Alors que les sanctions internationales empêchent toujours les Russes d’avoir accès au réseau de paiement SWIFT, Moscou semble avoir changé son fusil d’épaule. Le gouvernement souhaite désormais expérimenter avec la blockchain, une stratégie jusque là écartée par Vladimir Poutine.
La Russie s’appuiera-t-elle sur la blockchain pour remplacer SWIFT ?
En février dernier, les banques russes ont été exclues du système de paiement interbancaire SWIFT par décision de la communauté internationale. La manœuvre avait pour but d’accélérer la résolution de la guerre en Ukraine, en étouffant économiquement la Russie.
Mais quatre mois plus tard, la situation s’est enlisée, et la Russie cherche semble-t-il à développer des alternatives. L’organisation gouvernementale Rostec, qui rassemble plusieurs entreprises locales du secteur de la Tech, annonçait en effet ce mois développer un système pour permettre des paiements bancaires internationaux. Ce type de solutions existe déjà, notamment en Chine. Le pays avait lancé son système de paiement interbancaire international en 2015, baptisé CIPS.
Registres distribués et portefeuille numérique
En Russie, le projet en cours s’appelle CELLS, et il reposera vraisemblablement sur la blockchain. Selon un communiqué de Rostec, le système, développé par le Novosibirsk Institute of Software Systems (NIPS), utilisera des registres distribués qui permettront de prendre en compte diverses devises fiduciaires.
CELLS ira cependant plus loin que SWIFT : il permettra à ses utilisateurs de créer des portefeuilles pour stocker des devises numériques, toujours selon le communiqué. En termes de capacité, Rostec vise les 100 000 transactions par seconde, tout du moins initialement.
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Une volte-face pour le gouvernement russe ?
Ces dernières semaines, on sent que le vent tourne en Russie du côté des technologies associées à la blockchain. En début d’année, la Banque centrale du pays s’était montré encore une fois hostile au secteur, suggérant même d’interdire tout simplement les cryptomonnaies. La Douma était de son côté plus mesurée, mais pas particulièrement ouverte au sujet.
Serait-ce en train de changer ? Alors que l’Ukraine a dès les premiers jours du conflit intégré une stratégie basée sur les cryptomonnaies, la Russie pourrait suivre. En mai dernier, un membre du ministère des Finances expliquait ainsi :
« L’idée d’utiliser des monnaies numériques pour des réglements de transactions internationales est en train d’être activement évoquée.“
La Banque centrale suit le mouvement
Cela a par ailleurs été confirmé par un revirement surprise du gouverneur de la Banque de Russie, Elvira Nabiullina. Historiquement très anti-crypto, elle a affirmée la semaine dernière à nos confrères de RBC que les cryptomonnaies pourraient être utilisées pour des paiements internationaux. À une condition cependant : que ces dernières ne soient pas intégrées au système financier interne de la Russie. Nabiullina expliquait ainsi :
« Les cryptomonnaies ne devraient pas être échangées sur des places de marché organisées, car ces actifs sont trop volatils, trop risqués pour de potentiels investisseurs. »
Trop risqués pour des investisseurs donc, mais pas forcément pour épauler l’économie russe, qui souffre désormais grandement de son isolement international ? Cet aveu de la Banque centrale du pays montre qu’en Russie aussi, les choses sont en train de changer.
Sources : Rostec, Reuters, RBC