(texte)
La très expérimentée journaliste et femme politique de grande notoriété était encore de sortie. Pas moins que la première fois, ses déclarations sur le plateau de la chaîne de télévision privée Info Tv ne manquent pas de quoi étonner, tant les faits semblent biaisés avec extravagance, dans une logique pour le moins douteuse. Et on peut se poser quelques questions.
1) Qui a défendu le projet de loi sur la modification de la Constitution de 2008 à l’Assemblée nationale ? L’ ancien ministre délégué à la Justice, MAURICE KAMTO ; l’ancien ministre de la Justice Garde des Sceaux, AMADOU ALI, ou l’ancien ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation HAMIDOU MARAFA YAYA ?
HENRIETTE EKWE ne dit plus que c’est KAMTO, mais bifurque dans le congossa d’Etat : “Amadou Ali m’a dit que c’est Kamto” qui a monté et piloté cette loi. Mais attendez ! On ne fouille pas avec la torche un ministre qui porte une loi devant une commission ou la représentation nationale.
2) HENRIETTE EKWE reproche à KAMTO que sa “base politique” se revendique “ANTISARDINARD”, par opposition aux “TONTINARDS” qu’elle fait vite d’identifier comme des Bamiléké.
Or une petite sociologie des faits permet de constater que le concept “SARDINARD” n’est pas originellement lié à une tribu, mais renvoie à une image des Camerounais qui prennent des aliments en échange de leur vote/adhésion politique ; et de façon plus globale, des Camerounais qui soutiennent le régime de PAUL BIYA.
À contrario, le concept de “TONTINARDS” tiré de la “TONTINE” – pratique économique et financière très répandue chez les Bamiléké -, est apparu en premier dans l’espace public médiatique, développé par des fervents soutiens du régime, tels que MATHIAS ÉRIC OWONA NGUINI, sur fond d’étiquettage tribal du MRC. Cette préséance est vérifiée et vérifiable, autant que les différentes images associées aux deux concepts.
3) Madame EKWE affirme que Kamto a commandé la casse des ambassades. Pourtant cette affaire a été jugée en France et le nom de KAMTO n’y est pas apparu. Au moins deux activistes camerounais, dont CALIBRI CALIBRO (pseudonyme) et WANTO, ont été condamnés avec surcis et des amandes à payer.
Après… Madame EKWE, dans sa propension à convoquer les morts, dit que c’est le feu PAUL ÉRIC KINGUE, directeur de campagne de Maurice KAMTO en 2018, qui avait commandé l’assaut sur les ambassades du Cameroun à Paris et Berlin. Finalement… On retient quoi ?
4) Madame EKWE dit que KAMTO n’a pas condamné la casse des ambassades. Pourtant il l’a fait publiquement. Et Pas une fois. Pourquoi le journaliste ne la remet pas à l’endroit sur tous ces points vérifiés et vérifiables ?
5) Madame EKWE dit que KAMTO revendique en privé d’être Bamiléké, quand il mange le taro. Franchement. Qui sait tout ce que madame EKWE dit et fait en privé ? Quand on est en privé on renie sa tribu ? Quand on est en privé on doit éviter de manger le taro si on est Bamiléké de peur du “qu’en dira” madame EKWE ?
Bien plus, lorsque madame EKWE affirme que le MRC est un parti de suprématistes Bamiléké, sur quoi se fonde-t-elle concrètement, alors que les résultats de la dernière présidentielle montrent une large défaite de ce candidat supposé de la suprématie Bamiléké dans la région de l’Ouest Cameroun ?
Tout compte fait, 2025 c’est demain. Les enjeux politiques pour cette année charnière dans l’histoire du Cameroun sont immenses. Mais il apparaît judicieux et capital d’éviter les contorsions politiquement tribales ou tribalisantes, au risque de plomber les débats de fond, dans un pays dont de nombreux segments sont à refaire complètement. La presse aura inéluctablement un très grand rôle à jouer dans ce travail républicain, pour pallier aux insuffisances du Conseil national de la communication et au laxisme des autorités compétentes dans la lutte contre les dérives tribales dans l’espace public.
NJIKI FANDONO