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Pourquoi les colonisés devenus chrétiens ou musulmans, ne peuvent réussir aucune révolution, pour retrouver leur liberté ?

(texte)

Ou le christianisme et l’islam, comme des leviers d’esclavage et de colonisation

Dans la plupart des luttes de libération anti-coloniale, que ce soit en Asie, en Afrique ou en Amérique du Sud, les élites se sont effondrées et ce sont des milieux plus modestes qui ont résisté le plus contre, l’ennemi du dehors, la colonisation.

Les élites se sont effondrées non pas parce ce qu’elles ne savaient pas combattre ou se défendre, mais parce qu’elles avaient déjà choisi leur camp, celui d’être des gendarmes pour la pérennisation de la subalternité coloniale.

Encore aujourd’hui en Afrique, les élites sont presque toutes pour les oppresseurs européens sous prétexte d’être des chantres de la démocratie. Ils sont presque tous pour le Franc CFA, non pas parce qu’ils ne voient pas que c’est l’instrument le plus efficace pour entretenir la pauvreté sur une bonne partie du continent africain, ce qui fait que sur les 10 pays les plus pauvres d’Afrique, 9 utilisent cette monnaie coloniale, mais parce qu’ils choisissent de ne pas combattre les forts, les puissants, les bourreaux, mais les faibles, leurs propres populations, les victimes de la colonisation encore en vigueur aujourd’hui en juin 2024 sur le continent africain avec la complicité des mêmes intellectuels africains.

Les exceptions sont récemment apparus, ce sont les trois pays de l’AES (Mali, Burkina et Niger), mais tous les trois ne sont plus debout que grâce au soutien non pas des intellectuels, non pas des élites, mais de la masse populaire, des analphabètes, des illettrés, des pauvres et surtout des laissés sur le carreau par le capitalisme colonial.

Les intellectuels, se gardent bien de dire un seul mot qui ne plaise pas à la France, au Royaume Uni et aux Etats-Unis. Ils ont tous leurs plans de carrières à assumer, espérant que l’un de ces 3 pays dira une bonne parole afin que leurs CV avancent à l’Unesco, à la FAO, à l’OMS, à l’OMC ou plus génériquement aux Nations Unies.

L’un des plus grands marqueurs que revendiquent ces nouveaux négriers africains est leur fierté d’être chrétiens et de le revendiquer. C’est comme un gage envoyé au bourreau pour les mettre tout en haut de la liste pour le prochain casting.

Question : Pourquoi un colonisé devenu chrétien ou musulman cesse d’être capable de mener la révolution pour obtenir sa liberté ?
Réponse :

Karl Marx avait prédit en bonne foi que le capitaliste étant capable de vendre la corde qu’on va utiliser pour le pendre, il ne restait plus au prolétaire que de réaliser sa révolution en triomphant et en imposant la dictature du prolétariat. Lénine nuance les propos de Karl Marx en disant qu’en réalité, le seul horizon que le système a permis au prolétaire d’avoir est celui de la lutte non pas pour sa liberté, mais pour sa survie.

La conséquence immédiate, affirme Lénine est que le prolétaire est incapable de mener la moindre révolution, car au maximum ses idées vont le conduire tout droit à être un leader syndicaliste, pour des revendications réalistes, simplistes qui sont en relation immédiate avec sa vie, avec sa propre survie.

En d’autres mots, ceux qui ont inventé le système étaient extrêmement intelligents et étaient capables d’anticiper les comportements des uns et des autres, qu’ils soient en leur faveur ou contre eux et de monter de façon anticipée, les solutions aux différentes options qui risquent de se présenter dans le futur et mettre à risque l’existence même du système.

Durant la colonisation, européenne du monde, l’évangélisation faisait partie de cet arsenal d’outils pour limiter l’horizon intellectuel des colonisés pour les mettre dans un risque permanent d’existence et donc, d’être à la recherche non pas de leur liberté, mais de leur survie, à commencer par celle de leur âme.

En Chine, Mao constate comme Lénine que le prolétariat ne peut pas faire la révolution, parce qu’il ne veut pas le pouvoir, il ne cherche pas en dernière instance à prendre le pouvoir, ce qui limite toute l’action du prolétariat urbain chinois dans la seule rébellion, pour des motifs purement matériels.

Mao décide au contraire, de miser la mobilisation non pas sur le prolétariat urbain très souvent christianisé, mais plutôt sur la paysannerie, sur les pauvres chinois des campagnes, plus mobilisables et qui n’ont besoin que d’’être encadrés.

Jean Guitton, né le 18 août 1901 et mort le 21 mars 1999, était un philosophe et écrivain catholique français, membre de l’Académie française.

Il était un des théoriciens d’utiliser le catholicisme pour coloniser.

A la page 24 de son livre “La pensée et la guerre”, publié par Desclée de Brouwer, en 1969, il écrit :

« Il est évident que les guerres et les révolutions dérivent en dernier ressort de ce que les belligérants ou les révoltés pensent sur la signification ultime de l’homme, de la vie, de la mort, de l’après-mort, de Dieu. Un peuple imprégné de pensée juive, islamique ou chrétienne, ne réagira pas comme un peuple sans croyance, un peuple athée, uniquement occupé d’organiser la terre.

