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LES NOMS DE LIGNAGE

1) – Le groupe des noms précédés de « MVOG »

Sociologiquement, le terme « Mvog » signifie « descendance de ».

° MVOG MBI

Le quartier Mvog Mbi, situé à Awaé , est limité à l’Est par Kondengui, au Nord par Mvog Ada et par le centre-ville, au Sud par Mvog Atangana Mballa. Selon Henri Ngoa(35) les Mvog Mbi sont les descendants de Mbi Mengue qui a pour ancêtre Tsungui Mballa.

° MVOG ATANGANA MBALLA

Quartier situé à Awaé et limité par Mvog Mbi au Nord, Mvolyé vers le sud, Olézoa vers l’Ouest, symbolise le regroupement des domiciles des descendants consanguins de Atangana Mballa, aîné de l’ancêtre Essomba-Nag-Bana et frère de Fuda Mballa et Tsungui Mballa. Ils se seraient installés dans cette localité lors des migrations Béti et bien avant l’arrivée des Européens.

° MVOG ADA

Les Mvog Ada sont les descendants de l’ancêtre Tsungui Mballa. Son fils Otu Tamba aurait épousé plusieurs femmes parmi lesquelles : Ada, Betsi, Amvuna, Ntigui et Bela. Chaque femme donna naissance à une descendance d’où les clans Mvog Ada ,Mvog Amvuna, Mvog Bela, Mvog Betsi, Mvog Ntigui qui se disent frères à Yaoundé à l’heure actuelle. Les Mvog Ada se sont installés au village dit Messa au niveau de l’hôpital central actuel. Lors de la colonisation, ils ont été déplacés et installés à Djoungolo, où ils se trouvent à l’heure actuelle, à Elig Essono , à Essos , à Kondengui et Nkoldongo.

2) – Le groupe de noms précédés de « ELIG »

La notion d’ « Elig » correspond à ce qui reste, ce que laisse une personne morte ou en déplacement

° ELIG ESSONO

Le quartier Elig Essono est situé à Djoungolo1 entre Etoa Meki au nord, Essos à l’Est, Mvog Ada au Sud et le centre commercial à l’Ouest. Ce quartier a pour fondateur Essono Balla Joseph né en 1881 et décédé le 21 Juin 1951 .Il est un militaire, c’est un ancien combattant qui a fait la première guerre mondiale. Ce Mvog Ada fondateur de la dynastie Essono a été nommé chef traditionnel de Djoungolo lorsqu’il est parti à la retraite. Ils était à la tête des Mvog Ada et des Ebounboun de 1930 jusqu’à sa mort en 1951. Son héritage(Elig) comprenait : beaucoup de femmes dont une seule avait accouché un enfant héritier nommé Balla Essono ; trois petits fils, une grande cacaoyère à Djoungolo(aujourd’hui détruite) , des maisons et beaucoup de bêtes. Sa tombe que nous avons visitée est à Djoungolo1(Elig Essono).

° ELIG EDZOA

La dynastie d’Elig Edzoa a pour fondateur, Edzoa Mbede, un Emombo né vers 1850 et décédé en 1921. Il était le chef de toute la tribu Emombo domicilié à Nfandena . Notons que le quartier Elig Edzoa est traditionnellement appelé Nfandena1.Edzoa Mbede, fondateur de la dynastie Edzoa a eu pour successeurs : Edzoa Bitounou, Edzoa bessala, Edzoa Ahanda, Edzoa Ottou Jean Louis et enfin Ndongo Barthélemy. Edzoa Mbédé était un sorcier très puissant qui faisait peur aux populations, c’est pourquoi le spectre de son apparition demeure un épouvantail pour les Emombo de Nfandena, localité dans laquelle sont inclus les quartiers suivants : Omnisport, Elig Edzoa, Essos , Nlongkak, et une partie de Djoungolo.

° ELIG EFFA

La dynastie d’Elig Effa a pour fondateur Effa Omgba Amougou Alphonse, un Mvog Betsi né vers 1900. C’était un chef catéchiste à Mvolyé. Il doit sa popularité à son enseignement catéchistique qui s’étendait de Messa à Mefou Assi( très vaste territoire). C’est lui qui faisait baptiser les Ewondo, les éton, les Yambassa, les Bamiléké de la région de Yaoundé et tous ceux qui voulaient se marier à l’église catholique devraient passer par lui.
A sa mort l’on décida à l’unanimité de donner son nom à son village d’où le toponyme Elig Effa qui existe depuis 1939.

Les noms des TRIBUS

Certains quartiers, anciens villages de Yaoundé, ont reçu les noms des tribus qu’ils abritaient.

