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La Chine sort son joker contre les taux douaniers de l’UE contre ses véhicules électriques : arrêter de construire la moindre usine automobile dans l’UE

Imaginez un instant, 27 pays de l’Union Européenne avec son système de l’industrie automobile en lambeau, au début d’être laminé par les concurrents chinois, qui après avoir consulté mille experts et payé les plus grands cabinets pour lui conseiller quoi faire pour stopper la déferlante chinoise, votent pour monter les taux de douane à 45% contre les véhicules électriques chinois.

L’objectif affiché est celui de contraindre les entreprises chinoises du secteur à investir massivement en Europe, pour ne pas subir la foudre de ces taxes douanières.

Et puis, au moment où ces sanctions entrent en vigueur et que tout le monde se frotte les mains en attente des usines chinoises qui vont se transférer en Europe, voilà que le 10 octobre 2024, une réunion sécrète se tient à Pékin, notamment au ministère chinois du commerce.

A cette réunion sont présentes toutes les principales entreprises ciblées par les décisions européennes.

Que peuvent bien décider des entreprises surtout publiques chinoises pour répondre à une décision contestée de l’Union Européenne ?

Selon l’agence d’information Reuters qui a rendu publique l’information sur cette rencontre secrète à Pékin, tous sont sortis de la réunion avec une consigne : les entreprises chinoises doivent interrompre tout projet de construction d’usine de véhicule dans l’Union Européenne et arrêter celles déjà en cours de construction.

Source : https://www.cnbc.com/2024/10/31/china-tells-carmakers-to-pause-investment-in-eu-countries-backing-ev-tariffs-reuters-reports.html

Pourquoi donc la Chine a fait le choix de la confrontation, plutôt que de l’apaisement dans ce dossier et laisser ses entreprises aller produire en Europe, pour éviter les nouvelles taxes douanières ?
Pour répondre efficacement à cette question, il faut que nous fassions un tour en arrière de six ans.

Nous sommes le 18 décembre 2018.

A l’occasion d’un rassemblement pour célébrer le 40e anniversaire de la réforme et de l’ouverture (au capitalisme et donc, à l’occident), dans un discours, le président chinois Xi Jinping appelle ce jour-là à se limiter au marxisme et surtout, de le considérer comme « l’idéologie directrice, et à la recherche d’innovations théoriques basée sur la pratique ».

Pour le président chinois, « les pratiques de ces 40 dernières années ont montré que l’innovation était la planche de salut de la réforme et de l’ouverture ».

Le président Xi Jinping a conclu son discours en appelant à des efforts pour baser la théorie du Parti sur la réalité et “répondre aux questions de notre époque et du peuple” de manière opportune.

Il dit alors une phrase qui n’attire l’attention de personne en Occident et qui revient aujourd’hui, au cœur des manœuvres de guerre économique en cours déclenchées par l’UE et que les dirigeants des 27 pays de l’Union Européenne sont appelés à perdre, parce qu’ils n’ont pas pris le temps de se pencher sur les quelques mots de conclusion du discours de Xi Jinping ce mardi 18 décembre 2018, avant de déclencher toute hostilité.

Il avait alors dit ceci :

“Nous devons mettre à jour et populariser le marxisme dans le contexte d’une Chine moderne, et faire de nouvelles percées dans le développement du marxisme”,

Source : https://french.cri.cn/news/china/685/20181218/224546.html

« Populariser le marxisme et faire de nouvelles percées dans le développement du marxisme ».

De quoi s’agit-il ?

Pour Karl Marx, à partir du moment où le capital est extrait du travail (ce capital étant un quantum de travail selon Karl Marx), il devient mobile et fluide. Le travail, par contre, est lui conditionné par des contraintes spatio-temporelles qui en limitent la mobilité.

Dans notre exemple, c’est le capital fluide des chinois qui était en train d’être investi pour construire des usines de véhicules électriques dans l’Union Européenne, pour trouver le travail qui lui ne peut pas bouger.

Mais, il s’agit avant toute chose, d’une lutte de classes sociales qui opposerait le travailleur au capitaliste.

Mais dans notre cas, qui est le travailleur et qui est le capitaliste ?

On serait tenté de dire que le capitaliste c’est la Chine et le travailleur c’est l’Union Européenne.

Eh bien non.

Lorsqu’en 2018, Xi Jinping demandait de mettre à jour le Marxisme, en réalité, il voulait demander de requalifier les nouveaux acteurs non plus entre capitalistes et prolétaires, mais entre les impérialistes et leurs victimes, entre les colonisateurs et les colonisés. Et dans notre cas, la Chine a toujours divisé le monde en ces deux catégories : d’un côté les colonisateurs et de l’autre, les colonisés.

Il s’agissait, pour le président chinois de revenir à Karl Marx pour redéfinir la place que chaque classe occupe dans le processus de production, qui pour Marx est déterminée par le critère unique de la propriété des moyens de production en faisant une différence nette entre les propriétaires et les non-propriétaires du capital, des capitaux.

Dans notre cas, on pourrait dire que qui est propriétaire du capital et prendrait le dessus serait la Chine et le pauvre prolétaire, serait l’Union Européenne.

Eh bien non. Karl Marx par des « intérêts antagonistes à cause des rapports de classes qui sont des rapports de domination et d’exploitation ».

« rapports de domination et d’exploitation ».

La Chine était acceptée dans l’Organisation Mondiale du Commerce, OMC, pour devenir et rester l’usine du monde ou plus précisément, l’usine de l’occident, l’usine qui devait permettre à l’Occident de s’occuper de la finance et de se débarrasser des activités industrielles polluantes et surtout à faible apport du capital.
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Jean-Paul Pougala

Samedi le 2 novembre 2024

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