Cependant, le renouvellement de la vie politique au Cameroun est une nécessité. Il est inéluctable et il faut
tourner la page d’un long règne morbide qui a plongé le pays, durant une quarantaine d’années, dans une
longue dépression économique. Les acteurs politiques en place ont rongé leurs freins et l’âge est devenu
un handicap naturel qui les pousse vers la sortie. De nouvelles figures feront leur entrée dans la prochaine
équipe. Le pays en a besoin pour exister et offrir à une jeunesse désemparée l’espoir d’une vie meilleure.
Les dirigeants et partis politiques, qui ont déjà en ligne de mire l’élection présidentielle sont prévenus. Les
camerounais attendent du changement à l’occasion du prochain scrutin. Ils veulent de nouvelles femmes et
hommes capables de redynamiser un grand chantier de projets en berne et ruiné par une corruption
endémique.
Les partis politiques en liste ont commencé à fourbir leurs armes. Mais une cacophonie agite le landernau
politique. Qui est le mieux placé pour remporter cette présidentielle ? Les noms circulent. C’est une
évidence. Mais comment distinguer le meilleur ?
En effet, des francs-tireurs sont postés derrière chaque postulant. Bien armés et équipés, ils ont un rôle qui
n’échappe à personne : détruire tous les candidats et ouvrir un boulevard au « candidat naturel » Paul
Biya. Ce jeu est une recette qui a toujours abouti. Mais il faut avouer que la prochaine élection sera
différente. Elle portera le sceau du changement. Quarante-deux ans de règne sans partage ont eu raison du
monarque usé par l’âge, la raison et les échecs successifs de placer le Cameroun parmi les pays africains
émergents.
Les échecs s’observent et scellent la détermination du citoyen de passer à autre chose. Car le Cameroun
dispose d’atouts indéniables : une jeunesse résiliente, un fort potentiels de richesses agricoles et minières.
Malgré ses atouts, le pays sombre. La pauvreté est visible. Et malgré une société civile active et
déterminée, les projets de développement n’aboutissent pas. Et pour cause ?
Le pouvoir politique est incapable de génie. Il ne peut se passer de ses maux marqués par la corruption
active, le tribalisme et le népotisme. La jeunesse sacrifiée choisit l’exil malgré les dangers de
l’émigration. Les images étayées par les médias ne découragent pas les jeunes qui constituent, à n’en pas
douter, les forces vives d’une nation ambitieuse.
Il faut malgré tout refonder la vie politique. Cette refondation passe par une nouvelle équipe. Celle-ci doit
être jeune et libre. Une liberté totale et indépendante des loges occidentales qui ont toujours piégé les
dirigeants africains pour les asservir.
L’opposition politique actuelle est-elle prête à prendre ses responsabilités ? Nous n’en doutons pas. Quels
sont les candidats qui se dégagent parmi les prétendants à la magistrature suprême ? Sans être excessif, de
nombreux noms circulent sans ignorer des putatifs « fabriqués » par le pouvoir pour diviser et éparpiller
les voix. Les réseaux sociaux, comme d’habitude, relaient les plus ambitieux.
Nous assistons depuis peu à des joutes oratoires qui animent grossièrement les plateaux de télévision. Le
pouvoir gérontocratique en place active sans aucun doute des cellules chargées de « détruire » les
prétendants de l’opposition. Ce traquenard a ses limites car le peuple a conscience de son rôle et de ses
devoirs. C’est pourquoi les jeunes sont invités à s’inscrire sur les listes électorales. Les pièges sont
nombreux pour les refouler car le pouvoir a pris conscience des enjeux politiques. Le besoin d’un
changement majeur s’impose naturellement.

Et si la force de l’opposition est de s’unir ? Cette équation bat de l’aile pour le moment. Mais elle peut
prendre corp car seule l’union fait la force. Nos vaillants prétendants devraient s’accorder sur cette
condition. Elle le peut pour venir à bout d’un règne usé par le temps, l’âge et l’inefficacité qui ont plongé
le pays, durant des décennies, dans une pauvreté extrême malgré ses atouts naturels et humains.
Le changement est là. Il est possible si tous les acteurs s’unissent. Et ce changement n’est possible que si
nous brisons ensemble les chaines du tribalisme, de la médiocrité, de cette incapacité à se renouveler et à
quitter la vie politique en beauté. Nous en sommes capables. Pour y parvenir, ayons ensemble un examen
de conscience pour vaincre cette addiction à l’argent facile de la corruption.

Par Michel Lobé Etamé
Journaliste Indépendant et essayiste

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