Leçon publiée il y a 11 ans, le 9/11/2012 intitulée “Et si l’histoire n’était qu’une manipulation” – Extraite du livre : “Manuel d’initiation à la Pensée Critique” de Jean-Paul Pougala
Lorsqu’on pose la question : pourquoi cette phobie qu’ont les occidentaux contre la Russie ? La réponse est presque unanime : à cause de l’héritage de la menace que représentait ce pays durant la guerre froide. Ce qui est faux, bien évidemment.
Nous sommes là devant un des cas les plus hallucinants de la falsification de l’histoire moderne. Une histoire écrite à l’Ouest de 30 millions de soviétiques ukrainiens tué par Staline dans les goulags. Une information complètement fausse, mais savamment entretenue depuis son auteur Hitler, jusqu’à nos jours.
Pour reconstruire ce grand mensonge de l’histoire, il faut lire le chef d’œuvre du dictateur allemand Adolf Hitler publié en 1925, intitulé Mein Kaft dans lequel il écrit que l’Ukraine doit devenir une région pour garantir l’épanouissement et l’espace vital de l’Allemagne. La propagande Nazie va s’en saisir pour marteler qu’il fallait libérer ce territoire des « êtres inférieurs » pour permettre à la race allemande de s’épanouir.
Mais ce territoire est russe et communiste. Comment y parvenir ? C’est le début de la haine contre les russes. Pour y parvenir, Hitler va se servir de 3 personnes : Hearst, Conquest et Soljenitsyne.
Alors que pendant 60 ans l’histoire officielle en Occident avait toujours fait circuler une fausse version de l’image de Staline, il faudra attendre 9 ans après la chute du mur de Berlin pour que quelqu’un ait le courage de revisiter tout le mensonge de la centralité de l’histoire entre l’occident et la Russie.
Le premier à remonter à Hitler et rapprocher les 3 hommes au service de la propagande de dénigrement de Staline et l’URSS, pour la conquête de l’Ukraine c’est Mario Sousa qui publie en avril 1998 le résultat d’un recherche intitulée : « Les Mensonges sur l’histoire de l’Union Soviétique », très dense et documentés dans Proletären, le journal du parti communiste suédois KPML.
Pour Mario Sousa, Hearst est l’ami américain de Hitler est le plus important de cette manipulation de l’histoire, en mettant en jeu sa richesse et son empire médiatique.
William Randolph Hearst est un multimillionnaire américain, fils de Georges Hearst , sénateur américain, richissime propriétaire de mines et de plusieurs journaux de faits divers, dont le San Francisco Daily Examiner à la tête duquel il va nommer ès 1885 son fils, le prodige William, qui lorsqu’il devient ami de Hitler, il est en 1935, considéré comme l’homme le plus riche du monde, grâce à son empire des médias fait de 2 agences d’information, 12 stations radios 25 quotidiens et 24 hebdomadaires couvrant tout le territoire des USA, avec 13 millions de copies vendues chaque jour pour 40 millions de lecteurs, qui seront tous mis au service du fureur dans sa guerre psychologique contre l’Union Soviétique et son président.
Son influence est telle qu’il réussira à retarder l’entrée en guerre des USA contre Hitler. Pire, il réussira surtout à faire en sorte que les USA ne s’allient pas à l’URSS pour lutter efficacement ensemble contre Hitler et écourter la durée de la guerre.
Comment en est-on arrivé là ?
En 1934 Hearst fait un voyage en Allemagne où il rencontre Hitler qui lui expose ses idées sur la nécessité vitale pour l’Allemagne d’envahir l’Ukraine et d’en faire le grenier du pays. Lorsque Hearst rentre aux USA, ses 40 millions de lecteurs quotidiens de faits divers seront servis par une nouvelle littérature contre l’Union Soviétique. Et pour écrire les articles les plus abominables contre l’Union Soviétique, Hearst ne va pas passer par quatre chemin pour recruter un journaliste, il va tout simplement publier et régulièrement les articles que lui envoie Goering, le bras droit de Hitler.
