Un Pacifisme intellectuel et militant est promu depuis quelques temps par certains acteurs se réclamant du CHANGEMENT au Cameroun.
Il susurre l’idée selon laquelle, le régime BIYA, n’étant finalement incarné que par des Hommes, il faudrait leur apporter CONTRADICTION, COMPRÉHENSION, AMOUR…
Militer se réduirait-il donc ici à agiter sur des réseaux sociaux et plateaux de télévisions, des idées et par ce biais même donner au régime BIYA-RDPC, la liberté apparente dont elle a besoin pour affiner cette dictature, qui refuse tout vrai débat avec son opposition, qui écrase toutes les libertés politiques, qui aujourd’hui décide de museler le seul média digne de ce nom au Cameroun.
La Politique de ce point de vue apparaitrait donc comme un art froid, déshumanisé, détaché, déconnecté de la “gravité” économique et sociale. En clair, un jeu de dupes insipide, un sédatif qui ne servirait qu’à déminer les esprits de cette charge dramatique qui fonde la colère légitime du militant et du Peuple opprimé.
Pourtant, pour rester une science au service de l’humain, l’action de militer, la Politique dans une dictature génocidaire comme le Cameroun, doit pouvoir s’écrire avec la sueur et le sang de ce Peuple, écrasé par la vie, massacré par l’égoïsme des puissants, chosifié par la méchanceté d’un pouvoir ivre qui ne rêve plus que de se reproduire, de se pérenniser avec l’aide d’une partie de ce même Peuple.
Cette tricherie communicationnelle dédramatise, banalise les crimes de la dictature sanguinaire de Yaoundé, anesthésie chez ce Peuple meurtri, son adrénaline militante qui l’arme moralement dans sa quête de liberté, de justice et de démocratie.
À la méchanceté, à la barbarie, à la sauvagerie, à l’égoïsme du Régime BIYA, le Peuple Résistant doit pouvoir opposer une colère saine, qui exprime dans toute la violence ressentie, sa douleur.
La communication politique procède donc de cette logique. Le leader qui porte la parole du Peuple épris de liberté n’a pas vocation à lui demander de geler sa colère, de souffrir et gémir sans crier…
On ne va pas au ciel comme si on n’était pas passé par la terre.
La politique ne saurait se réduire au règne du tout relatif, où les frontières entre le bien et le mal n’existeraient plus. Mieux, la Politique est une science au service des Peuples, dont elle a vocation à promouvoir l’émancipation et le bonheur. Pour cela, elle doit se montrer respectueuse de ces derniers, humiliés, réduits, affamés, dépouillés, génocidés…
Militer contre un régime despotique, totalitaire et barbare, c’est promouvoir le CHANGEMENT et non la COMPOSITION avec un pouvoir qui emprisonne, qui tue. On ne débat pas avec une dictature, on la combat. On s’évertue à sauver le Peuple, tout le Peuple y compris cette frange qui soutient la dictature. On le fait malgré elle, sans elle et peut être contre elle. Mais ce sera pour le bonheur de tous, y compris le sien. On doit y parvenir sans devenir le sauvage qu’on combat, sans se laisser contaminer par sa haine, par sa violence. Mais on doit le faire fermement, radicalement…
Que ceux qui cherchent des violents dans les rangs d’un peuple résistant, désabusé, humilié, se ravisent, car le militant violent n’a pas les moyens de l’intouchabilité d’une dictature.
La mère des violences, la violence d’Etat en dictature, est celle qui emprisonne, qui écrase, qui tue et qui finalement sécrète toutes violences car elle a un pouvoir absolu. C’est celle qui a renoncé à l’intelligence politique dans la résolution des problèmes camerounais, dont le plus crucial est la Crise Anglophone.
ON NE DÉBAT PAS AVEC UNE DICTATURE, ON LA COMBAT.
Me Amedee Dimitri Touko Tom