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Voici pourquoi le Niger se tire une balle dans le cœur en faisant le choix d’humilier la Chine, son seul financier après le départ de la France.
Le 26 juillet 2023, le président du Niger, Mohamed Bazoum est séquestré dans le palais présidentiel par des militaires de sa propre garde présidentielle, c’est le coup d’État réalisé avec succès par le général Tiani.
La France est furieuse et décide de réunir ses fidèles de la Cedeao, l’organisation sous-régionale de l’Afrique de l’Ouest qui sont tous unanimes de suivre le vœu de la France : donner l’assaut sur Niamey pour libérer Bazoum et le réinstaller sur le fauteuil de président du Niger.
Le vœu de la France n’aboutit pas, mais Emmanuel Macron ne s’avoue pas vaincu, puisqu’il refuse de rapatrier l’ambassadeur de France à Niamey, comme l’exige les nouveaux militaires au pouvoir au Niger.
Elle décide alors, en répliquant une recette déjà appliquée contre la Russie, par l’Union Européenne en mars 2022, l’asphyxie financière, puisque malgré le coup d’État, le Niger ne veut pas renoncer au Franc CFA qui appartient à la France. La France veut priver le Niger de moyens financiers pour payer les salaires des fonctionnaires.
9 mois après le coup d’État, la France est en passe de réussir son pari, puisque dans les caisses, il n’y a plus rien.
En avril 2024, un pays accepte de voler au secours du Niger, c’est la Chine à travers la China National Petroleum Corporation qui a accepté de remplacer Exxon Mobil, qui pendant 10 ans jugeait le pétrole du Niger comparé à de l’eau, non louable.
Mais le président du Niger Mamadou Tandja a réussi à convaincre le président chinois de l’époque, d’envoyer au Niger, la plus grande entreprise du monde la CNPC.
La China National Petroleum Corporation (CNPC) Société nationale du pétrole de Chine, est une entreprise pétrolière appartenant à l’État chinois. Elle est considérée comme la plus grande du monde, avec environ 2 millions d’employés et surtout, ses plus de 700.000 km d’oléoducs construits dans une trentaine de pays, à l’exemple de celui du Niger qui lui a couté 4 milliards de dollars, pour apporter le pétrole du Niger au port de Cotonou au Bénin.
Alors que dans d’autres pays africains producteurs de pétrole comme le Cameroun depuis plus de 50 ans qui encore en ce 2025, ne raffine pas son propre pétrole, parce que les compagnies occidentales qui exploitent le pétrole camerounais n’ont jamais accepté de le raffiner ou de procéder à la moindre transformation du pétrole camerounais au Cameroun, au Niger, la CNPC fait le choix inverse de créer une raffinerie qui va raffiner sur place le pétrole nigérien.
Mais les nouveaux dirigeants, vont prendre cela pour une faiblesse de la Chine au Niger. Et se dire que si la Chine a mis tant d’argent au Niger, on peut l’humilier autant qu’on veut, elle ne pourra pas pincer les bagages et s’en aller, puisqu’il lui faudra 60 ans pour rentrer dans ses frais de 4 milliards de dollars d’investissement sur le pipeline.
Aussitôt pensé, aussitôt mis en application.
Rappelez-vous que la CNPC a prêté 400 millions de dollars pour éviter l’asphyxie financière du pays par la France. Les conditions de ce prêt disent que c’est au taux ce 7% et il doit être remboursé après 1 an.
Mais 8 mois après cet emprunt, à 4 mois de son remboursement, nous sommes en décembre 2024, les autorités militaires au pouvoir à Niamey se rendent compte qu’elles ne pourront pas honorer leur engagement.
Alors, elles décident de faire un racket contre CNPC, puisqu’elle est empêtrée dans ses investissements au Niger. Le racket consiste tout simplement à faire un redressement fiscal de 106 millions de dollars contre CNPC.
En d’autres mots, comme dans 4 mois, le général Tchiani se rend compte qu’il ne pourra pas rembourser les 400 millions de dollars de l’argent chinois, il décide au contraire d’exiger de son crédit un impôt de 106 millions de dollars à payer immédiatement.
Et comme les dirigeants de CNPC crient au racket et refusent de payer, on les accuse de gagner plus d’argent que les Nigériens.
L’hôtel chinois où dans un pays en guerre, tous les cadres de la CNPC logent pour des raisons de sécurité, est scellé, fermé, accusé de ne pas louer à la nuitée comme l’impose la loi pour les hôtels, mais de le louer pour une longue période aux cadres de la CNPC qui refusent de se faire dépouiller par les autorités de Niamey.
Je pense sincèrement que les autorités de Niamey viennent de gâcher la seule chance qu’elles avaient de trouver les capitaux nécessaires pour développer leur pays.
Se mettre à dos la plus grande entreprise mondiale du pétrole, qui a démontré de ne pas venir au Niger pour que la rentabilité soit tellement puérile.
