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Haïti, pays le plus pauvre de la région Amérique latine et Caraïbes et parmi les pays les pauvres du monde fait face à l’une des plus pires crises de son histoire. Les groupes armés ont plongé le pays dans le chaos et la terreur. L’État s’est effondré.
Dans un récent rapport Antonio Guterres ( Secrétaire Général des Nations-Unies) soulignait que la crise économique, politique et sécuritaire que traverse Haïti s’est encore aggravée depuis un (01) an , avec des gangs “plus nombreux et mieux armés” que les quelques 14.000 policiers comptabilisés fin Juin 2023.
“Depuis le début de l’année 2023, 531 personnes ont été tuées à Haïti , 300 blessées et 277 kidnappées dans des incidents liés aux gangs”.
“La plupart des victimes ont été tuées ou blessées par des tireurs embusqués qui auraient tiré au hasard sur des personnes se trouvant chez elles ou dans la rue” a déclaré la porte parole du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme , Marta Hurtado.
Les violences dans le pays se sont particulièrement accrues depuis l’assassinat de l’ancien président haïtien JOVENEL MOÏSE, il y a un (01) an et demi. La police locale est dépassée si bien que les gangs contrôlent actuellement plus de la moitié du territoire Haïtien, terrorisent la population, contrôlent les allées et venues ainsi que les entrées de denrées alimentaires.
I- TRAFIC DE DROGUE ET ASSASSINAT : MORT DU PRÉSIDENT JOVENEL MOÏSE
Il convient avant tout de préciser que les Caraïbes aujourd’hui sont des destinations très prisées par les narcotrafiquants comme des pays de transit, de par leur positionnement géostratégique mais aussi la vulnérabilité de certaines États comme Haïti où sévit le chaos généralisé et où le gouvernement central ne contrôle pas grand chose. Et c’est justement ce genre de pays dont raffolent les trafiquants qui peuvent manipuler leurs dirigeants à coup de pots-de-vin.
JOVENEL MOÏSE, ex Président de la République d’Haïti, son assassinat survient au début de la nuit du 07 juillet 2021 à Pétion-Ville (Ouest), dans la banlieue de Port-au-Prince, capitale d’Haïti. Lorsqu’un groupe de Commando armés attaque son domicile. L’épouse du Chef d’État, Martine MOÏSE survit mais est blessée par balle.
- QUE SAIT-ON DE SA MORT ?
On sait aujourd’hui que les assassins de JOVENEL MOÏSE cherchaient un document très important dans son bureau d’après les dires de son épouse Martine MOÏSE. Or, d’après quatre (04) hauts conseillers et fonctionnaires proches du Président, ces documents contiendraient les noms des politiciens et hommes d’affaires qui seraient impliqués dans le commerce de la drogue en Haïti.
D’ailleurs Daniel FOOTE, l’envoyé spécial des États-Unis à Haïti a lui même reconnu que le narcotrafic a certainement joué un rôle central dans l’assassinat de JOVENEL MOÏSE. Depuis cette fameuse sortie, Mr FOOTE est tombé en disgrâce pour avoir critiqué la politique honteusement non-volontariste de Biden vis à vis d’Haïti.
Ainsi, la DEA semble peu active sur le terrain, se limitant à quelques actions sporadiques et un soutien logistique symbolique. Pire , au moins deux (02) Haïtiens soupçonnés d’être impliqués dans l’assassinat du Président sont d’anciens informateurs de la DEA.
J’aime souvent à le dire que la culture, la transformation et la commercialisation de la drogue à l’échelle internationale est contrôlée par les États-Unis et donc la DEA en collaboration avec la CIA ( Allez lire le rapport de l’UNODC sur la culture du pavot en Afghanistan durant la présence de l’armée américaine dans le pays qui s’est multiplié par trois (03) contrairement à leur arrivée). Les quelques réseaux démantelés qui vous sont très souvent présentés à la télé en réalité concourent à une campagne de propagande médiatique . Bien sûr derrière pareille propagande ; au-delà de justifier non seulement l’importance d’une telle agence, il est aussi question de justifier les montants d’argent qui y sont alloués pour soi dit en passant “LUTTER CONTRE LE TRAFIC DE DROGUE”.
