La diversité des opinions est une source de richesse incommensurable dans le débat politique. Nous avons pu admirer la prestation de l’ancien bâtonnier, Maitre Yondo Black Mandengué, lors de son passage sur la chaine de télévision privée Equinox TV. Qu’avons-nous retenu de ce grand nationaliste et panafricaniste ? Il a su nous offrir un bouquet historique de la vie politique du pays depuis la guerre de l’indépendance à nos jours.
Maitre Yondo Black Mandengué a fait montre d’un talent et d’une maitrise qui ont surpris plus d’un. Dans un vocabulaire châtié et simple, puisé dans le langage de l’être, nous avons cerné sa décontraction, son discernement, son assurance et sa maitrise. Jamais, il n’est rentré dans l’invective et les insultes qui caractérisent les débats houleux qui se déchainent sur les plateaux de télévision. Nous étions à des années lumières des débats où un vocabulaire immonde, malsain, scandé d’approximations et toxique nous ramène bien souvent et malgré nous à nos promptitudes. Maitre Yondo Black Mandengué devrait inspirer nos débatteurs singuliers qui, à longueur de journée, fourbissent leurs armes pour flinguer les opposants dont ils se réclament. Dans cette cacophonie exécrable et puante, ces « intellectuels d’occasion » se pourfendent en défenseurs de la démocratie et de la liberté d’expression. Mais ils ne sont rien de tout cela. Ils éprouvent un malin plaisir à exhiber leurs « diplômes » pour masquer leur incompétence et leur folie qui en font de grands malades mentaux.
Parler sans s’énerver
Les opinions de chaque parti politique sont assumées et diverses. Mais elles reposent sur des convictions basées sur une idéologie. Le combat politique peut ainsi éclairer sur des approches différentes. La vie politique est ainsi faite. L’expression orale permet alors de se faire comprendre et de faire adhérer ceux qui doutent ou qui ont du mal à se décider. C’est ce qui caractérise la vie politique. Nous l’avons bien compris lors du passage de Maitre Yondo Black Mandengué tout au long de son brillant exposé sur Equinox TV. Son discours a été clair, limpide, chatoyant et sans équivoque. Son statut d’opposant a fait de lui un homme libre qui se bat depuis des décennies pour la démocratie et un multipartisme responsable. Sa verve de grand patriote n’a pas laissé place au doute car il ne réclame aucun poste, aucune médaille et encore moins une enveloppe d’argent. Il a été tout simplement brillantissime, clair et engagé.
Maitre Yondo Black Mandengué a choisi son camp. Sans condition. Car il prêche pour un Cameroun uni, fraternel et solidaire. Un Cameroun débarrassé d’une guerre absurde qui tue sans distinction. Son message a été clair. Et pour voir un jour ce rêve se réaliser, il a fait son choix : Maurice Kamto.
Le choix de Maurice Kamto ne relève pas de l’arbitraire, d’une sensibilité ou d’un sentiment d’appartenance. Il révèle un choix de légitimité démocratique d’un homme qui apprend du présent pour préparer l’avenir. Ce choix est murement réfléchi car il porte sur un homme aux épaules larges pour un pays exsangue où la peur, la maladie et la pauvreté continuent à faire des ravages. Un pays où son chef principal dirige par décrets s’il est toujours bien vivant.
Dans son dernier essai « Et Maintenant … Maurice Kamto », Maitre Yondo Black Mandenguè dresse le tableau élogieux d’un homme d’État dont la carrure évoque les grands hommes dont les combats politiques ont marqué l’histoire de notre continent.
Nous avons eu droit à un discours conciliant, fraternel et osé aux antipodes du silence vibrant qui caractérise le locataire du palais d’Etoudi.
En effet, peut-on imaginer, dans un siècle où les médias pilonnent l’information à longueur de journée, que le président camerounais, Paul Biya, soit camouflé dans son palais et dirige à coup de décrets ? Au Cameroun plus rien n’étonne et tout est possible. Même les absences et les disparitions de longues durées du chef suprême.
Imaginez un pays où le citoyen demande des comptes à son président ! Seules « les hautes instructions » du chef de l’État, en guise de réponse, résonnent comme des tonneaux dans nos oreilles. Le management à distance où le télétravail obéissent à des situations de circonstance car la covid-19 nous oblige à la distanciation. Le Cameroun est-il aussi confiné politiquement ?
Paul Biya a-t-il saisi cette pandémie pour mieux prendre le large qu’il n’a jamais quitté ? Nous n’en doutons pas. Ce mode de gouvernance est l’expression directe des autocraties où la transparence est un vain mot. Seul Dieu décide. L’homme devient alors une chose, un machin qui est manipulé et vidé de sa raison.
Le message de Maitre Yondo Black Mandenguè est on ne peut plus clair. Il faut réveiller les consciences tétanisées et endolories. Nous avons cette chance. Ne la gâchons pas.
Par Michel Lobé Étamé
Journaliste Indépendant