Les guerres s’enclenchent dans le monde. Plus proches de nous et sans répit, elles passent d’un continent à l’autre. Hier, c’était l’Asie. L’Indochine a connu des moments dramatiques que le monde dit civilisé a vite oublié. Puis, comme pour donner de l’élan à sa mission civilisatrice, le Proche-Orient a subi des bombardements meurtriers des maîtres du monde où la démocratie est bienveillante. Les drames humains, les pleurs, la pauvreté et l’impuissance des victimes n’ont pas freiné l’ardeur des conquistadors du monde unipolaire occidental.
Puis vint le djihadisme. Une armée de l’ombre financée par des clans anonymes se réclamant d’une mission divine. Mais de quel Dieu parle-t-on ? Les croisades n’ont pas suffi à calmer les ardeurs de l’Occident. Aujourd’hui, c’est au tour de l’Afrique qui ne s’est toujours pas remise de l’esclavage et du colonialisme. Elle subit toujours le néocolonialisme qui a pour mission de maintenir tout un continent dans la soumission. Toute cette barbarie se répand est en phase de métastase dans le continent.
Le monde civilisé peut-il se regarder sans mauvaise conscience ? Si la conscience, telle qu’elle est définie dans les manuels est un organe, alors l’Occident l’a copieusement inhibée. Cette hypothèse s’explique par la capacité des maitres du monde à instaurer hors de ses frontières des guerres qui déstabilisent les pays faibles. Un climat de terrorisme fait surface et poussent les populations à fuir leurs pays pour des paradigmes imaginaires où ils ne sont pas les bienvenus.
La conscience universelle prodiguée dans les écoles n’a aucun écho face aux guerres savamment entretenues par les puissants. La conscience universelle serait-elle donc un leurre pour masquer les atroces besognes qui maintiennent les pays pauvres dans une illusion paradisiaque où Dieu changera le cours de l’histoire ?
Les coups d’Etats en cours en Afrique sont-ils un soubresaut de liberté et d’insoumission aux forces exogènes ? Les manifestations en cours semblent traduire un ras-le-bol des populations face aux pouvoirs politiques en Afrique. Ces politiques répressives n’ont apporté jusqu’ici que l’amertume et la désolation auprès des populations.
L’Afrique va mal. Les modèles de développement imposés depuis les indépendances ne sont plus supportables. Les pouvoirs politiques en place, aux ordres de leurs maitres, sont rejetés par les populations de plus en plus politisées. L’information est à portée de main avec les réseaux sociaux. La pauvreté s’est installée. Elle s’est normalisée au point de convaincre les victimes que c’est la volonté divine qui le veut. Mais s‘il y a un Dieu universel, est-il imaginable qu’il ait choisi un camp ? La situation en cours dans le monde et plus particulièrement en Afrique nous laisse perplexe. Le monde a besoin d’amour, entend-on dans les discours politiques et des ONG occidentales qui relaient quotidiennement le mensonge. Mais la vérité est tout autre. Les puissants sont décidés plus que jamais à écraser la vermine, c’est-è-dire les pays pauvres.
Dans ce contexte, les esprits qui s’éveillent en Afrique trouvent un écho très favorable auprès des populations trop longtemps marginalisées et étouffées. Nous devons nous réjouir de ce vent de contestation qui souffle et qui fait baver d’impatience. L’Afrique a soif de liberté. Une liberté inconditionnelle et sans équivoque pour jouir de ses droits les plus élémentaires tels que manger, boire, apprendre, se déplacer, etc. Les soulèvements en cours impulsent une nouvelle dynamique dans toute l’Afrique. C’est un éveil généralisé pour les consciences façonnées dans la brimade, la torture et le lavage des cerveaux.
La jeunesse dans la rue au Burkina Faso, au Mali ou au Niger traduit l’exaspération du continent. Ces mouvements de protestation vont faire tache d’huile pour mettre fin à une relation tronquée entre les dirigeants en poste et leurs mentors en Occident. Les droits élémentaires ont été confisqués depuis longtemps en Afrique et à l’homme noir, au nom d’une mission civilisatrice qui réduit à l’esclavage moderne tout un continent. La conscience universelle si chère à l’Occident a-t-elle un sens en Afrique ?
La communauté internationale, gardienne de la conscience universelle, a échoué dans sa prétendue mission civilisatrice. La désolation semée dans le moindre recoin du monde est abominable. Il est temps que l’humain, quel que soit le continent et la couleur, jouisse des mêmes droits et devoirs, dans un esprit de fraternité et d’amour.
Par Michel Lobé Étamé
Journaliste Indépendant