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Voici Pourquoi Donald Trump n’a pas une seule chance sur mille de bloquer l’ascension de la Chine vers l’avènement d’un monde multipolaire, nettoyée de toute hégémonie.

Le 20 janvier 2025, Donald Trump est devenu le 47% président des Etats-Unis. Le même jour d’entrée en fonction, il a signé de nombreux décrets, pour imposer de nouveaux taux de douane, notamment au Canada, au Mexique et à la Chine. Il en a annoncé pour l’Europe aussi.

Un pays manquait à l’appel, c’est la Russie.

Dès le lendemain, il a multiplié les amabilités en faveur de la Russie, jusqu’à humilier le président ukrainien Zelensky, vendredi le 28 février 2025 dans un entretien à la Maison Blanche à Washington.

Pour mettre fin à la guerre en Ukraine, Donald Trump a choisi son camp, celui de la Russie, contre ses alliés classiques de l’Otan.

Les experts en ont déduit qu’il se comporte ainsi, pour finir au plus vite l’engagement en Europe, afin de mieux se concentrer dans la seule bataille qui a du sens aux yeux des présidents des Etats-Unis qui se succèdent, depuis 20 ans, la Chine.

Mais je reste très sceptique avec cette explication.

Je pense au contraire que Donald Trump crée une sorte d’écran de fumée pour se dérober de la honte de la défaite cuisante de la première véritable confrontation que les pays de l’Otan ont contre un vrai pays, avec une vraie puissance militaire, la Russie.

Et pour ne pas sortir de cette mauvaise passe avec l’étiquette du perdant, Donald Trump multiplie les accolades et les embrassades avec le gagnant, la Russie.

Les Etats-Unis n’ont pas les moyens de s’attaquer à la Chine qui est un morceau 10 fois, sinon, 100 fois plus indigeste que la Russie. Et la défaite des Etats-Unis et de leurs alliés en Ukraine, contre la Russie, pays de 140 millions d’habitants, sans le même tissus industriel ou financier que la Chine est là pour donner une indication précise à Donald Trump que même s’il éloigne la Russie de la Chine, il n’en fera rien du tout.

En ce moment, depuis mardi le 4 mars 2025 se tient à Pékin, et jusqu’à demain mardi le 11 mars 2025, les deux réunions annuelles (Comité national de la Conférence consultative politique du peuple chinois, CCPPC, et Assemblée nationale populaire, ANP), appelées les « Deux Sessions », qui rassemblent des dirigeants et experts du Parti communiste chinois (PCC). Durant cette semaine, ils sont en train de voter les lois et à définir la trajectoire annuelle du pays.

Le jour de l’inauguration des travaux, il y a donc moins d’une semaine, Mardi le 4 mars 2025, il y a eu le discours de Li Qiang, Premier ministre de Chine. Et à quelques heures de distance, de l’autre côté de l’Ocean Pacifique, Donald Trump, nouveau président des Etats-Unis faisait son discours devant le Congrès à Washington.

Donald Trump et Li Qiang presqu’au même moment, ont prononcé deux discours importants, le premier devant le Congrès, le second devant l’Assemblée nationale populaire (ANP).

Leurs deux discours étaient diamétralement opposés, mais cette forte polarité nous indique clairement l’antagonisme qui ne fait que commencer entre la super-puissance qui commande le monde depuis 142, les Etats-Unis et la puissance montante qui a perdu sa place de n° 1 mondial de 1840, c’est-à-dire depuis 185 ans et qui re-veut sa place de leader. Et l’autre n’a aucune envie de la lui céder.

L’hôte de la Maison Blanche, Donald Trump s’est engagé devant le Congrès, comme il l’avait déjà fait en campagne électorale, à réduire le train de vie du gouvernement fédéral des Etats-Unis, quitte à supprimer des agences, des institutions, des directions ministérielles, dans l’objectif d’équilibrer les comptes de l’état ; dans l’objectif de réduire le niveau d’endettement abyssal de l’état américain.

Le chef du gouvernement chinois, Li Qiang, dans son discours a fait une promesse de sens opposé : Il promet d’augmenter les dépenses de l’état chinois pour stimuler la croissance et la consommation.

