GÉOPOLITIQUE – ÉLIMINATION DE NOUVEAUX LEADERS AFRICAINS ( NIGERIENS ) DISCUTÉS PAR LES SERVICES DE RENSEIGNEMENTS AMÉRICAINS : INFO OU INTOX ?

(Texte)

Une fois qu’elle s’est retrouvée face au “Réveil Géopolitique” de l’Afrique, “inattendu et extrêmement désagréable pour elle”, la Maison-Blanche à l’instar des Etats vassaux européens qui sont soumis à sa politique étrangère a décidé de recourir aux vieilles recettes qu’elle appelle les “recettes éprouvées” a déclaré le service de russe des renseignements extérieurs (SVR).

I- PRÉTEXTE

D’après des informations obtenues par le SVR, les États-Unis ne sont pas satisfaits de l’évolution de la situation au Niger où une administration intérimaire dirigée par le général Abdourahame TCHIANI a récemment pris le pouvoir à la suite d’un coup d’État militaire.

” Les représentants des services spéciaux américains discutent directement avec leurs partenaires des auteurs potentiels d’éventuelles tentatives d’assassinat en pariant sur des personnes appartenant au cercle restreint des dirigeants des structures de transition, de préférence parmi ceux qui ont suivi une formation spéciale dans les établissements d’enseignement du Pentagone” , précise le communiqué du Service Russe du Renseignement Extérieur ( SVR).

Et d’ajouter que cela vise à “freiner une tendance dangereuse pour l’occident”, celle où “l’Afrique se transforme en un centre de force du monde multipolaire” , en plus de “mettre la main sur l’héritage français dans le Sahel, stratégiquement important”.

II- POLITIQUE ÉTRANGÈRE AMÉRICAINE EN AFRIQUE CONFORME AUX DÉCLARATIONS D’ASSASSINATS DE LEADERS AFRICAINS FAITES PAR LE SERVICE RUSSE DE RENSEIGNEMENT EXTÉRIEUR (SVR)

Cette politique étrangère occidentale précisément américaine en Afrique qui vise à assassiner des leaders africains ne me surprend guère et je pense humblement ne devrait en aucun cas surprendre les africains à moins d’être naïf et ce pour deux raisons :

A- LE CONGRÈS AMÉRICAIN ET LA LÉGALISATION DU CRIME COMME MOYEN DE DISSUASION CONTRE LES ÉTATS AFRICAINS AUX VELLÉITÉS UN PEU TROP NATIONALISTES ET SOUVERAINISTES

Le congrès Américain voyait il y a de cela quelques mois un projet de loi, la résolution HR 7311 117 intitulée :

« LOI SUR LA LUTTE CONTRE LES ACTIVITÉS MALVEILLANTES DE LA RUSSIE EN AFRIQUE »

Ce projet de loi oblige le Département d’État à présenter au Congrès une stratégie et un plan de mise en œuvre décrivant les efforts des États-Unis pour contrer l’influence et les activités de la Russie en Afrique.

Le Département d’État doit également rendre compte au Congrès des mises à jour annuelles sur la stratégie et le plan de mise en œuvre.

Les points choquants de cette résolution se trouvent à la SECTION 3 – (B) – (2) – (i) et (ii):

(i) Manipuler les gouvernements africains et leurs politiques, ainsi que les opinions publiques et les préférences de vote des populations africaines et des groupes de la diaspora, y compris ceux des États-Unis ;

(ii) Investir, s’engager ou contrôler d’une autre manière des secteurs stratégiques en Afrique, tels que l’exploitation minière et d’autres formes d’extraction et d’exploitation des ressources naturelles, les bases militaires et d’autres accords de coopération en matière de sécurité, et les technologies de l’information et des communications.

En lisant toute la résolution, on comprend qu’il s’agira de préparer et d’employer une stratégie de SOFT-POWER qui tournent essentiellement autour de :

• Aides financières et dons ;
• Pressions des institutions financières internationales FMI et Banque mondiale ;
• Assassinats de leaders ;
• Médias et propagande ;
• Opinion d’association tel que Human Right Watch, etc…) qui sera combiné à du HARD-POWER (intervention militaire et possibilité d’élargissement de l’OTAN à des pays Africains afin d’y implanter des bases militaires, renforcement des troupes de l’ONU, etc…) sous des fallacieux prétextes tels que la “LUTTE CONTRE LE TERRORISME”.

B- PRÉSENCE DE PLUS EN PLUS ACCRUE DES FORCES SPÉCIALES AMÉRICAINES SUR LE SOL AFRICAIN.

La question logique et pleine de bon sens que tout africain devrait se poser est celle de savoir :

“QUE FONT LES FORCES SPÉCIALES AMÉRICAINES EN AFRIQUE ET POURQUOI LEUR NOMBRE VA DE PLUS EN PLUS GRANDISSANT SUR LE SOL AFRICAIN” ?

Rappelons pour ceux qui ne le savent pas encore que les missions des forces spéciales qui consistent à recueillir du renseignement via des interventions spéciales ( qui ne peuvent être ordonnées que par le Chef d’État ) derrière les lignes ennemies. Leurs missions ( forces spéciales) peuvent se résumer à :

• Missions d’infiltration ;
• Missions d’exfiltration ;
• Mission de Reconnaissance ;
• Mission de sabotage ;
• Assassinats ciblés ;
• Révolutions de couleur ou “Opérations de false flag” ou “Opérations de faux drapeaux”.

