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Les derniers résultats des élections parlementaires européennes en France en particulier et en Europe d’une façon générale, viennent confirmer une tendance lourde de la géopolitique universelle, demeurée quasiment et fondamentalement constante à travers les âges.
L’histoire humaine, comme le postule Thomas Hobbes, confirme que l’homme a toujours été un loup pour l’homme. Cela se vérifie à des oligo-échelles interpersonnelles ou communautaires comme, de façon encore plus manifeste, à des macro-échelles internationales et intercontinentales. Les peuples du monde entier, souvent pour asseoir leur mieux-être, ont toujours manifesté une volonté de puissance et de domination sur les autres.
Il est vrai que, davantage que chez certains considérés comme plus pacifistes, cette volonté de puissance s’est manifestée chez certains autres avec une plus grande cruauté adossée sur une maxime essentielle : “la fin justifie les moyens”.
Tel est, fondamentalement, le paradigme mental, la maxime essentielle qui structure la psychologie générale de l’Homme occidental blanc en particulier. Nourri à travers les siècles par les contingences exploratrices de l’histoire, la pensée de nombre d’auteurs issus de cette aire géographique, les actes politiques posés par nombre de leurs dirigeants à travers les siècles, ils étaient, jusque peu de temps, persuadés d’être configurés pour dominer l’humanité tout entière dans une position d’hégémon incontesté et incontestable.
Dans cette dynamique de vassalisation et de mise en coupe réglée des autres, le monde noir, visiblement plus vulnérable et plus permissif qu’une plus grande partie du reste de la planète terre, est demeuré le marche-pied du monde entier.
Ce phénomène est, assurément, la conséquence d’un déficit encore criard de conscience géopolitique pertinente et agissante chez les dirigeants, leaders et masses populaires africaines. Pourtant,
les civilisations au sein de ladite planète s’affrontent, plus que jamais, dans un mouvement laissant clairement apparaître les replis identitaires ainsi que les irredentismes culturels les plus viscéraux.
Et c’est bien cette tendance lourde de la radicalisation culturelle et civilisationnelle qui est au coeur de notre géopolitique contemporaine. Les conflits russo-ukrainien, hamasso-israelien, les dynamiques de transition militaro-politiques en Afrique, le phénomène culturel du “Wokisme” et autres sont, du reste, au coeur de cette mouvance conflictuelle au sein de notre espace habité.
Le caractère finalement et paradoxalement très autoritaire de l’hégémonisme occidental, qui ne semble pas disposé à accepter la contestation de ses modes de vie et artefacts culturels, y compris les plus ouvertement nocifs et controversés, le rejet de plus en plus criard de cet ordre mondial occidentalo-centré, sont au principe des nombreux mouvements contestataires repérables dans les différents coins de la planète.
En Europe, il est loisible de constater que les élections sont, plus que jamais, révélatrices de cette radicalisation croissante des masses populaires inexorablement engagées dans un mouvement “d’extrême droitisation” ininterrompue depuis de longues décennies. Il convient néanmoins de reconnaître le puissant humanisme ainsi que les grandes dynamiques de solidarité que nombre de citoyens européens voire occidentaux, entretiennent depuis toujours afin de promouvoir une société plus juste et moins inégalitaire. La tendance majoritaire semble cependant et incontestablement celle qui promeut le choc des cultures à travers le rejet de l’altérité. Soulignons ici que la notion de choc des cultures ou des civilisations est, depuis longtemps, infiniment plus complexe que celle énoncée par Samuel Huntington. Il convient de l’appréhender avec une plus grande subtilité, le monde étant un univers moins figuratif, moins manichéen, mais bien plus nuancé dans ses identités culturelles et civilisationnelles que ne l’avait envisagé le célèbre sociologue américain.
Dans une sorte de tribalisme voire d’ethnicisme culturel et identitaire, des peuples supposés civilisés sont chaque jour davantage englués dans des réflexes et des comportements ouvertement xénophobes et de repli phénoménal sur soi.
Certes, l’émergence d’autres aspirations culturelles et civilisationnelles autour d’eux n’arrange point les choses. Ils ont eux-mêmes lourdement promu cette globalisation et cette interdépendance des peuples qui les rattrape aujourd’hui. Quand cela leur était encore extrêmement bénéfique, il n’y avait aucune objection. Aujourd’hui, les choses semblent différentes. Le bouc émissaire de tous les problèmes est, plus que jamais, l’étranger.
Comme dans un retour de boomerang, il faut simplement désormais payer le prix de l’exploitation abusive faite des autres peuples et notamment ceux d’Afrique aussi bien noire que blanche.
Les grandes différences dans les conceptions cosmogoniques et les représentations du monde existant au sein de la planète terre, risquent encore, pendant un long moment, d’intensifier ce mouvement de radicalisation des peuples, et partant, de conflictualisation voire de brutalisation des sociétés européennes et mondiales.
Là réside le risque même d’un grand conflit mondial pouvant, à terme, entraîner l’embrasement de notre si inhumaine humanité.
Afin de contenir et restreindre ce péril planant, comme une lourde épée de Damoclès, depuis longtemps déjà au-dessus de nos têtes, nous faisons la prescription suivante pour réguler, à l’avenir, les sociétés nationale et internationale :
Justice entre les peuples; Élimination des inégalités sociales; Dialogue respectueux des cultures et civilisations; Tolérance et acceptation des identités culturelles différentes; Évacuation de tous les mécanismes d’asservissement et de domination de certains peuples; Relations synallagmatiques et coopération gagnant-gagnant entre tous les États du monde.
Telle nous semble être la voie salutaire à suivre.

Professeur Olivier BILE
Homme politique
Sociologue des médias et de la communication.

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