Donald Trump a promis de baisser l’inflation pour redonner du pouvoir d’achat aux américains, Li Qiang, a promis d’augmenter le taux de déflation de 0,2% durant ces deux dernières années 2023 et 2024, pour rendre cette variable positive et avoir une inflation à 2%.

Cette rencontre est surtout mise à l’honneur par le ministre chinois des affaires étrangères, car dans un monde en transition de l’hégémonisme américain vers le multipolarisme, la politique étrangère est aujourd’hui le pivot et le point centrale de toute politique même nationale.

Pour comprendre ce qu’il faut attendre de cette réunion annuelle qui se termine demain 11/03/2025, revenons en arrière de 3 semaines, en Allemagne et plus précisément à Munich.

Voici un extrait du discours de Monsieur Wang Yi à la 61e Conférence de Munich sur la sécurité, le 14/02/25 :


(…) Je voudrais insister sur quatre points.
D’abord, il est important de préconiser l’égalité. La rivalité entre grandes puissances a plongé l’humanité dans le désastre, et les leçons tirées des deux guerres mondiales sont toujours d’actualité. Qu’il s’agisse du système colonial ou du modèle centre-périphérie, un ordre inégal est voué à l’effondrement. Les pays du monde aspirent tous à l’indépendance et à l’autonomie. La démocratisation des relations internationales est irrésistible. L’égalité des droits, l’égalité des chances et l’égalité des règles doivent être les principes fondamentaux pour un monde multipolaire.

C’est en portant ces principes que la Chine préconise l’égalité entre tous les pays, grands ou petits, et appelle à l’augmentation de la représentation et du droit à la parole des pays en développement dans le système international. Cela ne mènera pas à « l’absence de l’Occident », mais donnera plus de résultats à somme positive au monde. La Conférence de Munich sur la sécurité a invité ces dernières années davantage de participants des pays du Sud global. C’est une bonne initiative. La voix de chaque pays doit être écoutée. Chaque pays peut trouver sa place et jouer son rôle dans une structure multipolaire.

Ensuite, il est important de respecter l’état de droit international. Comme dit un adage chinois, impossible de tracer un cercle ou un carré sans compas et équerre, tout comme sans règles, rien ne peut être accompli. (…) Dans le monde d’aujourd’hui, des chaos et des bouleversements se multiplient. L’une des raisons importantes est que certains pays croient que la force fait la loi et ouvrent la boîte de Pandore de la loi de la jungle. En fait, tous les pays, grands ou petits, puissants ou faibles, sont parties prenantes de l’état de droit international. Une structure multipolaire ne doit pas être désordonnée. Sans règles, celui qui se met à table hier serait sur le menu demain. Les grands pays doivent donner l’exemple en honorant leurs engagements, en respectant l’état de droit, et en rejetant l’incohérence entre paroles et actes ainsi que le jeu à somme nulle.
(…)
Troisièmement, il est important de poursuivre le multilatéralisme. Face à de nombreux défis planétaires, aucun pays ne peut s’en sortir tout seul. La mentalité « nous d’abord » ne peut conduire qu’à un scénario perdant-perdant. (…)
(…)
Quatrièmement, il est important de poursuivre l’ouverture et les bénéfices mutuels. Le développement est la clé à toutes sortes de problèmes. Un monde multipolaire doit être un monde où tous les pays se développent ensemble. Le protectionnisme ne mènera nulle part et l’abus de tarifs douaniers ne fera pas de gagnant. Ceux qui pratiquent le découplage et la rupture des chaînes se privent d’opportunités, et ceux qui érigent une « petite cour avec de hauts murs » finiront par s’isoler. Nous devons poursuivre la coopération ouverte et appuyer la construction d’un monde multipolaire égal et ordonné par une mondialisation économique bénéfique pour tous et inclusive.

C’est dans cet objectif que la Chine est déterminée à partager les opportunités de développement avec les autres pays. (…)

Monsieur Wang Yi (Ministre chinois des affaires étrangères) le 14/02/2025

https://www.fmprc.gov.cn/eng/wjbzhd/202502/t20250215_11555665.html

Voilà le discours prononcé par le ministre chinois des affaires étrangères que les Européens ont écouté avec beaucoup de distraction, alors qu’il est d’une importance capitale, pour l’avènement du nouveau monde multipolaire que les occidentaux sont obligés de s’y conformer.