Surtout que selon le média américain ” VICE NEWS” sur les 8000 opérateurs des forces spéciales déployés dans le monde en 2017 plus de 1300 étaient en Afrique et près de 5000 au Proche-Orient. Précisons qu’en 2012 , ils n’étaient que 450 donc leur nombre sur le continent a triplé en seulement cinq (05) ans.

Comme pour dire qu’en conformité avec la loi HR 73 11 11 05 voté au congrès américain, cette présence des forces spéciales américaines de plus en plus massive sur le continent concoure simplement à l’implémentation de leur nouvelle politique étrangère pour l’Afrique qui s’articule autour du SOFT-POWER .

Alors c’est quoi le SOFT-POWER ?

III- STRATÉGIE DU SOFT-POWER

Le soft power se définit par la capacité d’un État à influencer et à orienter les relations internationales en sa faveur. L’État met en oeuvre une stratégie d’influence. Il renforce ainsi la légitimité de son action internationale, ce qui constitue également un facteur de puissance.

Ce terme désigne la capacité d’un État à influencer les autres pays par son comportement , de manière indirecte et en douceur.

De façon plus simpliste, la stratégie du soft power se résume dans la planification de séries d’ “opérations”. “Opérations” qui peuvent être classées comme “Secrètes” ou “Clandestines”. Dans cet ordre , il en existe deux (02) sortes d’ “Opérations Secrètes” ou “Opérations Clandestines”

A- LES OPÉRATIONS SECRÈTES À CARACTÈRE VIOLENTES

Ici on y trouve :

1- les opérations de false flag ou Opérations de faux drapeaux à l’instar de la fameuse “Révolution de Maïdan en 2014 en Ukraine avec le renversement de Viktor Ianukovitch. Ou même encore le fameux”Printemps Arabe”.

2- Assassinats de personnels ou membres du gouvernement ( Signature du mercenaire français Bob Denard).

3- Utilisation de la force pour changer les gouvernements nationalistes ou souverainistes qui refusent l’ordre mondial établi par les États-Unis. C’est le cas de la Lybie, la Syrie, le Cameroun.

B- LES OPÉRATIONS SECRÈTES OU CLANDESTINES À CARACTÈRE NON VIOLENTES

Ici on peut parler :

1- Installations des ONG pour espionner les gouvernements ;

2- Utilisation des médias étrangers et leur relais locaux pour manipuler les masses ( cf 10 stratégies de manipulation des masses de Noam Chomsky) ;

3- Financement de la société civile et des partis politiques pour non seulement manipuler les masses mais également faciliter l’accession à la tête de nos États des individus sans fondement idéologique et sans une véritable vision de souveraineté pour nos États.

Dans ce cas particulier à savoir l’élimination des Leaders africains ( nigériens) par les services de renseignement américains, les services russe de renseignement Extérieur précise que ceux-ci ( service de renseignement américain ) auront recours à des individus, militaires ou officiers formés par eux. Autrement dit cette déclaration met à jour la fragilité de nos États Africains mais surtout de nos architectures de sécurité et Défense dont la plupart des acteurs sont issus de leurs écoles de formation. Le cas de WESTPOINT aux États-Unis ou encore de SAINT-CYR en France qui sont des écoles de formation par lesquelle sont passées bon nombre de nos Officiers , officiers supérieurs et officiers généraux de nos armées.

IV- COMMENT Y FAIRE FACE ?

la logique victimaire dans un monde où le rapport de force règne en maître dans les relations Internationales ne passe plus.

Alors comment devons-nous procéder pour répondre à une pareille agression contre notre souveraineté et notre droit à nous déterminer par nous-mêmes et non par quelqu’un d’autre. Personnellement, c’est dans le cadre des cercles de réflexion stratégique ou “THINK THANK” que cette problématique doit être débattu.

Mais en attendant, voilà déjà ce qui peut être fait :

1- Comme le Venezuela du président Maduro en 2020 qui pour faire face aux actions clandestines de la CIA ( Renseignement Américain) dans son pays avait mis sur pied un “Commando d’opérations spéciales” qui avait la capacité d’agir en n’importe quel endroit du pays 24h/24 et avait été chargée de contrer d’éventuelles actions subversives des USA au Vénézuela ;

2- Renforcer les moyens mis à la disposition des agences de renseignement mais spécialement celle du contre-espionnage ;

3- Renforcer la sécurité autour du Chef d’État et des leaders de la Révolution ;

4- Renforcer la sécurité autour des sites stratégiques ( Bâtiments publics, sites et réserves pétrolières etc…) ;

5- Maintenir la veille sécuritaire dans les grandes villes du pays en multipliant les patrouilles mixtes ( Police, gendarmerie, armée) ;

6- Continuer la mobilisation générale sur l’ensemble du territoire afin de signaler aux autorités sécuritaires toute attitude suspecte ( Pour le cas du Niger ).

Par Charly KENGNE