(Texte)
En 1806, Hegel crut voit en Napoléon l’âme du monde à cheval. Deux siècles se sont écoulés, Napoléon n’est plus, l’âme du monde n’est plus à cheval, elle poursuit ses pérégrinations de son propre chef. Je la vois aujourd’hui au Sahel, dans le Liptako Gourma, passant des frontières du Mali et du Burkina Faso, pour séjourner au Niger.Inouï, ce qui se passe sous nos cieux !La chape de plomb sous laquelle depuis treize (13) années le peuple nigérien suffoquait a été levée. Si le plus grand nombre, avec ferveur priait pour que cesse le calvaire, personne n’imaginait une fin si abrupte.Le régime tyrannique n’avait de cesse de d’embastiller, de bâillonner et d’entraver les citoyens, il n’avait de cesse d’agir sous le bouclier des armées occidentales, persuadé qu’il ferait ainsi souche. Mais c’est dans la soudaineté qu’il s’est éteint.Je vois dans le coup d’État du 26 juillet, l’action salvatrice de la Providence qui, se saisissant des injustices et des exactions, des intrigues et des manigances politiques, des misères civiles et des frustrations militaires, des suppliques et invocations citoyennes, les tourne en faveur du peuple.Le peuple nigérien, tel un volcan endormi, s’est réveillé. Ses éruptions ont placé le Niger au centre du monde. Dans quelle région du monde ne sait-on pas aujourd’hui que le Niger n’est pas l’appellation française du Nigeria anglophone, mais un pays maintenu dans l’ombre et l’indigence, dont le peuple à présent debout, face aux hégémonies franco-occidentales, mène avec bravoure, le combat pour la liberté, la souveraineté et l’indépendance ?
C’est à son peuple vaillant que le Niger doit sa reconnaissance dans le monde. C’est le coup d’État du 26 juillet qui révèle l’importance géopolitique et géostratégique de ce pays, de même que le paradoxal engouement des riches puissances de ce monde pour ce pays dit petit et pauvre.A la suite du Mali qui a ouvert la voie, du Burkina Faso qui a emboîté le pas, le Niger marche sur le chemin historique de la libération des peuples africains. Les circonstances le placent dans la singulière position où il doit à la fois protéger l’avancée de ses devanciers et assurer ses arrières.Incontestablement, en attendant l’union, le fait le plus prodigieux, est que le Niger ait réussi à susciter la solidarité continentale, du Cap Ennghela, le point le plus septentrional (Tunisie) au du Cap des Aiguilles, le point le plus méridional (Afrique du Sud), et de la Pointe des Almadies, le point le plus occidental (Sénégal) au Cap Hafun, le point le plus oriental (Somalie).Mais, la reconnaissance mondiale, la solidarité continentale et l’engagement dans la voie de la libération des peuples africains confèrent au Niger et à son peuples des responsabilités historiques sans précédent.Chaque Nigérienne, chaque Nigérien prenant la juste mesure des moments qui feront date, assumant les responsabilités dévolues par l’Histoire, doit se sentir investi (e) d’une mission pour son pays, sa patrie, son continent émergeant de six siècles d’assujettissement.
Farmo M.
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