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Comment définirions-nous aujourd’hui l’ONU ? Est-ce toujours cet organisme qui a remplacé la Société
des Nations et dont les objectifs sont toujours le maintien de la paix et de la sécurité internationale ?
Cette question est largement débattue par les experts. Mais les réponses restent évasives car il est de
plus en plus difficile de s’appuyer sur l’ONU qui promeut la protection des droits de l’homme, la fourniture
de l’aide alimentaire, le développement durable ou encore la garantie du droit international. Ses
capacités de rétablissement de sanctions internationales et l’inventaire militaire sont mis à rude épreuve
avec la guerre en Ukraine, au Proche Orient et en Afrique.
Les missions inachevées de l’ONU et ses échecs successifs
Un constat amer illustre le rôle ambigu des missions ou des activités de l’ONU. Elle a été incapable de
trouver des solutions pérennes dans les conflits armés en Afrique où les combats se poursuivent dans
l’indifférence générale des grandes puissances. Ces dernières continuent, sans état d’âme, à exploiter
les richesses minières, profitant du chaos des guerres et des régimes instables et discrédités.
L’Afrique reste la principale victime des guerres systémiques organisées par les puissances dominantes.
Tous les plans concoctés jusqu’à ce jour pour mettre un frein à ces conflits qui s’enlisent ont échoué.
Peut-on encore s’appuyer sur un organisme dont les missions sont inachevées et marquées par des
échecs successifs ? Faudrait-il envisager sa refonte ? La République Centrafricaine, la RDC, le Soudan
du Sud, le Mali, la Somalie, le Burkina Faso ou le Niger en sont de parfaites illustrations.
L’ONU se mobilise aujourd’hui et veut réunir 4,2 milliards de dollars. Ces fonds seront destinés à une
aide humanitaire destinée à l’Ukraine pour la seule année 2024. Dans l’absolu, cette initiative est
louable. Mais elle tombe mal au moment où des enfants, des femmes et des hommes crèvent, depuis
des décennies, tel du bétail, dans les conflits armés en Afrique.
L’action de l’ONU arrive au moment où les pays du Golf s’immobilisent pour une aide humanitaire
massive à Gaza et à sa reconstruction d’avance programmée. Mais, qu’en est-il de l’Afrique où des
blessures, à n’en pas douter, ne pourrons panser les violences invisibles post psychosomatiques ?
L’Afrique du Sud ne se remet toujours pas des souffrances post psychosomatiques de l’apartheid qui
provoquent aujourd’hui et pour toute une génération, une violence et une insécurité dans ce pays. Mais
l’ONU et les puissants s’en moquent.
Cette mobilisation de l’ONU est critiquable à tous les égards car les besoins humanitaires des pays en
guerres sont les plus pressants en termes de priorité. Nous assistons ici à deux poids deux mesures qui
nous ramènent à des considérations hiérarchiques et racialisées qui continuent à discriminer l’Afrique.
L’aide de l’ONU est certes justifiable. Mais elle ne saurait éclipser les urgences humanitaires des pays
pauvres sevrés de maladies, de faims et de violences permanentes.
L’Onu devrait revoir sa copie. Une répartition plus équilibrée des aides humanitaires relèverait, sans
aucun doute, la perception à minima de son rôle à l’égard des plus précarisés.
L’équilibre du monde en dépend. La justice universelle reste la raison première de l’ONU car on ne
supporterait pas que les souffrances soient une marque labelisée et appliquées dans les pays pauvres et
sous son égide.
Aujourd’hui, l’ONU se mobilise afin de réunir 4,2 milliards de dollars pour une aide humanitaire à
l’Ukraine en 2024. A-t-elle pensé aux urgences structurelles en cours et des conflits armés dans le
monde où la mort reste la seule échappatoire à la misère ambiante ? Pourquoi ces deux poids, deux
mesures ?
Par Miche Lobé Etamé
Journaliste Indépendant