Lorsqu’un seul pays, la Chine a maîtrisé les mécanismes de création de la richesse de masse, sans esclavagiser, sans coloniser, sans brutaliser qui que e soit, sans mener de guerre de conquête des territoires des autres, c’est forcément un nouveau logiciel qui se met en marche.

Et ce logiciel est en train de bousculer les certitudes des premiers arrivés.

DeepSeek a été le symbole de ce nouveau monde, à la portée du monde entier. En dépensant le moins de ressources financières, en consommant le moins d’énergie et fonctionnant sur un équipement bas de gamme pour un résultat égal, sinon supérieur aux solutions américaines de l’Intelligence Artificielle et de surcroit en libre accès, cette solution simple, a été la douche froide qui nous indique que le réveil sera douloureux pour ceux qui croyaient être arrivés à la gare de terminus, dans une course où nous ne sommes qu’au début.

Dans l’ouvrage intitulé :

“La voie chinoise”,

Au Chapitre 3. “Sur l’économie politique de la réforme”

Michel Aglietta et Guo Bai écrivent à partir de la page 99 ceci :


(…) Entre 1978 et 2009, la croissance moyenne du PIB chinois a dépassé 9,7 %. Grâce à une progression maîtrisée de la population, le PIB par tête a crû de façon rapide, soit un taux annuel moyen de 8,5 % sur la période. Le taux d’investissement est resté élevé et la productivité a augmenté régulièrement. Quant à la part de la population vivant dans la pauvreté absolue, elle est passée de 75,7 % de la population totale en 1980 à 12,49 % en 2001.

La quasi-totalité des indicateurs de l’économie chinoise atteste ainsi, au cours de ces trois décennies de réforme, de considérables progrès.

Mais le succès le plus remarquable de cette période, c’est que la Chine, après plus d’un siècle d’efforts, a finalement réussi à mettre en route un processus d’industrialisation dynamique et durable. Pour comprendre la véritable « alchimie » de la réforme chinoise, il ne suffit donc pas de comparer la situation avant et après 1978.

Il faut également identifier les mécanismes qui sont à la base du dynamisme chinois, et répondre à ces deux questions : pourquoi la Chine a-t-elle finalement réussi à emprunter la voie de l’industrialisation à l’échelle nationale ? Comment a-t-elle pu entretenir un tel rythme de croissance pendant plus de trente ans ?

Source : https://shs.cairn.info/la-voie-chinoise–9782738128461-page-99?lang=fr

Pour la première fois depuis la première guerre de l’opium en 1840, la Chine pèse à nouveau de manière déterminante dans les affaires du monde : elle est devenue en 2010 la deuxième puissance économique mondiale, passant devant le Japon. Elle se prépare à dépasser les États-Unis avant 2030.

Pour comprendre la ténacité qui a porté à un tel bond en avant, il faudrait revenir en arrière jusqu’en 1993, deux ans après l’effondrement de l’Union Soviétique, lorsque les dirigeants chinois cherchent désespérément les solutions pour ne pas finir comme l’autre puissance socialiste de sa frontière du nord.

Quoi de mieux que de s’adresse à l’Occident, et mieux si les personnes à qui on s’adresse en Occident sont des Chinois qui maîtrisent bien le système de l’économie de marché, le système capitaliste, sans lequel l’Union Soviétique s’est effondrée.

Il y a deux universitaires chinois de l’Université de Yale aux Etats-Unis, l’un professeur et l’autre doctorant, dont beaucoup de Chinois n’ont pas beaucoup entendu parler.

Il s’agit du professeur Wang Shaoguang et du doctorant Hu Angang.

Tous les deux proposent un rapport demandé par le Parti Communiste Chinois intitulé :

“Renforcer le rôle directeur du gouvernement central dans la transition vers l’économie de marché — rapport concernant les pouvoirs de l’Etat en Chine” de 90 pages publié en 1993, il y a tout juste 32 ans.

La Chine était terrorisée par la chue de l’Union Soviétique, qui avait osé s’opposer frontalement à l’hégémonie des Etats-Unis.

Les dirigeants chinois s’adressent donc à des universitaires chinois vivant et travaillant aux Etats-Unis, afin qu’ils conseillent leur pays d’origine sur ce qu’il faudrait faire pour éviter la foudre des Etats-Unis et surtout, trouver une passerelle pour se développer à son ombre sans susciter sans foudre.

