Les deux dernières années ont été témoins d’un changement sismique et accélère dans l’équilibre mondial des pouvoirs, concrétisant une rivalité entre deux camps : celui des États-Unis, l’hégémonie en place, et leurs alliés Occidentaux d’un côté, et la Chine, le challenger ascendant, à ses côtés des puissances émergentes regroupées autour des BRICS. Ce schisme, caractérisé par une concurrence économique vigoureuse, un positionnement stratégique et des batailles idéologiques, marque un moment charnière dans l’histoire moderne. Pour la première fois depuis des décennies, une puissance nucléaire remet en question l’architecture d’après-Seconde Guerre mondiale établie sous les auspices américains. Le nœud de ce conflit réside cependant dans le domaine de la politique de puissance, motivé par la lutte farouche de l’oligarchie américaine et Anglo Saxonne pour maintenir son hégémonie en déclin, le désir de l’Europe de s’aligner du côté des vainqueurs et de préserver sa qualité de vie, et la résurgence d’empires historiques comme la Chine et la Russie.

Au milieu de ce tumulte global, l’Afrique se trouve à un tournant critique. Dans de nombreux milieux africains, ce moment est perçu non pas comme une crise mais comme une opportunité sans précédent. C’est l’occasion de réorganiser les institutions financières mondiales, de redéfinir la dette, d’améliorer l’accès au crédit et de donner la priorité au développement des infrastructures. Plus fondamentalement, cela offre l’opportunité de recentrer l’attention sur le développement humain, en s’éloignant du «démocratisme,” que beaucoup considèrent comme une exploitation cynique par les occidentaux des aspirations légitimes des peuples pour la liberté et les droits de l’homme pour, en realite, promouvoir leurs intérêts économiques et de puissance. La question qui se pose alors, est de savoir si l’Afrique peut générer le leadership compétent et compatissant nécessaire pour mettre en œuvre sa vision stratégique pour le XXIe siècle?  Ces ses soit disants élites, qui par le passé, ce sont plus illustrés par leur prédation, ont-elles le registre moral et un sens de responsabilité historique nécessaire pour saisir le moment? Sont-elles capables de ne pas sombrer dans la gabegie donc elles sont coutumières, ne pas dilapider les ressources financières qui, comble d’ironie, finissent dans les banques Suisses et sont ensuite recyclées en prêts et autres instruments d’infantilisation et de néo colonisation.

Le contexte historique et les impératifs modernes

Le parcours de l’Afrique au cours du XXe siècle a été marqué par l’exploitation coloniale, la manipulation de la guerre froide et les turbulences post-indépendance. Malgré ces défis, le continent a fait preuve d’une résilience et d’un potentiel remarquable. L’aube du XXIe siècle a apporté avec elle une croissance économique significative, une classe moyenne en plein essor et des progrès impressionnants en matière de technologie et d’innovation. Cependant, ces progrès sont inégalement répartis et le continent reste aux prises avec des problèmes de pauvreté, de corruption, de mal gouvernance et les coups de boutoir du néocolonialisme.

Dans ce contexte, l’impératif d’un leadership compétent et compatissant devient tout à fait évident. Les dirigeants africains doivent trouver un équilibre délicat entre l’affirmation de leur indépendance et un dialogue constructif avec les puissances mondiales. Le paysage géopolitique actuel offre un levier unique ; Les nations africaines peuvent négocier dans une position de force relative, étant donné l’intérêt croissant des blocs occidentaux et orientaux pour les marchés et les ressources africaines.

Compétence et compassion dans le leadership

Un leadership compétent implique une compréhension approfondie des dynamiques locales et mondiales. Cela nécessite des dirigeants qui non seulement maîtrisent les enjeux économiques et politiques, mais sont également adeptes de la gouvernance pratique. Ces dirigeants doivent être capables de formuler et d’exécuter des politiques qui favorisent le développement durable, favorisent l’innovation et améliorent la qualité de vie de leurs citoyens. De plus, ils doivent être capables de le faire avec un haut degré d’intégrité et de responsabilité, garantissant que les ressources sont utilisées de manière efficiente et efficace.

En revanche, un leadership compatissant implique de l’empathie, de l’inclusion et un véritable engagement en faveur du développement humain. Les dirigeants africains se doivent de donner la priorité au bien-être de leur population, en se concentrant sur l’éducation, les soins de santé et les services sociaux. Ils doivent s’efforcer de créer un environnement dans lequel chaque individu a la possibilité de s’épanouir, en reconnaissant que le capital humain est l’atout le plus précieux du continent.

La mise en œuvre de la vision stratégique de l’Afrique pour le XXIe siècle nécessite des dirigeants expérimentés et intègres. À mon avis, ils doivent donner la priorité aux éléments suivants :

Bonne gouvernance et responsabilité: La transparence et la responsabilité sont essentielles au développement durable. Les dirigeants doivent établir des institutions solides, respecter l’État de droit et lutter contre les détournements de fonds publiques. Cela implique de favoriser une culture de responsabilité dans laquelle les agents publics sont tenus responsables de leurs actes.

Éducation et développement du capital humain: L’éducation est la pierre angulaire du développement. Les dirigeants africains doivent investir dans une éducation de qualité à tous les niveaux, en veillant à ce que la jeunesse du continent soit dotée des compétences et des connaissances nécessaires pour être compétitive dans une économie mondialisée.

Diversification économique et innovation: L’Afrique doit dépasser sa dépendance traditionnelle à l’égard des matières premières et investir dans des secteurs tels que la technologie, l’industrie manufacturière et les services. Cela nécessite de créer un environnement propice à l’innovation, de soutenir les startups et de construire une infrastructure robuste.

Intégration régionale et coopération: La force de l’Afrique réside dans son unité. Les initiatives d’intégration régionale, telles que la Zone de libre-échange continentale africaine, ont le potentiel de stimuler le commerce intra-africain, de renforcer la coopération économique et de renforcer le pouvoir de négociation du continent sur la scène mondiale.

Développement durable et gestion de l’environnement: Le développement de l’Afrique doit être durable et respectueux de l’environnement. Les dirigeants doivent promouvoir les technologies vertes, l’agriculture durable et les efforts de conservation pour garantir que le développement ne se fasse pas au détriment de l’environnement.

S’engager avec les puissances mondiales sur un pied d’égalité: Les dirigeants africains doivent s’engager auprès des puissances mondiales dans une position de force et d’égalité. Cela implique de former des partenariats stratégiques qui s’alignent sur les objectifs et les intérêts à long terme de l’Afrique, plutôt que de devenir des pions sur l’échiquier géopolitique.

L’Afrique se trouve à la croisée des chemins, avec le potentiel de redéfinir son avenir et de remodeler l’ordre mondial. Le succès du continent dépend de sa capacité à générer et à maintenir un leadership compétent et compatissant. Un tel leadership ne consiste pas seulement à occuper un poste, mais à incarner une vision, l’intégrité et le dévouement nécessaires pour transformer les aspirations en réalité. Alors que le monde traverse une ère de multipolarité, l’Afrique a l’opportunité d’émerger comme une force qui compte, dirigeant son propre programme et contribuant de manière significative au progrès mondial. Ce moment de l’histoire appelle des dirigeants visionnaires capables de guider l’Afrique vers un avenir de prospérité, d’équité et de durabilité.

Par Achille Mbaka Massoma, PDG Akoma Coffee & House of Akoma

Related Posts