La campagne présidentielle prend en France des tournures inquiétantes. Pour rallier les électeurs, les candidats déclarés sont prêts à tout. Leur conception de l’identité nationale n’aborde que les questions liées à l’ethnicisation et à la migration. Elle sont au centre de toutes les agressions verbales « tolérées », au nom de la liberté d’expression si chère en démocratie.
Nous avons vu et entendu, tour à tour, des qualificatifs peu glorieux à leur endroit. En bref, si la France est « malade », c’est à cause de l’immigration sauvage et incontrôlée. Certains candidats en ont fait leur thème de campagne. C’est le cas d’Éric Zemmour, très souvent repris par les candidats de droite et des extrêmes.
Chaque candidat est à la recherche d’un mouton à cinq pattes. Mais, existe-t-il vraiment ? La vérité est que le climat social est délétère. Le seul consensus des partis de droite est et reste l’immigré. Dans cette catégorie de la population, il y a les noirs et les maghrébins. Exit les autres communautés. Il n’est donc plus utile de diaboliser Zemmour pour ses bévues malgré ses condamnations judiciaires. Tous les partis, la gauche comprise, ont trouvé leur bouc émissaire. Si la France va mal, c’est la faute de l’immigré.
Le débat se focalise sur l’immigration et le grand remplacement pour échapper aux thèmes majeurs de l’inflation, du logement et de la pauvreté galopante. Tout le monde s’y engouffre. Les médias s’y prêtent de bon cœur. Les chaines de télévision privée accordent un temps d’antenne excessif aux candidats dont le seul message est la haine et le racisme décomplexé pour mieux répandre leur venin.
C’est à ce niveau que l’on ressent un malaise. Car dans leur campagne de diabolisation des minorités, françaises ou pas, les échecs économiques et sociaux ont trouvé leur bouc émissaire. Ils veulent leur faire porter la responsabilité des échecs des présidents de la cinquième république.
Ces opportunistes ont tort. Il faut leur rappeler que lors de la première et deuxième guerre mondiale qui a secoué l’Europe, les contingents africains, arabes et noirs, ont participé activement, au péril de leur vie, à sauver la France et l’Europe. Les immigrés de souche européenne ont été absents. Leurs parents ont combattu dans les lignes ennemies.
On peut donc s’étonner de voir des traîtres et des lâches dénoncer aujourd’hui les descendants de ceux qui ont sacrifié leur vie pour la France. Les falsificateurs de l’histoire dont Éric Zemmour est le digne représentant, transgressent la vérité. Ils sont suivis par des extrémistes peu soucieux de la vérité et qui s’accrochent dans un wagon qui pue une haleine fétide.
Les discours haineux et méprisants des politiciens français ne sont pas nouveaux. Qui ne se souvient de Jean-François Copé, lors d’un campus d’été de l’UMP plaisantant avec un jeune homme, Amine, juste avant qu’une dame explique : « Il est catholique, il mange du cochon et il boit de la bière ».
Et Brice Hortefeux, alors ministre de l’intérieur, de répondre : « Ah, mais ça ne va pas du tout, alors, il ne correspond pas du tout au prototype. – C’est pas du tout ça. – C’est notre petit Arabe, explique la dame. – Bon, tant mieux, dit M. Hortefeux. Il en faut toujours un. Quand il y en a un, ça va. C’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes.
Ces propos viennent nous rappeler le climat nauséabond des certains politiciens, de gauche comme de droite, capables de pactiser avec le diable pour se faire élire.
Certaines chaines de télévision et de radio sont réputées. Elles invitent des femmes et des hommes peu « fréquentables » pour améliorer leur audimat. La période électorale s’y prête bien. Les jours à venir nous réservent bien des surprises, alors que la guerre fait rage en Ukraine où, une fois encore, les étudiants africains sont condamnés à se terrer chez eux. Ils n’ont pas droit, comme les autres communautés et les ukrainiens, de fuir les bombes russes.
Par Michel Lobé Étamé
Journaliste Indépendant