° ETUDI ou ETOUDI :

Situé au Nord de Yaoundé, le quartier Etudi où siège le palais présidentiel, tire son nom de l’installation des populations de la tribu Etudi dans cette localité lors des migrations Beti, bien longtemps avant l’arrivée des européens. Tous les quartiers du Nord de la ville : Mballa, Oliga, Etudi, Mfoudasi, Ekoudou, Nlongkak sont peuplés des Etudi depuis l’origine de la ville, mais c’est dans la localité dite Etudi qu’ils sont majoritaires.

° TSINGA :

Le véritable nom du quartier dit Tsinga aujourd’hui est Ntoungou, nom d’une rivière qui prend sa source sur les lieux. C’est le siège des Mvog Ekoussou qui se disent autochtones. Les populations de la tribu Tsinga étaient implantées à la naissance de la ville, vers l’actuel Bastos et ont été délogées vers 1936 pour l’aménagement urbain et surtout la création de l’usine Bastos. Les Mvog Ekoussou, expropriés de leurs terres pour l’implantation forcée des Tsinga, ont vu leur village changer de nom d’où le toponyme Tsinga, plus connu aujourd’hui au détriment de Ntougou.

LES AUTRES NOMS

° AWAE :

En langue Ewondo, « Awae » signifie « repos ». Selon nos informateurs, le quartier Awae (NB : Mvog Mbi est situé à Awae) est situé à un endroit qui servait de repos aux populations anciennes après une longue marche. C’était donc un lieu de rassemblement, un carrefour, une étape transitoire en période de migrations. Ce nom révèle que les Beti , avant de se fixer ont connu de longues migrations, cette hypothèse avancée par la tradition orale a été confirmée par les données archéologiques qui, attestent que certaines populations de Yaoundé sont originelles, mais ont été progressivement rejointes par d’autres en provenance du Nord.

° BASTOS

Tire son nom de l’usine Bastos, qui était une manufacture des cigarettes installée au nord-ouest de la ville en 1936. Cette entreprise recrutait plein de jeunes. Le personnel était conséquent. Aujourd’hui, l’usine Bastos existe encore. Elle abrite notamment la société de manufacture de cigarettes L&B.

° BIYEM-ASSI

Est situé au Sud-Ouest de Yaoundé. Son nom vient de la rivière Biyeme qui se jette dans le Mfoundi au Sud de la ville. Biyem-Assi abritait aussi des villages lors des migrations des Béti.

° BRIQUETERIE

Tire son nom de l’atelier de briqueterie implanté pendant la période allemande. Cette briqueterie a beaucoup contribué à la construction des infrastructures de Yaoundé. Par ailleurs, c’est aussi un quartier dans lequel une grande communauté de nordistes (haoussa) vivent d’où son nom de Quartier Haoussa.

EFOULAN

Vient de l’expression Ewondo, Efoulan Meyong qui signifie « brassage ou mélange des populations d’origines diverses ». Le quartier Efoulan abritait le domicile du Chef supérieur des Ewondo et des Benes, le célèbre Charles Atangana. C’était la chefferie dans laquelle les populations se retrouvaient pour voir le Chef. Ce qui a fait de lui le chef le plus connu de la province du Centre du Cameroun. C’était le Meyong Meyeme de tous les Béti. Enfin, c’est à juste titre que son domicile a pris à juste titre le nom d’Efoulan Meyong.

° MELEN

Est le pluriel de « Allen » qui en Ewondo veut dire « palmier à huile ». Quand les allemands sont arrivés, ils ont trouvé les palmiers à huile . Ils ont même encouragé les populations à continuer à planter en bordure de la route d’où le nom de Ndzong Melen qui signifie en français la « Rue des palmiers ».

° MESSA

Est le pluriel du mot « Assa » qui veut dire « prunier » (en Ewondo), la plante qui donne les prunes. Il paraît qu’il y en avait en abondance à cette période. Qu’elles étaient très sucrées. Malheureusement, aujourd’hui, l’urbanisation de la ville a fait qu’on en trouve presque plus là-bas. Hélas !

° MIMBOMAN

Nom très ancien, Mimboman semble avoir la même explication qu’Awae, à la différence que, ce lieu aurait servi d’accueil pour une installation non pas provisoire, mais plutôt définitive des populations. Alors qu’Awae serait une étape transitoire, le lieu-dit Mimboman quant à lui, serait une étape finale aux dires de la tradition orale. Le nom « Mimboman » viendrait de deux termes « Min » préfixe qui signifie « les » ou « des », c’est la marque du pluriel, et « Boman » qui veut dire « arrivée », ou « point final » ou « aboutissement ». Etymologiquement « Min-Boman » pourrait donc signifier « les arrivées», les rencontres définitives, ou « les installations des populations ». A en croire à la tradition orale, plusieurs peuples Beti d’origine diverses se seraient rencontrés dans cette localité et s’y sont installés de façon définitive.
Parmi ces peuples, ceux qui s’y trouvent encore à l’heure actuelle sont : les Mvog Belinga, les Ehang, les Ba’aba, les Emombo, les Embouboun et d’autres groupes plus minuscules. Il y avait des peuples trouvés sur place et qui dit-on, ont disparu à cause des guerres vers la deuxième moitié du dix-neuvième siècle. Ils étaient encore en pleine migration lorsque l’occupation allemande les obligea à se fixer.Il est donc évident que la fin de la migration marquant l’occupation ou la fixation définitive des peuples Beti au lieu dit Mimboman, a été provoquée par la colonisation de Yaoundé à la fin du dix-neuvième siècle.

