La « poutinophilie[1] [2] » est un concept promu par les Occidentaux pour organiser la bipolarisation de la lutte des Africains pour le retour de leur souveraineté. Pour le cas précis du Mali, c’est bien les résultats mitigés, pour ne pas dire l’échec des opérations militaires françaises en plus de 8 ans sur le terrain contre les terroristes-djihadistes qui ont conduit les nouveaux dirigeants de ce pays à rechercher des solutions alternatives.

Sommaire :

LA « POUTINOPHILIE » OU FAIRE OUBLIER LA DEFENSE DES INTERETS DES AFRICAINS PAR DES DIRIGEANTS AFRICAINS

La guerre civile entre l’Etat ukrainien et les régions séparatistes russophones d’Ukraine, depuis plus de huit (8) ans, a pris de nouvelles tournures dramatiques du fait du non-respect par les Occidentaux, organisés au sein de l’Organisation transatlantique nord (OTAN), de respecter leur engagement avec la fédération de Russie.

L’Occident a choisi unilatéralement de s’élargir à l’est contrairement aux promesses et accords internationaux signés. La réalité mal informée est qu’il y a eu en Ukraine de la part des autorités occidentales, des installations de mini-bases militaires, d’armes de destruction massives biologiques et des opérations militaires conjointes considérées comme des menaces pour la Russie.

Mais il y a eu aussi le détournement des ventes d’hydrocarbures russes à l’Ukraine (pétrole, gaz) mais aussi d’autres produits comme les métaux rares, alors que ces échanges étaient destinés principalement au Peuple ukrainien, ce à des prix extrêmement bas, une forme de subvention dont personne ne parle.

Le détournement par certains dirigeants ukrainien de l’hydrocarbure russe vendu à des conditions défiantes toutes concurrences, vers les pays occidentaux avec des substantielles marges ne peuvent pas être occultées dans les explications à donner à la volonté de Vladimir Poutine d’aller à la confrontation avec l’Occident.

Les mêmes occidentaux ont lâché l’Ukraine en refusant son adhésion à l’Union européenne et à l’OTAN.

Les mêmes occidentaux ont refusé de combattre et voire l’un des leurs mourir pour le Peuple ukrainien. Cela n’a d’ailleurs par échappé aux dirigeants ukrainiens qui l’ont fait remarquer et sont en train de revoir leur stratégie pour trouver un accord avec la Russie.

Mais ce sont ces mêmes dirigeants des pays occidentaux qui se sont empressés de financer avec les des impôts du Peuple occidental, des armes pour soutenir l’armée ukrainienne. Personne n’a dit alors qu’une partie des russophones dans les territoires indépendants en Ukraine souffraient d’une quelconque « poutinophilie ».

Ce concept occidental de « poutinophilie » a pour objet de d’évacuer le fond du problème, à savoir la défense des intérêts des Africains par des dirigeants africains conscients des enjeux mondiaux, et patriotes au service de leur Peuple.

LES NOUVELLES AUTORITES DU MALI : NE PLUS DEFENDRE EN PRIORITE LA POSITION DES DIRIGEANTS NON AFRICAINS

En Afrique et au Mali en particulier, la France n’a pas jugé nécessaire d’envoyer des armes pour soutenir les Forces armées maliennes (FAMa) que ce soit les président français, François Hollande ou Emmanuel Macron. Alors face à une forme d’échec doublée d’une désinformation sur la réalité des combats contre le terrorisme-djihadiste sur le terrain, et des spéculations sur une volonté néocoloniale d’accéder à d’importantes richesses du sous-sol minier malien et des pays environnants, les nouvelles autorités du Mali issues de deux coups d’Etat ont choisi de défendre, en priorité, la position du Peuple malien et non plus ceux des pays non Africains.

Pour se faire, il fallait d’abord trouver une solution pour retrouver une souveraineté territoriale en ayant accès aux images satellitaires « vraies » sur le potentiel minier du Mali, et identifier les espaces contrôlés par les djihadistes-terroristes. Le partenaire choisi fut les autorités russes, qui comme tous les pays y compris la France, utilisent toutes les formes modernes de personnel militaires (publics, privés, mercenaires, barbouzes, agents doubles, déclarés ou pas) pour opérer sur le terrain.

BESOIN DE NETTOYER L’HUMILIATION DES DIRIGEANTS OCCIDENTAUX ENVERS LES AFRICAINS

Aussi, lorsqu’une partie patriote des Africains finissent par comprendre les enjeux de la souveraineté militaire, économique et minier de leur pays, et face à des humiliations répétées que l’Occident ne veut pas d’eux, ou plutôt ne choisit que les migrants qualifiés et rejettent et renvoient les autres, c’est un besoin urgent de nettoyer cette humiliation qui a parcouru les esprits des Africains éclairés. Il n’y a donc pas de sentiment rejet de l’Occident, surtout si l’on se réfère aux périodes de férocité blanche au cours des périodes coloniales et postcoloniales, mais bien un sentiment profond de refondation d’une Afrique indépendante et souveraine.

