L’injustice subie par Louis Gabriel DJEUDJANG, Ancien Procureur Général près la Cour Suprême du Cameroun
J’ai l’intime conviction que si cet homme avait été président de la cour suprême, Paul Biya n’allait jamais être président de la République du Cameroun. En effet, Paul Biya est élu Président de la République à la suite de l’élection présidentielle contestée de 1992 d’abord parce que le président de la cour suprême , Alexis Dipanda Mouellé lui était acquis. Paul BIYA avait pris le soin d’écarter à ce poste un homme un droit et indépendant.
Voici un fait oublié de l’Histoire du Cameroun qui a pourtant changé la destinée du Cameroun.
Alors qu’il devait occuper le poste stratégique de Président de la cour Suprême du Cameroun à la suite de M. NGUINI, Louis Gabriel DJEUDJANG, magistrat hors hiérarchie a du jour au lendemain été écarté de la magistrature camerounaise sans explications. C’est ainsi qu’une fois Louis Gabriel DJEUDJANG écarté, le poste de président de la cour Suprême a été confié à Alexis Dipanda Mouellé. C’est celui-ci qui va déclarer Paul Biya vainqueur de l’élection présidentielle de 1992 . Élection dont les observateurs avertis, reconnaissent aujourd’hui qu’elle avait été remportée par Ni John Fru Ndi.
M.Djeudjang ancien conseiller technique de Ahmadou Ahidjo, estimait que son appartenance ethnique etait la cause de sa mise à l’écart dans la magistrature camerounaise. Il va même jusqu’à déclarer qu’il n’aurait pas été issu de cette tribu durement ostracisée depuis la colonisation, qui a payé lourd tribu lord des revendications camerounaises pour s’émanciper en obtenant l’indépendance, il aurait terminé sa carrière comme président de la cour Suprême.
En ce début des années 90, M.Djeudjang reçoit un décret qui l’appelle à d’autres fonctions. Cependant, le décret ne précise pas la fonction ou le poste. Le brillant magistrat Djeudjang ira simplement attendre au quartier et contre toute attente,c’est en 2006 qu’ il recevra plutôt une notification de sa mise à la retraite signée en 2002 avec effet rétroactif depuis 1994. Plus graves encore, l’homme n’a jamais perçu un copec comme pension retraite.
Malgré tous les recours initiés auprès de ses anciens collègues Foumane Akame et Clement Atangana, il ne reçoit que porte close, dédain et insultes.
C’est à la suite de ce drame personnel, cette humiliation qui fit beaucoup de mal à sa famille, qu’il décida de trainer le Cameroun devant les hautes juridictions internationales.
Lesquels juridictions s’apprêtaient alors à sommer le Cameroun de le réhabiliter dans son honneur et de l’indemniser à hauteur de milliards de francs CFA.
Il est décédé en Novembre 2018 alors qu’il livrait en Suisse le combat pour sa réhabilitation.
Intégré Magistrat par décret du 24 Aout 1964, il a occupé successivement les postes suivants :
1964-Juge au Tribunal Hors Classe de Yaoundé.
1966- Substitut du procureur de la république du tribunal de grande Instance Hors Classe de Douala
1967-Procureur de la République près le tribunal de Grande Instance Hors Classe de Douala
1969-Procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance Hors Classe de Yaoundé
1971- Procureur général près la Cour d’Appel de Garoua, le ressort de cette Cour d’Appel a Donné Naissance à trois Cour d’Appel (la Cour d’appel du Nord, la Cour d’Appel de l’Adamaoua, la Cour d’Appel de l’Extrême Nord.)
1973-Procureur près de la Cour d’appel du Centre
1974-Directeur adjoint de la législation du Cameroun
1975-Directeur de la législation
1980 Conseiller technique au Secrétariat Général de la Présidence de la République du Cameroun
1984-Procureur général près la Cour Suprême du Cameroun
1991-Inspecteur général des services Judiciaires.
Ses faits d’armes
“En 1966, j’ai été membre du comité de rédaction du premier code pénal fédéral du Cameroun
En 1975, J’ai conduit en tant que directeur le comité de rédaction du code de procédure pénal qui a été finalisé quelques années plus tard comme Code de Procédure Pénal du Cameroun.
De mon passage à la présidence de la république au poste de conseiller juridique du président de la république, j’ai participé à la mise en place des conseils qui ont conduits le dossier de l’affaire Bakassi.
Mes enseignements à l’Ecole Nationale de la Magistrature ont permis de contribuer à la formation de jeunes Magistrats particuliers à la matière de parquet.”
Louis Gabriel DJEUDJANG, bien que décédé, il viendra le jour où tu seras réhabilité. Nous ne t’oublions pas.
Arol KETCH
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