Tous les deux vont expérimenter une technique de manipulation et de diabolisation qui sera ensuite utilisée contre l’Afrique et ses dirigeants chaque fois qu’ils ne seront pas suffisamment dociles : il s’agissait de projeter dans l’imaginaire collectif de l’opinion publique américaine l’idée des dirigeants soviétiques, tous gangrénés par la corruption, et le peuple extrêmement pauvre à cause de ses dirigeants incapables.
Les gros titres étaient fournis directement par la gestapo, la police secrète nazie. Le 18 février 1935, à la Une du Chicago American, il y al titre : 6 millions de morts de famine en URSS.
Lorsque Hearst meurt en 1951, grâce à son empire qui compte désormais 100 quotidiens et emploie 15.000 personnes, il a réussi à mettre les bases de la guerre froide basée sur la peur de l’Union Soviétique. C’est la CIA qui va récupérer son héritage et relancer de plus belle.
Lorsque Ronald Reagan arrive au pouvoir comme président des USA de 1981 en 1989, il a besoin de faire passer ses reformes ultralibérales, pour déréguler l’économie américaine et donc, créer plus de précarité, avec moins de la présence publique. Pour y parvenir sans susciter de remous de ses citoyens, il ira pécher dans la presse nazie de Hearst, la fable des morts de famine en Union soviétique.
Cette fois-ci, il frappe plus fort que Hearst, et fait passer ses précédents 6 millions de morts à 15 millions de famine, en plus de 11 millions de morts de la torture socialiste, à travers 2 initiatives de manipulation, extraordinaires : l’université pour la crédibilité académique du mensonge et le cinéma pour cimenter et inscrire le mensonge dans le marbre de la pensée populaire comme vérité absolue. Il vient de Hollywood comme acteur et donc, il connait la force du cinéma.
C’est ainsi qu’en 1984 c’est un professeur de la prestigieuse université américaine de Harvard de Boston qui va publier un livre du titre : « Human Life in Russia » (ou la vie humaine en Russie), deux ans après, en 1986 c’est un ancien membre des services secrets britanniques, devenu professeur d’histoire à l’université américaine de Stamford en Californie, un certain Robert Conquest qui va encaisser la somme de 80.000 dollars pour avoir mis sa signature sur un livre intitulé : « Harvest of Sorrow » ou la Moisson du Désespoir, qui sera interprété au cinéma la même année avec le titre « Harvest of Despair », ou bien la Moisson du Désespoir.
La même année, Conquest est récompensée, puisqu’il est recruté par Ronald Reagan en personne pour écrire un texte pour préparer le peuple américain à une pseudo invasion russe. Ce texte sera intitulé : « Que faire quand les Russes arrivent – un manuel de survie ».
Mais qui est ce professeur d’histoire dénommé Conquest ? Pour le savoir, il faut fait un saut en arrière de 10 ans pour lire dans le journal Britannique The Guardian du 27 Janvier 1978 qu’à l’IRD (Information Reseach department) des services secrets britanniques, il travaillait du département chargé de la désinformation sur l’ Union Soviétique, c’est-à-dire que son rôle était de fabriquer de fausses histoires croustillantes pour les politiciens et journalistes occidentaux pour dénigrer l’Union Soviétique.
Dans ce même journal, The Guardian va plus loin et révèle qu’il y avait plus de 100 journalistes qui à travers leurs articles faisaient semblant d’avoir été sur le terrain de la prétendue terreur en Russie, mais qui au fond fabriquaient tous leurs articles à partir des fausses informations fournies par le bureau de Conquest. Et parmi ces journaux, The Guardian cite : Le Daily Mirror, The Times, le Financial Times, The Economist, le Daily Mail, The Express, The Guardian lui-même et bien d’autres encore.