Il s’agissait de faire un exploit : trouver une parade au fait qu’aucun pays du monde n’avait pas pu se développer sans le bien vouloir des Etats-Unis.

Dans 90 pages de rapport, ces deux Chinois proposaient ni plus ni moins que la Chine renonce à devenir une puissance, pour se contenter de devenir uniquement le vassal des Etats-Unis. Parce que c’est un pays qui ne tolère pas que mêmes ses propres alliés soient trop autonomes dans leurs décisions.

En 2025, la Corée du Nord est une puissance militaire dotée de l’arme nucléaire, ce qui n’est le cas ni du Japon, ni de la Corée du Sud, encore moins de l’Allemagne ou du Royaume Uni. Les Etats-Unis ne le veulent pas. Et la France qui se vante même de posséder une bombe atomique n’a été autorisée par Washington à la posséder qu’à condition qu’elle reste purement défensive.

Revenons à nos amis Chinois de 1993.

Leur rapport intitulé “Renforcer le rôle directeur du gouvernement central dans la transition vers l’économie de marché — rapport concernant les pouvoirs de l’Etat en Chine”, propose plusieurs points clés :

Le rôle crucial du gouvernement central dans la transition économique de la Chine vers une économie de marché.
La nécessité de renforcer les pouvoirs de l’État pour assurer une transition efficace et stable.
Les défis et les opportunités liés à la réforme économique et au développement.

L’importance de la planification stratégique et de l’intervention gouvernementale pour guider la croissance économique.
Propositions de politiques pour améliorer la gouvernance et l’administration publique.

Pour faire simple, le rapport explique que si la direction du pouvoir central à Pékin n’est pas forte, la transition vers l’économie de marché que cherchaient les dirigeants, pourrait être chaotique et inefficace, mettant en péril les gains économiques et sociaux.

Il propose par conséquent une approche équilibrée où le gouvernement central joue un rôle actif tout en permettant une certaine flexibilité et innovation à des niveaux locaux.

Mais les dirigeants chinois ont un doute.

Est-ce qu’un Chinois vivant aux Etats-Unis est très différent des Américains avec leurs reflexes de soumettre les autres peuples qu’ils ne voient que sous la lentille de vassalité ?

Dans le film western italien, « Pour une poignée de dollars » de Sergio Leone, Lee Van Cliff demande à Clint Eastwood qui s’est infiltré dans le clan des bandits, et qui viennent de dévaliser la banque de Santa Cruz, de proposer au chef bandit d’aller de se diriger vers le sud, vers la frontière mexicaine.

Clint Eastwood fait le malin, comme ils ont convenu de partager les primes sur les bandits qu’ils vont capturer à 50%, il veut toucher cette prime tout seul et conseille donc au chef bandit d’aller plutôt vers le nord. Ce dernier accepte, mais va plutôt vers l’Ouest. Et c’est là où Lee van Cliff les rencontre. Clint Eastwood est étonné et demande à son compère comment il a fait pour savoir qu’ils seraient allés dans cette direction. Il lui répond :

« Dans le système dans lequel nous sommes, je savais que tu aurais chercher à me voler et donc que tu aurais proposé l’exact contraire de ce que je t’avais proposé. Et comme l’autre à son tour ne fait pas confiance, il ne serait jamais allé vers l’est où il vient de voler et où la police l’attend avec sa bande. Il ne lui restait plus que l’Ouest. Et me voilà à l’Ouest.

C’est le raisonnement des dirigeants chinois.

Les deux chinois leur avaient proposé d’aller au Nord, ils sont allés du coté opposé.

Si c’est flatteur de savoir que c’est bien d’avoir un état puissant pour éviter que le pays se désintègre. Il y a un piège qui était en fait tendu aux dirigeants chinois et dans lequel les pays africains nagent tous sans exception : le poids étouffant de l’état central.

On apprendra ensuite que le contenu du rapport de Yale était soufflé par la Banque Mondiale, car ce n’était que ce que la Banque Mondiale propose comme recette à tous les pays, afin que l’état fort devient un état oppresseur qui va dépenser l’essentiel de son budget pour des projets qui n’ont rien à voir avec la compétition mondiale.

C’est en réalité le secret de la prospérité chinoise que Donald Trump a percé et ce qui explique son acharnement contre les coûts.

