La date des élections arrive au galop. Les résultats, connus d’avance, ne surprendront personne. Ceux qui ont choisi d’y participer ne ménagent pas leur peine. Ils mouillent le maillot. Certains opportunistes ont saisi l’occasion pour trahir leur parti politique de circonstance et apporter leur caution et leur soutien au RDPC. Ce jeu de dupe ne surprend pas. La conviction politique est un vain mot sous les dictatures. Les places sont limitées. Il faut alors vendre son âme au diable pour exister.
Dans les démocraties, les alliances se font entre différents partis politiques qui ne partagent pas toujours les mêmes convictions. Ce ne sont pas des transfuges. Des hommes et des femmes apportent leurs voix à la majorité relative pour gouverner ensemble. Ici, ce n’est pas le cas. Les transfuges de l’UPC (Union des Populations de Cameroun), du MRC (Le mouvement pour la Renaissance du Cameroun) et du SDF (Social Democratic Front) qui ont rejoint à la dernière minute le RDPC (Le Rassemblement Démocratique du Peuple camerounais) sont des opportunistes sans âme ni dignité. Ils prêchent pour leur chapelle.
Nous assistons depuis quelques semaines à des ralliements au RDPC contre nature. Le parti des flammes se voit ainsi débordé par les traîtres qui sèment le trouble. Il est vrai que les promesses faites ici et là ne peuvent laisser indifférents ceux qui ne veulent manquer les rendez-vous de la « petite histoire ».
Les traîtres et autres Judas de l’histoire
L’histoire de l’humanité nous apprend que l’homme est fragile. Il peut vendre son âme pour atteindre les objectifs qu’il s’est fixé. Les traitres emblématiques jalonnent les manuels d’histoire. C’est le cas de Judas ou de Brutus qui étaient des personnages troubles. Les ambitions personnelles ont poussé à la perfidie leur soif de pouvoir et de richesse. La trahison politique en Afrique correspond à un cheminement vers les sommets de l’État. Elle est parsemée d’embuches. Mais, qu’importe ! Après la vie, ces piètres personnages qui trahissent l’UPC (Union des populations du Cameroun) ne marqueront pas l’histoire d’un pays qui s’est battu pour une indépendance totale. Ils cristallisent leurs échecs sous toutes les formes pour des promesses fallacieuses.
Notre société ne s’émeut plus de la valse des traitres car le phénomène axiologique de la trahison s’est répandu au cours de la guerre d’indépendance pour venir à bout de la rébellion. Cette violation de la confiance et de la loyauté de quelques lugubres personnages qui se rallient au RDPC est une défection envers leur camp.
Le boycott des élections par le MRC a été aussi l’occasion pour certains politicards de combler le terrain et de s’offrir une tribune. Nous les appelons des opportunistes prêts à s’allier avec le pouvoir pour un strapontin. Ces femmes et ces hommes sans gloire ne surprendrons personne. Ce sont des girouettes, des personnages singuliers, versatiles et inconstants. Ils occupent une part importante dans le paysage politique au Cameroun où le clientélisme est arrivé à bout de certains intellectuels et de la société civile.
Les ralliements à la veille du scrutions témoignent de l’état d’esprit des femmes et des hommes qui ont peur de demain. Car ici, l’avenir ne tient qu’à un jour, à un mois ou à un an. Mais, pouvons-nous oublier que l’avenir c’est l’espoir, c’est la vision à moyen ou à long terme pour bâtir des scénarios et relever les défis d’un monde incertain ?
Le Cameroun n’est la propriété de personne. Ensemble, bâtissons notre avenir avec fierté et dignité pour tracer une voie fluide aux générations futures. La trahison est un court chemin qui ne mène nulle part. Il est le panache de ceux qui manquent d’ambition. Il a pour racine la capture du pouvoir par des satrapes. C’est pourquoi nous ne devons point céder aux petits arrangements hypothécaires du double scrutin électoral dont les résultats sont connus d’avance.
Par Michel Lobé Etamé
Journaliste