Tout ce mensonge ne va pas laisser indifférent un homme, c’est un journaliste canadien du nom de Douglas Tottle qui écrira en 1987 un livre intitulé : « Fraud, Famine and Fascism » ou Mensonge, famine et fascisme. Et un sous-titre tout aussi évocateur : « la fable du génocide ukrainien d’Hitler à Harvard ».
Dans ce livre, Tottle démonte point par point les mensonges qu’on a servie à la population américaine pour eau bénie.
Il montre par exemple que les photos que Hearst avaient publiées à la Une de ses journaux et reprises par les professeurs universitaires étaient en réalité des photos provenant ou de la guerre civile russe de 1917 ou des morts américains de l’épidémie de la fièvre espagnole qui avait fait 20 millions de morts de 1918 à 1920 en Europe et aux USA.
Quel est l’écrivain Russe le plus plébiscité en occident ? C’est Alexandre Soljenitsyne, récompensé même par un prix Nobel de la littérature. Mais lorsqu’on sait que le Nobel attribué au camp ennemi comme celui de la Paix au chinois Liu Xiaobo en 2010, pour son livre « L’Archipel du goulag »
Soljenitsyne va gagner le prix Nobel de littérature 1970. Il doit remercier l’occident pour ce prix. En 1974, il renonce à la nationalité russe et émigre en Suisse, puis aux USA où dès l’année d’après, c’est-à-dire le 15 Juillet 1975 il doit parler au Congrès Américain, devinez de quoi ?
Bien sûr pour dénigrer son pays. Soljenitsyne se trouvait un peu dans le même piège de plusieurs africains de la diaspora qui pour remercier les pays hôtes de les héberger, se mettent dans une posture permanente de réfugiés virtuels qui doivent dénigrer leur pays d’origine constamment pour avoir le « benestare » du pays hôte.
Comme Liu Xiaobo qui soutenait Bush pour sa guerre en Irak, Soljenitsyne milite pour que les USA attaque encore le Vietnam, parce que pour lui, la défaite de la Nation américaine contre des communistes de Vietnam et tout simplement inacceptable.
Surtout que, selon lui, il existerait des milliers de soldats américaines encore prisonniers au nord du Vietnam.
Ce sont ses mensonges qui vont inspirer les films Rambo. Il regrette que le Portugal qui est un pays civilisé de l’Occident a pu donner l’indépendance à des pays incivilisés comme l’Angola et le Mozambique.
Mais là où Soljenitsyne, va faire encore plus fort c’est le 20 mars 1976 lorsqu’à la chute du dictateur espagnole Franco il va en Espagne pour mettre les espagnoles en garde contre le socialisme qui risquait de remplacer le fascisme de Franco, à la transmission Directissimo et repris le lendemain 21 mars 1976 au journal télévisé de la télévision ABC, il déclare que le socialisme avait tué 110 millions de russes.
Le mensonge de Hearst de 6 millions de morts était arrivé à 15 millions de Conquest et maintenant, il était devenu 110 avec le nouveau chouchou de l’occident Soljenitsyne, avec une inflation des mensonges contre son pays.
Voilà comment 3 personnages pour 3 raisons différentes ont pu contribuer à la falsification d’une histoire qui conditionne le présent des deux pays les plus armés au monde.
Mais surtout, voilà comment un dictateur comme Hitler honnis par les livres d’histoire peut continuer de vanter la paternité d’un positionnement stratégique de l’occident qui lui voue une fidélité à sa politique en continuant à haïr l’ennemi qu’il s’était fabriqué pour les besoin de sa politique macabre.
Jean-Paul Pougala (diplômé de l’école de la rue africaine)
Genève le 09/11/2012(re-publié le 1er/04/2023)
P.S : la photo a été prise en 2005 (il y a 18 ans) dans la ville chinoise de Harbin, à la frontière avec la Russie, où j’avais déjà compris que de la Chine vers la Russie, on pouvait gagner beaucoup d’argent, comme 18 ans plus tard, en 2023. Nous en parlerons au prochain Conseil de Guerre de Guangzhou dans 13 jours, le 14 avril 2023