Mais, la transition malienne et des pays qui se sont engagées sur la voie de la refondation de leur souveraineté nationale et menant à une mutation de l’Afrique, ont besoin de partenaires fiables, sincères, non hypocrites. Ces nouveaux partenaires doivent surtout accepter, en contrepartie des objectifs et projets de types « gagnants-gagnants », d’être payés avec les moyens dont disposent l’Afrique.

Il s’agit des richesses minières et des paiements sous forme de compensations, ce qui limitent les risques de change imposés par l’obligation de la convertibilité du Franc CFA contrôlé par le Trésor français, et permet surtout des échanges basés sur des formes de paiement par un système de compensation, moins usurier en comparaison avec le système des conditionnalités imposées par le monde occidental et les agences de Bretton-Woods et ses courroies de transmission en Afrique.

Alors, la « poutinophilie » n’existe pas, en dehors que quelques activistes qui oublient de défendre d’abord les intérêts du Peuple africain.

« Hollandophilie » ou de « Macroniphilie » en Afrique : un viol de l’imaginaire africain

Demain, le partenariat « gagnant-gagnant » va impliquer les pays comme la Chine, l’Inde, la Turquie et de nombreux pays arabes du Golfe. Est-ce que l’on va parler alors de « Xi Jinpingnophilie » ou alors de « chinophilie » en Afrique ?

Mais au demeurant, avec les résultats mitigés de la France au Sahel qui ne fait pas oublier que c’est un certain Nicolas Sarkozy, ex-président français, qui a fait l’erreur stratégique de déstabiliser la Libye sur la base d’une utilisation abusive d’une décision du conseil de sécurité des Nations Unies, puis par vagues successives, l’ensemble du Sahel, se tirant ainsi une ou plusieurs balles dans les pieds de la France compte tenu des retombées en termes de coûts négatifs (militaires, financiers, médiatiques) pour le Peuple français.

Alors soyons sérieux ! Qui a osé parler de « Hollandophilie » ou de « Macroniphilie » lorsque la France accumulait des succès au Mali ? Personne !!! Pourtant la position des Africains, le Peuple malien qui est sorti dans la rue massivement pour soutenir les nouvelles autorités maliennes apparaît comme une réponse à la « Macroniphilie ».

ATTENTION AUX REVENCHARDS VIA DES AFRICAINS ALIMENTAIRES

L’Afrique a toujours été indépendante en esprit et n’a agressé personne au cours de son histoire. Les Africains n’ont mis aucun peuple en esclavage avec un code noir dont certains dirigeants sont des descendants directs au sein de la Françafrique et ses vestiges déliquescentes.

Au contraire, certains dirigeants africains et de nombreux Africaines et Africains, y compris dans la Diaspora, ont compris que les rapports de force géopolitique, géoéconomique et géostratégique exigent de nouveaux partenariats stratégiques où l’Afrique gagne et nettoie ses humiliations subies en silence au cours des siècles passées, et des usurpations de matières premières au cours des décennies passées.

Ces partenariats concrets et « gagnants-gagnants » passent par des accords, d’abord aux plans militaires, économiques et médiatiques. Les dirigeants africains qui oublieront de s’assurer que ces trois dimensions sont prises en compte, seront aussi les premières victimes des révisionnistes néocoloniaux qui ne dormiront pas, car préparant, sans se cacher pour certains, leurs « revanches » … Il ne s’agit pas d’une hypothèse d’école, puisqu’au Mali comme ailleurs, il existe des bataillons d’Africains « alimentaires » qui sont prêts à vendre leur propre « grand-mère » pour briller aux yeux des puissances néocoloniales. C’est la « peau noire » cachée sous les « masques blancs » rappelé dès 1962 par Frantz Fanon[3]. Alors attention aux formes de consensus mous des dirigeants africains, sources de confusions et de non-transparence et bien-sûr de corruption !

POUTINOPHILIE : C’EST RETARDER L’EMERGENCE DE LA SOUVERAINETÉ EN AFRIQUE

La « poutinophilie » est un concept trompeur qui tente de faire oublier les enjeux de rapports de forces, d’alliances et de souveraineté indispensable pour la refondation de l’Afrique et du Mali en particulier. L’attirance pour la personne ou les formes autocratiques du leadership de Vladimir Poutine est un faux-débat. L’essentiel est qu’au cours du partenariat « gagnant-gagnant » avec l’Etat russe, les résultats attendus soient au rendez-vous. Il est vrai que ces résultats s’ils sont probants, remettraient en cause l’urgence de continuer à s’associer à ceux qui retardent les Africains et l’Afrique dans la reconquête de leurs souverainetés et leurs indépendances. YEA.

Dr. Yves Ekoué AMAÏZO

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