Peut-être devrait-il revenir à la seule alternative que la Niger avait : Exxon Mobil qui avait accepté d’investir son argent pour mettre en valeur le pétrole du Niger avant de se rétracter, là où Total et les autres avaient tout simplement dit que le pétrole du Niger n’était que de l’eau.
Est-ce qu’en humiliant CNPC, le Niger espère la remplacer par son principal concurrent qui était au Niger avant la Chine, la Exxon Mobil ?
Pour information, la Chine est un des plus grands pays producteurs mondiaux de pétrole et la CNPC est le plus grand extracteur et transformateur du pétrole chinois. Mieux, de toutes ses activités, moins de 10% sont faites hors de Chine. Pour tout le reste, ce sont les autres Majors du pétrole que sont Exxon Mobile, Shell, Total, BP, Chevron qui courent vers la Chine proposer tout ce qu’ils ont trouvé dans le monde, parce quel a Chine est le seul pays au monde capable de payer cash 41 milliards de dollars pour un contrat de livraison sur 20 ans.
Dans le cas de la Russie, ce sont 100 milliards de dollars qui avaient été mis sur la table.
Si elle a décidé de raffiner sur place au Niger le pétrole du pays, c’est bien la preuve que la Chine n’a nullement besoin du minable (en quantité) pétrole du Niger.
PetroChina est la partie cotée à la bourse de CNPC. Il y a 18 ans, en novembre 2007, en quotant seulement les 2% de CNPC à la bourse à travers une nouvelle société appelée Petrochina, cette société à vu sa valeur boursière passer au-dessus de 1.000 milliards de dollars, et de dépasser celle de la première entreprise pétrolière de l’époque, Exxon Mobil.
Voici ce qu’en parlait le quotidien financier britannique the Financial Times du 6 novembre 2007, avec le titre :
« PetroChina a le droit de regarder Exxon dans les yeux »
Les journalistes Ed Crooks et Robin Kwong ont écrit ce jour-là du 6/11/2007 ceci :
Si l’on en croit les investisseurs de Shanghai, PetroChina vaut deux fois plus qu’ExxonMobil, qui était jusqu’à lundi (5/11/2007) la plus grande entreprise mondiale en termes de capitalisation boursière. (…)
(…) L’activité et les perspectives de PetroChina sont indéniablement impressionnantes. L’entreprise a tout à fait le droit, si ce n’est de dominateur Exxon, du moins de la regarder droit dans les yeux.
Une comparaison de leurs récents résultats, compilée par le cabinet de conseil PFC Energy, ne rend guère service à Exxon. Alors qu’au cours des cinq dernières années, le géant américain a augmenté ses réserves de pétrole et de gaz de 6 %, PetroChina a augmenté de 19 %.
Les réserves de PetroChina sont déjà comparables à celles d’Exxon et devraient encore croître.
Un rapport récent du cabinet de conseil Wood Mackenzie a souligné que les grandes compagnies pétrolières chinoises, dont PetroChina, investissaient davantage dans l’exploration et le développement que de nombreuses entreprises occidentales, et a déclaré : « L’augmentation des dépenses intérieures commence à porter ses fruits. »
La découverte de Nanpu par PetroChina recèlerait jusqu’à 11 milliards de barils de pétrole, ce qui en ferait la plus importante découverte pétrolière en Chine depuis des décennies.
Bien que PetroChina et sa société mère, la China National Petroleum Corporation, soient souvent considérées comme les chiffres de proue de la route de la Chine vers les ressources énergétiques à l’étranger, la grande majorité de la production et des ventes de PetroChina est nationale. Seulement 6 % environ de ses réserves et de sa production de pétrole brut provenant de l’étranger.
Si une compagnie pétrolière ne devait dépendre que d’une seule économie, la Chine serait le pays que tout dirigeant choisirait. La demande de pétrole y croît plus fortement que partout ailleurs dans le monde.
PetroChina mène la majeure partie de ses activités d’exploration et de développement à l’étranger dans 12 pays, dont le Kazakhstan et le Venezuela, par l’intermédiaire de CNPC E&D, une coentreprise détenue à 50 % par Petrochina et CNPC.
Ces projets n’ont pas encore pleinement fait leurs preuves. Mais PetroChina a démontré ses compétences techniques pour développer le gisement gazier de Tarim, à l’extrême ouest du pays, en maintenant la production pétrolière du gisement mature de Daqing, le plus important de Chine, et en découvrant la découverte de Nanpu.
Parallèlement, Exxon, comme toutes les grandes pétrolières, a de plus en plus de mal à accéder aux ressources.
Forte du soutien total de l’État chinois, PetroChina est en mesure de mener des activités dans des pays comme le Venezuela, où Exxon ne peut ou ne veut pas s’implanter.
(…)
Source : https://www.ft.com/content/a85599ca-8ca1-11dc-b887-0000779fd2ac
16 ans plus tard, le 13 novembre 2023, comme au Niger avec Mamadou Tandja, le gouvernement irakien prie Exxon Mobil de plier bagages pour laisser la place à Petrochina.
