Les guerres programmées dans les pays pauvres sont insoutenables. Elles ne se justifient pas. Elles marquent, une fois de plus, les appétits dévorants des grandes puissances pour imposer des régimes corrompus sous des soi-disant démocraties.
Ces guerres lointaines s’invitent aujourd’hui en Europe. Elles se traduisent par la ruée des migrants qui veulent échapper à des systèmes tyranniques et à des guerres qui détruisent et affament les peuples. Et qui portent la responsabilité de ces guerres sans fin ? Les grandes puissances, évidemment.
Beaucoup s’étonnent de voir des enfants, des femmes et des hommes former des colonnes, sous un hiver rude, pour traverser des frontières barbelées. Ils ignorent tout du parcours de ces jusqu’aux boutistes préparés à affronter la mort. Car, celle-ci ne leur fait plus peur. Ils amènent avec eux les rares souvenirs d’une vie sacrifiée.
Et si nous nous posions les bonnes questions ?
Pourquoi ces exodes ? La réponse n’échappe à personne, sauf à ceux qui ont tout à gagner à provoquer les guerres et à soutenir les dictatures. Dans le premier cas, les marchands d’armes se frottent les mains. Ils créent des conflits et répandent la mort. Et dans le deuxième cas, les autocraties bradent leur souveraineté et leurs richesses endogènes à de vils prix. Elles s’assurent alors des règnes longs et des successions monarchiques pour ne pas être jugées par leurs peuples.
Dans les eux cas, le peuple est la victime désignée. Sans aucun espoir du lendemain, les exodes, que nous considérons comme des émigrations, frappent aux portes de l’Europe. Ici aussi, nous ne pouvons ignorer que les pouvoirs politiques des pays pauvres y trouvent leur compte. A l’occasion, ils exportent leurs citoyens et se débarrassent des chômeurs, des forces vives qui devraient participer activement au développement. A cela s’ajoute le chômage de masse des jeunes diplômés exclus à vie du monde de travail. Cette jeunesse sans avenir est prête à tout. Elle pactise avec le diable pour sortir d’un pays sans perspectives.
L’Europe, une bouée de sauvetage ?
L’illusion reste le seul domaine où l’espoir s’entretient. L’Europe gère ses victimes du Covid. La mort de 27 personnes dans une embarcation fragile a sonné comme le tocsin devant sa porte. Les morts anonymes ont-ils réveillé les consciences ? Nous en doutons. L’exode va se poursuivre, malgré la théorie complotiste du « grand remplacement » des populistes qui défendent une vision ethniciste de l’Europe.
La Méditerranée a englouti des milliers de morts sans réveiller les consciences. Mais les traversées continuent. Tant que les drames n’éveillent pas les consciences, rien n’arrêtera les migrants qui fuient les guerres, le chômage, les injustices et l’indifférence des régimes politiques des pays en guerre et « pauvres ». Les frontières européennes sont aujourd’hui confrontées à des migrants qui ont vendu jusqu’à leur sang pour rejoindre le vieux continent. Les barbelés et les coups de fusils n’auront pas raison de leur détermination.
La Manche et la Méditerranée sont devenues des sépultures qui engloutissent des milliers de morts en période de paix en Europe sous l’œil bienveillant des marchands d’armes dont les bénéfices ont atteint des niveaux records cette année où le Covid-19 s’installe durablement.
Par Michel Lobé Étamé
Journaliste Indépendant