En définitive, la distinction des moyens admis et des moyens interdits dans la guerre, l’usage de la surprise, du mensonge, de la violation de la parole donnée, tout cela suppose une métaphysique. Sacrifier ou ne pas sacrifier la vie de centaines de millions d’hommes, ce sont des problèmes qui relèvent de la conception qu’on a de la vie humaine et de sa finalité. »

« Un peuple imprégné de pensée juive, islamique ou chrétienne, ne réagira pas comme un peuple sans croyance, un peuple athée, uniquement occupé d’organiser la terre » !

C’est exactement ce que Mao avait compris : il ne lui servait à rien de mobiliser les prolétaires urbains, christianisés, c’est-à-dire les soi-disant « civilisés », les prolétaires urbains dans la Chine du 1921.

Il lui fallait mobiliser, « un peuple athée, uniquement occupé d’organiser la terre » .

C’est cela son originalité, qui s’est terminée par une victoire dont le monde entier tire encore aujourd’hui en 2024, les fruits de la prospérité partagée d’une Chine devenue la première puissance économique du monde.

Il est plus facile pour quelqu’un qui croit en Dieu de donner la mort, puisque de toutes les façons, il croit qu’il y a une autre vie après la mort.

Les Etats-Unis sont un très grand pays croyant, chrétien, le seul aussi qui a largué sans préavis, deux bombes atomiques pour tuer des peuples qui eux ne croyaient pas en Dieu, et qui n’étaient pas capables d’un tel carnage de façon indiscriminé sur la totalité des populations de deux villes japonaises.

Un peuple qui croit en Dieu ne voudra pas perdre la vie pour défendre une terre, l’au-delà étant plus important que la vie sur terre.

La conséquence immédiate est qu’il est difficile d’attendre de la part d’un chrétien colonisé, qu’il mène la moindre révolution pour les choses terriennes où il risque en plus de perdre sa vie, si précieuse.

Dans ses conférences qu’il donne à l’École supérieure de guerre de Paris entre 1952 et 1976, Jean Guitton affirme :

« Il existe un rapport secret entre les méthodes de l’homme de guerre et les méthodes de l’homme de pensée et… elles peuvent, comme le pensait Descartes de la géométrie et de l’algèbre, s’éclairer et se fortifier l’une par l’autre. »

Jean Guitton rappelle les propos de l’Empereur français Napoléon, dans une lettre à Madame de Rémusat lorsqu’il écrit :

« La science militaire consiste à bien calculer toutes les chances d’abord, et ensuite à faire exactement, presque mathématiquement, la part du hasard… Or, ce partage de la science et du hasard ne peut se caser que dans une tête de génie, car il en faut partout où il y a création et certes la plus grande improvisation de l’esprit humain est celle qui donne une existence à ce qui n’en a pas. Le hasard demeure donc toujours un mystère pour les esprits médiocres et devient une réalité pour les hommes supérieurs. »

Les esprits médiocres qu’on veut vaincre facilement dont parle ici Napoléon et que nous rappelle Guitton sont ces colonisés qui sont devenus fatalistes, croyants, chrétiens, incapables du moindre partage entre la science et la part mathématique du hasard des évènements qu’ils auront à affronter, y compris, la décision de lutter pour sortir de la domination coloniale.

Dès lors, parmi ces colonisés devenus chrétiens, il leur manquera toujours ces génies dont parle Napoléon dans sa lettre à Madame de Rémusat, pour comprendre la science militaire, et être ensuite capables de calculer soit les probabilités de risques que la part du hasard dans leur lutte pour la liberté.

En conclusion de la 4ème des 5 conférences, Jean Guitton reprend Sun Tzu et nous explique pourquoi, une fois que vous avez contrôlé le psychique de votre adversaire, à travers la religion, dans notre cas, le catholicisme dans les colonies françaises, vous n’aurez même plus besoin de faire la moindre guerre, parce que le colonisé renoncera volontairement à mener toute hostilité contre vous, colonisateur, pour la conquête de sa liberté.

Jean Guitton dit :

« L’art de la guerre est l’art d’éviter la guerre, en agissant sur le psychisme par le psychisme, par la crainte, la paralysie et la dissuasion. »

Dans cette quatrième conférence, il affirme : « L’usage des armes dans la guerre vise un résultat d’un autre ordre que l’arme. Il ne s’agit pas de réduire une arme opposée, mais d’agir sur le psychisme de celui qui porte cette arme adverse et qui est un homme.

En d’autres termes, l’arme n’est jamais qu’un moyen, entre plusieurs autres, pour provoquer chez l’adversaire la conduite de la peur, qui l’amène à subordonner sa volonté à la vôtre, ce qui est le seul but de la guerre. »
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Jean-Paul Pougala

Dimanche le 16 juin 2024

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