Le journal en ligne Oil and Gas Middle East titre ce jour-là :
« Petrochina entre en jeu alors qu’ExxonMobil se retire de l’ouest irakien Qurna 1 »
L’Irak a conclu avec succès les négociations avec le géant américain de l’énergie ExxonMobil Corp, ouvrant la voie à un changement stratégique dans la gestion du champ pétrolier West Qurna 1, avec Petrochina devant prendre la tête.
source : https://www.oilandgasmiddleeast.com/business/petrochina-enters-as-exxonmobil-exits-from-iraqs-west-qurna-1
Pourquoi cette décision des autorités iraquiennes de remplacer Exxon Mobil par PétroChina ?
Beaucoup de dirigeants africains ne savant pas ce que les dirigeants iraquiens ont fini par comprendre : toutes les plus grandes entreprises de pétrole du monde se battent pour trouver des gisements, à venir ensuite proposer à la Chine. Elles sont donc toutes les coursières de la Chine. Pour une raison simple : la Chine est le seul pays qui est capable de mettre 41 milliards de dollars sur la table, pour acheter un pétrole ou du gaz qu’elle n’a pas encore vu.
C’est en tout cas, le montant du contrat historique qu’Exxon Mobil a réussi à obtenir de ce que les gens croient être son concurrent, Petrochina, alors que cette dernière est son commissionnaire, son donneur d’ordre.
Nous sommes le 19 août 2009. L’agence de notation Standard and Pool créée en 1860 titre sur son site ceci :
« ExxonMobil et PetroChina signent 41 milliards de dollars. Contrat d’approvisionnement en GNL »
SP Global nous dit dans sa publication de ce jour-là que ce n’est pas seulement Exxon qui fait le coursier des Chinois, que Niamey veut humilier, mais toute la profession.
J’ai trouvé ce cas, très intéressant à vous rapporteur.
Gorgon est le nom d’un projet gazier en Australie. Dans ce projet, toutes les grandes entreprises de pétrole américaines et britanniques sont actionnaires. Chacun d’eux a droit à une part de la production en fonction de sa proportion dans le capital. Exxon un projet à 25% de ce. Et court vite à Pékin, voir les dirigeants de Petrochina, filiale de CNPC que Tchiani veut humilier au Niger, pour négocier la vante de toute sa part sur une période de 20 ans. Montant de la transaction : 41 milliards de dollars.
Standard and Pool qui citent Reuters, nous informons que tous les autres compagnons de Exxon dans ce projet étaient tous déjà allés vendre leurs pièces toujours au même patron, Petrochina. Notamment le britannique Shell, BP, Chevron etc..
SP Global a écrit :
Dans le cadre d’un accord historique évalué à 41 milliards de dollars américains, PetroChina a accepté d’acheter 2,25 millions de tonnes par et de gaz de la participation de 25 % d’ExxonMobil dans le projet Gorgon LNG pour une période de 20 ans. (…)
Gorgon décroche un accord historique sur le GNL
Dans le cadre d’un accord signé aujourd’hui, PetroChina a accepté d’acheter 2,25 millions de tonnes par an de gaz provenant de la participation de 25 % d’ExxonMobil dans le projet Gorgon LNG pour une période de 20 ans, ce qui porte les importations totales de GNL de PetroChina en provenance de Gorgon à 3,25 millions de tonnes par an de GNL.
L’accord fait de PetroChina le plus grand acheteur unique du projet. PetroChina avait déjà signé un contrat d’approvisionnement en GNL de 20 ans avec Shell en novembre 2008, en vertu duquel la major chinoise s’engageait à importer 2 millions de tonnes par an de GNL, dont une partie proviendrait de Gorgon (voir Chine : 25 novembre 2008 : Shell et PetroChina signent un accord d’approvisionnement en GNL de 20 ans).
Le ministre australien des Ressources et de l’Énergie, Martin Ferguson, affirme que l’accord avec les Chinois est le contrat à long terme le plus précieux jamais signé pour des premières matières australiennes, selon Reuters.
Chevron et ses partenaires ExxonMobil et Shell développent les champs gaziers de Greater Gorgon, situés à 130-200 km au large de la côte nord-ouest de l’Australie-Occidentale.
Source : https://www.spglobal.com/marketintelligence/en/mi/country-industry-forecasting.html?id=106595187
En 2013, c’est Exxon Mobil qui invite le patron, PetroChina pour financer des projets en Irak, pourtant attribué à Exxon. Mais le pire arrive en 2019, quand Exxon propose au gouvernement iraquien un projet de 53 milliards de dollars qui permettrait de gagner au pays, la somme de 400 milliards de dollars sur la durée du projet. Mais on se rend vite compte qu’en réalité, c’est Petrochina qui devait soutenir tout le coût du projet, parce que les ingénieurs chinois de Petrochina, disposant de compétences qu’Exxon n’a pas.
Source : https://finance.yahoo.com/news/exxonmobil-petrochina-eye-53-billion-145402099.html
Quelle leçon retenir pour les dirigeants africains ?
Jean-Paul Pougala
Samedi le 29 mars 2025