Pour bien comprendre, voici quelques chiffres :

En 2024, la répartition du budget d’un pays comme la France donnait 80% à l’état central à Paris et seulement 20% aux régions, alors que la même année, aux Etats-Unis, c’était de 50% à l’état central de Washington et 50% aux Etats. En Chine, seulement 20% du budget de l’état chinois est allé aux activités de l’état central de Pékin, et les 80% sont allés aux régions.

Le ratio de la France est le même qu’on retrouve en Afrique. Or c’est un ratio dans lequel, l’état écrase sous son poids toute initiative de progrès. Un état obèse devient un oppresseur contre le citoyen.

4 ans après le rapport de nos amis de Yale en 1993, l’état chinois diminue le nombre de ses fonctionnaires de 9,25 millions de personnes de 1992 à 7,25 millions de fonctionnaires en 1997. Et contrairement à l’Afrique où on augmente le nombre de fonctionnaire pour sortir les villages de la pauvreté, la Chine avait déjà compris qu’il fallait procéder au contraire.

Voici un extrait de la dépêche de l’Agence France Presse du 18 septembre 1997 où on pouvait lire ceci :


(…) Le nombre d’employés dans la fonction publique est passé de 9,25 à 7,25 millions, mais ce dégraissage radical doit se poursuivre à tous les niveaux de l’administration, a souligné un haut responsable du Parti communiste chinois (PCC).

«La taille du gouvernement est encore trop grande» pour les besoins d’une «économie socialiste de marché», a affirmé le responsable, Zhang Zhijian, vice-directeur du Comité de structure organisationnelle du PCC, cité par l’agence Chine nouvelle.

La restructuration de l’Etat doit se concentrer désormais sur la séparation des fonctions de gouvernement et de gestion dans les entreprises d’Etat, a indiqué M. Zhang.

La réduction du rôle de l’Etat est une part importante de la «restructuration politique» prônée par le secrétaire général du PCC lors de son discours d’ouverture du XVe congrès du PCC vendredi dernier, a-t-il souligné.

Des efforts doivent également être faits «pour réduire le personnel (administratif) dans les comtés et les villes pauvres, afin de soulager le fardeau pesant sur les populations locales», a dit M. Zhang, en marge des travaux du congrès.

Plus de 60 millions de personnes, selon le gouvernement, vivent sous le seuil de pauvreté à la campagne. (AFP)

Source : https://www.lorientlejour.com/article/239707/Pres_de_8_millions_de_fonctionnaires.html

Pour sortir un milliard de personnes de la pauvreté, la Chine a adopté une recette contraire de celle suggérée par la Banque Mondiale, même au niveau fiscal. Elle a tout simplement compris que ce n’est pas en taxant fortement les entreprises que l’état encaisse plus. Ce n’est pas en mettant trop de pression sur les entreprises privées que la fiscalité d’un pays se porte forcément bien. C’est même le contraire qui se produit.

Pour comprendre la distance avec l’occident, Madame Hidalgo, est Maire de la capitale française, Paris. Son staff, pour soigner sa seule communication est composée de 400 personnes. C’est de l’argent soustrait aux structures proposant des initiatives des structures de création de richesse dans les zones rurales loin de Paris.

ET L’AFRIQUE DANS TOUT CA ?

Le 13 janvier 2015, Makhtar Diop, vice-président de la Banque mondiale pour la Région Afrique tient une conférence à l’École d’économie et de gestion de l’Université Tsinghua (SEM), de Pékin, sur le thème “La croissance chinoise, une source d’enseignements pour l’Afrique”.

Makhtar Diop affirme :

Le commerce entre la Chine et l’Afrique a commencé longtemps avant la phase actuelle d’investissements et l’éventail d’interprétations qui l’accompagne. À titre d’exemple, des pièces de monnaie chinoise de la dynastie Song, qui a existé il y a plus d’un millier années (960-1279), ont été retrouvées en Tanzanie. Des navires battant pavillon chinois ont mouillé sur la côte kenyane dans les années 1400, y laissant de la porcelaine chinoise et embarquant des girafes pour la Chine.

