La CAN va débuter le 9 janvier 2022 et prendra fin le 6 février. Un mois qui va mobiliser tout un continent à la recherche de son identité. Beaucoup s’interroge sur cette grande messe sportive qui va se dérouler au Cameroun où elle a déjà été reportée.
L’Europe, qui est le centre du monde en matière footballistique ne voit pas d’un bon œil ce tournoi qui la prive de ses ouvriers gracieusement payés par leurs clubs respectifs. Et certains managers de clubs le font savoir. Des menaces pèsent sur certains joueurs qui doivent choisir entre leurs clubs et leurs patries.
Mais soyons réalistes et ne nous voilons pas la face ! Le football est une entreprise soumise aux règles brutales du capitalisme. En conséquence, les joueurs appartiennent, corps et âmes à leurs employeurs. C’est une évidence que nous ne saurions nier. Dès lors, pourquoi s’offusquer quand l’entraineur de Liverpool qualifie la CAN de petit tournoi ? Il dit tout haut ce que l’élite européenne pense.
L’empressement des médias africains à critiquer les contorsions verbales du président de la FIFA, ajoutées aux manœuvres de l’European Club Association (L’ECA) au sujet de la CAN confirment la naïveté exécrable des dirigeants de notre continent.
Le football est une industrie qui génère de l’argent. C’est une entreprise qui a un actif et un passif. En libérant les joueurs professionnels pour la CAN, les clubs européens se privent de leurs employés qui font tourner la « machine ».
Comme toujours, nous ne tirons aucun enseignement de nos échecs. Nous exportons des footballeurs et nous sommes incapables d’organiser des championnats professionnels dans nos pays. Le football africain est à l’image des entreprises nationales. Elles sont fatalement condamnées à l’échec car ses dirigeants sont incapables de mettre fin à des pratiques misérables qui tirent l’Afrique vers le bas. La corruption et le népotisme brisent tous les élans.
Au Cameroun, qui se souvient qu’un enfant du pays, Eugène Njoh Léa avait un projet pour donner une nouvelle dynamique au football ? Ce projet avait pour vocation le bien-être du footballeur, sa dignité et sa sédentarisation sur le continent. Eugène Njoh Léa était convaincu et à juste titre, que le football professionnel était un projet qui réhabiliterait le sportif africain.
Son projet a été torpillé comme tous ces projets qui ne débouchent sur rien et qui n’attisent que l’appétit des hommes du pouvoir. Le football, comme les autres secteurs d’activité, devrait obéir aux lois du marché. Il est condamné à se professionnaliser et à redonner aux footballeurs africains leurs dignité.
La CAN apportera sans doute un peu de réconfort à des populations médusées, désespérées et incrédules. Mais elle devrait surtout réveiller les esprits pour les combats de souveraineté et de bonnes gouvernances dans un continent où le bien-être est réservé aux seules élites.
Par Michel Lobé Étamé
Journaliste Indépendant