Au delà de la propagande entretenue par la politique américaine, il existe deux (02) raisons pour lesquelles le pays importe la cocaïne ( drogue) en masse vers les États-Unis :
1- C’EST POUR LES INDUSTRIES BRASSICOLES ( COCA-COLA)
2- LES INDUSTRIES PHARMACEUTIQUES
Donc contrôler ce trafic revêt un intérêt stratégique pour son économie.
II- HAÏTI : PLAQUE TOURNANTE DU TRAFIC DES ARMES ET DESTINATION DE CHOIX DANS LA VENTE DES ARMES EN PROVENANCE DES ÉTATS-UNIS.
Plus de 500.000 armes à feu illégales pourraient être en circulation en Haïti. C’est le chiffre donné dans le rapport publié le 03 Mars 2023 par l’UNODC ( Office des Nations-Unies contre le Trafic de Drogues et la criminalité) intitulé – “Les marchés criminels d’Haïti : cartographie des tendances du trafic d’armes de feu et de trafic de drogues”.
Ce rapport précise également ce qui suit :
“La principale source d’armes à feu et de munitions en Haïti se trouve aux États-Unis, en particulier en Floride”.
“Les armes sont achetées par des intermédiaires et des hommes de paille dans les États de la fédération qui ont une législation laxiste sur leur vente, puis envoyée en Floride d’où elles prennent la route de l’État des Caraïbes”.
“Les armes sont expédiées dans des conteneurs directement depuis les ports du Sud de la Floride cachées à l’intérieur de produits de consommation, d’équipements électroniques , de doublures de vêtements, d’aliments congelés ou même de coques de cargos. À l’arrivée en Haïti, la cargaison est déchargée et transférée aux utilisateurs finaux par une série d’intermédiaires”.
Simplement sur la base de ce rapport fait par une agence Onusienne , on peut très vite analyser et cerner la source du problème qui sévit à Haïti en ce moment. C’est à dire que loin d’une réflexion stratégique pour comprendre le problème Haïtien, il ressort très clairement sur la base de ce rapport que si les États-Unis voulaient mettre fin à ce conflit, ce chaos généralisé du côté d’Haïti, elle le ferait très facilement à moins qu’elle même profiterait de cette situation d’insécurité meurtrière, fratricide et chaotique du côté d’Haïti.
D’ailleurs c’est l’une des raisons qui ont poussé la Chine et la Russie à s’abstenir lors du vote sur le déploiement d’une force militaire internationale menée par le Kenya du côté d’Haïti pour soutenir les forces de sécurité locale.
III- CONSEIL DE SÉCURITÉ DE L’ONU : LE JEU DE DISTRACTION D’UNE FORCE INTERNATIONALE POUR SOUTENIR HAÏTI
Jusqu’à fin juillet dernier où le Kenya a finalement annoncé être prêt à mener une force non onusienne et à déployer 1000 hommes dans le pays ( Haïti). Selon la Résolution adoptée ce lundi 02 Octobre 2023 par 13 voix pour et 02 abstentions ( Chine et Russie ) après de difficiles négociations. Cette “mission multinationale de soutien à la sécurité”, non Onusienne est créée pour “une période initiale de douze mois” avec une réévaluation au bout de neuf.
Il convient ici de préciser que les abstentions Chinoises et Russes s’expliquent par le fait que ce sont les mêmes ( Chinois) qui ont largement montré cette situation ces derniers mois.
À ce titre, la Chine a estimé qu’une éventuelle mission n’avait pas de sens sans un arrêt du flux d’armes à destination des gangs depuis la source les États-Unis précisément dans l’État de Floride où tout s’organise.
Par Charly KENGNE