En Afrique, nous nous félicitons de la longue et riche histoire que nous partageons avec la Chine, qui accompagne nos pays sur la voie du développement économique depuis leur accession aux indépendances plus de cinquante années auparavant. La Chine nous a appris que l’histoire compte — tout comme un ferme engagement en faveur de la croissance et du développement.

En tant qu’Africain qui observe la Chine, je ne veux pas me limiter aujourd’hui à l’histoire des échanges entre l’Afrique et la Chine. Les retombées positives des investissements chinois sur le développement du continent vont bien au-delà d’une simple relation mercantile basée sur l’extraction et l’exportation de matières premières.

Source : https://www.banquemondiale.org/fr/news/speech/2015/01/13/lessons-for-africa-from-chinas-growth

De quoi parle Makhtar Diop aux Chinois ?

Selon l’Agence internationale de l’énergie, voici le classement des 3 premiers pays producteurs d’énergie :

Chine 8 987 Twh (2022) 9 456 (2023) – 31,6 %
États-Unis 4 495 Twh (2022) – 4 439 (2023) – 14,8 %
Inde 1 814 Twh (2022) 1 958 (2023) – 6,5 %
Russie 1 151 Twh (2022) 1 178 (2023) – 3,9 %

La richesse nait des emplois industriels. Et l’industrie se base sur une abondance d’énergie bon marché.

Non seulement la Chine produit le double d’énergie que les Etats-Unis, soit 31,6% de l’énergie produite dans le monde en 2023.

Mais cette information ne serait pas complète si on n’y ajoutait pas le coût du kwh pour les entreprises.

Selon la même source, en 2024, le coût du kwh vendu aux entreprises en Chine était de 0,087 $ presque la moitié du coût aux Etats-Unis, de 0,152 $ le kwh.

Et l’Afrique ?

C’est peut-être le seul secteur dans le monde de la production industrielle où 3 pays africains sont à la première position : l’Ethiopie, la Libye et l’Angola.

L’Ethiopie est la championne du monde du Prix ​​de l’électricité pour les entreprises, le plus bas du monde en juin 2024 à 0.009 $ le KWH. Et ce, grâce à la Chine.

« Les retombées positives des investissements chinois sur le développement du continent vont bien au-delà d’une simple relation mercantile basée sur l’extraction et l’exportation de matières premières. » dit Makhtar Diop (vice-président de la Banque mondiale pour la Région Afrique).

Il est mieux placé à la Banque Mondiale pour faire de telles affirmations. Mais pour notre analyse d’aujourd’hui, prenons un seul exemple de pays africain qui suit le modèle de développement chinois : l’Ethiopie !

Personne ne se demande comment et pourquoi, un pays comme l’Ethiopie, peut posséder la plus grande compagnie aérienne du continent africain.

C’est essentiellement grâce à son partenariat gagnant-gagnant avec la Chine. Ethiopian est la principale compagnie aérienne qui fait des vols cargos pour transporter les marchandises de Chine non seulement vers l’Afrique, mais vers de nombreuses destinations, notamment aux Etats-Unis et en Europe. C’est ce qui explique qu’avec l’arrêt des vols internationaux en 2020 à cause de la pandémie du Covid-19, c’est la seule compagnie internationale autorisée par la Chine à transporter les masques et les équipements de tests vers le monde entier. Mais pour quelle raison ?

L’Éthiopie, est la principale priorité de la Chine sur le continent africain, parce que c’est le pays qui a fait le choix de suivre le modèle chinois de développement économique. Le pays africain cherche à devenir le dragon d’Afrique, à l’instar des dragons d’Asie du Sud-Est (Taiwan, Malaisie, Corée et Chine) à travers la création comme en Chine, des zones économiques spéciales (ZES) avec la mise en place des parcs industriels. Ces parcs ont été créés et investis par la Chine qui y a délocalisé de nombreuses activités manufacturières pour raccourcis la distance entre la Chine et le les clients africains.

Contrairement aux autres pays africains, qui reçoivent de la Chine de l’aide sous forme des financements, à travers deux banques publiques dites de politique stratégique (la China Eximbank et la China Development Bank), qui ont versé 43,4 Milliards de dollars de financements dans le secteur énergétique en Afrique sur la décennie 2010-2020, l’Ethiopie reçoit surtout des investissements de la part de 6 entreprises publiques chinoises.