° MVOLYE

Ce nom viendrait de l’expression Ewondo « Mvol ayé ». « Mvol » signifie « promesse » dans le sens de donner sa parole à quelqu’un ; « ayé » signifie « difficile », « dur », « compliqué ». « Mvol ayé » veut donc dire, tenir difficilement à sa parole, à ses promesses ; c’est aussi le fait de rembourser difficilement ses dettes. L’origine de ce toponyme est contenue dans la tradition orale recueillis sur le terrain.
« Dans le lieu dit Mvolyé aujourd’hui, il y aurait un chef qui aimait contracter des dettes en biens matériels et humains : chèvres, moutons, produits agricoles, produits de chasse, filles en guise de mariage(…) auprès des habitants voisins de son village et soumis à son autorité. Mais malgré ses promesses de rembourser, il y tenait difficilement. Il fallait toujours presser pour obtenir un remboursement.
Il hébergerait parfois les gens venus demander le remboursement de leurs dettes, pendant des jours entiers et ne manquait jamais de raisons pour convaincre ses bailleurs car dit-on, il était un très bon parleur d’autant plus qu’il était « Zomeloa »(chef)
Alors on a fini par le surnommer « Mvol ayé » et chaque fois que quelqu’un se rendait chez lui, il disait « Make a Mvol ayé » ce qui signifie « je vais batailler pour avoir le remboursement de ma dette ». C’est finalement cette anecdote qui est devenue le nom de tout son village désormais appelé « Mvolyé ». Ceci se passait bien longtemps avant l’arrivée des missionnaires ».

° NGOA EKELE

ou Ngok Ekele signifie en Ewondo « pierre suspendue ». Il vient des mots Ngoa ou Ngok (pierre ou rocher) et Ekele (suspendu). C’est une zone dominée par le plateau Atemengue. Mais c’est surtout le quartier de l’Université de Yaoundé I, la toute première du Cameroun.

° NSI MEYONG

Signifie en Ewondo « Ce qui effraie les peuples » ou « épouvantail des populations ». Il vient de 2 mots.Nsi(effrayer, épouvanter) et Meyong (peuple, tribu). Ce nom vient de Charles Atangana qui était connu aussi sous le nom de Meyong Meyeme. C’est la raison pour laquelle la seule évocation de son nom faisait trembler tout le monde.

° OBOBOGO

L’origine du toponyme est lié à un homme appelé Etoundi Mbenty. Selon la tradition orale, cet homme, avait donné naissance à trois fils héritiers(l’on exclut les filles) : Essomba Mbia, Assiga Mbia et Bibougou Mbia. Ces trois fils et leur descendance, vont vivre de manière très renfermée dans leur village dans la brousse de Mvolyé. Certains informateurs disent qu’ils fuyaient les guerres fréquentes entre les peuples de leur village, d’autres disent que cette famille (Mvog Etoundi Mbenty) était constituée des avares, des gens qui ne voulaient pas partager leurs biens avec les autres populations ; bref la tradition orale ne se prononce pas assez clairement sur les raisons de ce retrait.

Très rarement, ils effectuent des sorties hors de leur domicile refuge. Ainsi, ils vont rester cloîtrés dans leur petit coin. En Ewondo, cela se dit « Obogbo » c’est-à-dire, « se nicher », « vivre dans un nichoir ». Lorsque les visiteurs voulaient se rendre dans ce village nichoir, ils disaient qu’ils vont là où les gens vivent cloîtrés. En Ewondo, cela se dit « bod bebogo ».
A partir de ces phénomènes anecdotiques, nous pouvons supposer que les Beti de Yaoundé, au moment où arrivent les blancs, savent vivre en communauté et que ceux qui s’y retirent ou se distinguent négativement, sont bien identifiés et l’on leur attribue des noms symbolisant leur attitude asociale. La colonisation va respecter certains de ces noms en évitant de les changer. C’est ainsi qu’Obobogo , de même que Mvolyé sont des villages pré coloniaux qui ont conservé leur noms jusqu’à nos jours, contrairement à d’autres villages qui vont changer d’appellation pour prendre des noms liés au phénomène colonial.

Mvondo Thiago Le Manitou🌱

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