Cameroun: Quatre mois après son retrait du projet de rutile à Akonolinga

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Quatre mois après son retrait du projet de rutile à Akonolinga, Le groupe Eramet y soutient un projet de développement économique.

Dans un communiqué de presse publié le 22 février 2024, le Groupe Eramet annonce une action de soutien en faveur d’un projet de développement économique à Akonolinga. « Terre d’Ako », c’est ainsi qu’est baptisé ce projet qui bénéficie également de l’appui de l’Etat camerounais et de « Class M », spécialiste local du secteur agricole.

À quoi consiste ce projet ?

En tant que Groupe minier, Eramet met au centre de sa stratégie, le développement communautaire cher aux valeurs du Groupe. Il ne s’agit pas pour le Groupe d’une obligation, dans la mesure où il ne détenait encore que des permis de recherche. En effet, aucune disposition du code minier camerounais n’oblige une compagnie minière à investir dans le développement communautaire lorsque celle-ci est en phase de recherche et d’exploration.

Cependant, Le groupe a choisi de poursuivre ses actions sociales, en lançant un projet durable avec un partenaire local spécialisé dans le domaine agricole, afin de favoriser la diversification et le renforcement économique des populations locales.

Avec le projet « Terre d’Ako », plus de 80 exploitations agricoles issues de villages proches d’Akonolinga vont pouvoir bénéficier d’une centrale d’achat, permettant de dynamiser la culture de la banane-plantain dans le cadre de la structuration de la filière sur deux ans.

Le projet a été monté après une étude réalisée en 2022 et 2023 dans tous les villages couverts par les permis de Rutile qui avaient été accordées à la société, par ClassM. Les échanges avec les communautés et les acteurs locaux ont permis de mettre en lumière l’activité de culture de bananes plantain existante. ClassM et sa filiale ASL auront donc pour mission d’organiser environs 83 familles de producteurs avec en moyennes 5 personnes dans chaque famille, puis les accompagner pour augmenter la productivité de leurs champs, et créera une centrale d’achat qui facilitera la distribution de leurs productions sur les marchés urbains camerounais, à de meilleurs prix et en plus grandes quantité. Il est estimé que 415 personnes seront impactées, le revenu des familles productrices augmenteront de 80% environ, 6 emplois directes seront créés sur place à Akonolinga à travers la mise en place de la filiale locale de ClassM/ASL.

Pour rappel ….

En Octobre 2023, le Groupe Eramet annonçait son retrait du projet de rutile d’Akonolinga après 4 années de recherche et d’exploration sanctionnées par une étude de faisabilité qui présentait le projet comme économiquement non rentable pour des raisons suivantes :

• Un cout d’investissement très élevé (environ 114 milliards FCFA)
• Les réserves en rutiles non conséquente
• Un risque environnemental très élevé
• Et un processus métallurgique assez complexe

Le Groupe Eramet avait donc promis à l’Etat camerounais :

• Une démobilisation responsable et respectueuse de la législation locale qui devait se traduire notamment par une réhabilitation du site aux normes internationales ;
• Une restitution des permis et une transmission des rapports des études réalisées sur les Rutiles d‘Akonolinga à l’Etat du Cameroun ;
• La remise à l’Etat camerounais de l’usine pilote et la base vie à un franc symbolique ;
• Le payement total des salaires et primes prévues par la loi camerounaise et la convention collective nationale des mines au personnel du projet.

C’est fidèle à cet esprit de responsabilité sociétale des entreprises que le Représentant Afrique du Groupe Eramet, Mr Loise Talmalgo a récemment séjourné au Cameroun dans le but de :

• Rencontrer les Autorités des mines du Cameroun pour leur présenter un bilan à mi-parcours de la démobilisation ;
• Effectuer une visite sur site afin de s’enquérir des avancées de la démobilisation ;
• Se rassurer du payement effectif et total des salaires et primes du personnel du projet ;
• Se rassurer de la rétrocession des permis d’exploration sur les rutiles d’Akonolinga a l’état camerounais ;
• Se rassurer que l’accord de cession de l’usine pilote et la base vie à un franc symbolique est en rédaction pour être signé très prochainement ;
• Se rassurer de la réhabilitation complète du site en vu d’obtenir un quitus environnemental des autorités des mines ;
• Se rassurer de la transmission de tous les rapports techniques du projet aux autorités des mines ;
• Et enfin, lancer le projet de développement économique d’Akonolinga « Terre d’Ako ».

Un projet de développement économique en phase de recherche, un exemple à suivre….

Le projet « Terre d’Ako » est une initiative du Groupe Eramet à saluer. Cela relève bien de l’inédit que dans le secteur minier camerounais, un opérateur en phase d’exploration, après s’être retiré d’un projet, continue à financer à coût de centaines de millions FCFA, le développement économique de la localité où se situait celui-ci. Espérons que cette action du Groupe Eramet servira d’exemple pour les autres operateurs miniers en activité au Cameroun.

Dr Bareja Youmssi

Expert en Mines et Pétrole

Enseignant-Chercheur