Avec 13,7 Milliards de dollars de prêts reçus de la Chine entre 2000 et 2018, l’Éthiopie est ainsi devenue la 1ère destination des prêts chinois en en Afrique (35,7 %).

Résultat des courses : en 2019, l’Éthiopie accueille 8 107 travailleurs chinois, pour faire fonctionner les différentes usines chinoises dans le pays.

Source : https://www.tresor.economie.gouv.fr/Pays/ET/ethiopie-1ere-destination-des-prets-et-ide-chinois-en-aeoi

Mais pour y arriver, la Chine a construit l’attrait de ces entreprises chinoises qui investissent en Ethiopie avec un élément de compétitivité imbattable : l’électricité la moins chère du monde, seulement 0,009 $ / kwh, c’est-à-dire, environ 5 FCFA le kwh, contre 10 à 20 fois plus dans les autres pays africains, comme le Cameroun, la Côte d’Ivoire, le Congo.

La Chine multiplie les investissements pour que l’Ethiopie continue de proposer aux entreprises, l’énergie la moins cher du monde. Non seulement il ne faut jamais qu’il y ait de coupure d’électricité, mais à chaque pic de la consommation des usines, doit correspondre une offre additionnelle.

Il s’agit d’un investissement de l’état chinois en Ethiopie à rentabilité différée. Le but de l’état chinois n’est pas de gagner de l’argent dans la production de l’électricité en Ethiopie, mais de donner un joker, un avantage compétitif aux entreprises chinoises installées dans le pays afin qu’elles contribuent positivement au rayonnement de la Chine dans le monde en général et en Afrique dans notre cas, en particulier.

C’est dans ce cadre qu’en avril 2022, un consortium chinois a signé un contrat pour la première phase d’un projet de centrale géothermique en Éthiopie. Il s’agit du premier projet géothermique dans le pays.
Source : https://www.china5e.com/news/news-1132353-1.html

CONCLUSION

Il me plait de conclure en rappelant cette phrase du ministre chinois des affaires étrangères dans son discours du 14/02/2025 à Munich en Allemagne :

« Le développement est la clé à toutes sortes de problèmes. (…) Tous les pays, grands ou petits, puissants ou faibles, sont parties prenantes de l’état de droit international.

Une structure multipolaire ne doit pas être désordonnée. Sans règles, celui qui se met à table hier serait sur le menu demain. Les grands pays doivent donner l’exemple en honorant leurs engagements, en respectant l’état de droit, et en rejetant l’incohérence entre paroles et actes ainsi que le jeu à somme nulle. ».

Pendant deux siècles, l’occident nous a habitué à un développement à somme nulle où la prospérité des uns et des mêmes signifiait forcément la pauvreté des autres et des mêmes. Nous sommes au début d’un nouveau monde où toutes les cartes sont mélangées.

Et si certains qui étaient les seuls hier à être prospères veulent empêcher le monde entier de profiter des fruits du développement et de la prospérité partagée de la planète, c’est eux qui ont des soucis à se faire.

C’est illusoire de croire que les Etats-Unis peuvent éloigner la Russie de la Chine. La relation entre les deux pays dépasse le simple cadre d’échanges mercantiles entre deux pays. La détermination de la coalition formée par les Etats-Unis et leurs vassaux d’Europe pour détruire l’économie de la Russie a interpelé la Chine, sur la nécessité de repenser sa propre disposition sécuritaire autour des enjeux sur son ile autonome de Taiwan.

En créant et en investissant dans 19 Zones Economiques Spéciales (ZES), dans le monde, comme en Ethiopie avec un coût de l’énergie la moins chère du monde, la Chine se prépare à une probable guerre demain avec les Etats-Unis.

En cas de blocage de la Chine avec notamment l’alliance Aukus, il sera alors possible pour la Chine d’utiliser ces 19 zones pour continuer une partie de ses activités. Et comme nous l’avons vu dans la leçon précédente, d’utiliser les industries de l’automobile installées dans ces zones dans une reconversion vers une possible économie de guerre, où à la place des véhicules électriques, seraient produites les munitions et les obus.

En 1840, ils ont surpris les chinois, mais je suis convaincu que cette fois-ci, quelque soient les calculs de Washington, il sera suicidaire de déclencher une quelconque guerre contre la Chine soutenue ou non par la Russie.

Jean-Paul Pougala

Lundi le 10/03/2025

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