Le Noir n’a pas encore compris qu’elle est la place que nous autres Blancs sommes prêts à lui accorder dans notre société civilisée. Il est impensable pour certains d’entre nous qui avons vécu la période coloniale et qui avons apporté la civilisation dans ces pays où l’histoire ne s’écrit nulle part ailleurs que dans la barbarie la plus éculée de laisser un Noir exercer en France une quelconque autorité sur les Blancs. Je comprends que notre confort de vie puisse faire des envieux mais je ne peux me permettre d’endosser l’habit de traître qui assurerait la promotion d’un Noir au statut de Cadre. Jamais au grand jamais, les salariés blancs ne comprendraient le sens d’une telle décision et encore moins ne s’accommoderaient d’une telle trahison. Franchement, que veut dire encore être Blanc si les Noirs doivent venir nous commander chez nous ? Être diplômé de l’enseignement supérieur est une chose et exercer le pouvoir de commandement sur des salariés blancs en est une autre. Malgré vos diplômes, n’oubliez pas, Monsieur GABAROUM, que vous êtes Noir. L’essentiel pour vous, en choisissant de vivre en France, si je ne me trompe, c’est d’abord de gagner votre pain. Oubliez donc vos diplômes. Je vous propose, si vous êtes d’accord, un poste d’ETAM (Employés, Techniciens et Agents de Maîtrise) ce qui pour un Noir n’est déjà pas rien. Vous avez 48 heures pour nous faire connaître votre décision.» Comble de l’absurde, les préjugés racistes disséminés dans le temps et dans l’espace ont été ainsi convoqués et instrumentalisés par l’Alliance RENAULT-NISSAN-MITSUBISHI MOTORS pour en faire un collier d’opprobre pour l’Afrique et pour les Français d’ascendance africaine.
Le 1er janvier 1985, en dépit de ces douloureuses péripéties, Laurent GABAROUM accède au statut de Cadre par la grâce du Président Directeur Général de l’époque, Monsieur Bernard HANON, qui l’a reçu et a considéré sa situation inadmissible. Laurent GABAROUM est affecté à la Direction du Personnel Ingénieurs et Cadres (DPIC) du Groupe Renault. Premier Noir à être parvenu aussi haut dans l’appareil de gestion des Cadres du Groupe Renault depuis sa nationalisation-sanction en 1945, Laurent GABAROUM s’imagine déjà être le modèle d’intégration réussie version Renault mais ce ne sera finalement qu’un miroir aux alouettes. Coupable de ne pas avoir la couleur de peau de référence de l’establishment traditionnel de la Direction du Personnel Ingénieurs et Cadres du Groupe Renault, ce sera l’occasion pour Laurent GABAROUM d’être confronté à des préjugés et injures racistes, notamment de rencontrer le diable en costume trois pièces dans les allées du pouvoir managérial de l’Alliance RENAULT-NISSAN-MITSUBISHI MOTORS qui prend un malin plaisir raciste à humilier le «Français de papier». Alors que Laurent GABAROUM se pense Cadre, l’Alliance RENAULT-NISSAN-MITSUBISHI MOTORS l’accueille en primate prompt à pousser le simiesque «cri de Tarzan» dans la jungle, une banane à la main, se balançant aux branches des arbres de la Place BIR-HAKEIM, siège de la DPIC à BOULOGNE BILLANCOURT, et sautant d’une cime à l’autre pour atterrir dans son bureau, pendu au bout d’une liane.
Peut-on être Noir et néanmoins Français? Oui, si l’on en croit le bon sens républicain le plus élémentaire et les règles de droit en vigueur en France. Non, si l’on en croit l’Alliance RENAULT-NISSAN-MITSUBISHI MOTORS pour qui «La poule n’a jamais pondu d’œufs noirs». Noir, Laurent GABAROUM ne pouvait qu’être travailleur immigré. Français, il aurait été blond. C’est le règne du sophisme. La couleur de peau devient un critère de francité. Dur, dur pour Laurent GABAROUM contraint de se défendre notamment par une grève de la faim. La virtuosité manipulatrice de l’Alliance RENAULT-NISSAN-MITSUBISHI MOTORS et sa capacité à se fourvoyer dans un marketing du mensonge pour dissimuler sa face cachée forçait l’admiration. La peur du «grand remplacement» aidant, faute de pouvoir expulser par vol charter «l’immigré africain à passeport français» vers son pays d’origine, l’Alliance RENAULT-NISSAN-MITSUBISHI MOTORS organise, grâce à des relais et à des réseaux de complicités amies, sa reconversion forcée en agriculture pour un retour définitif en Afrique noire afin d’aider à «nourrir ses frères africains qui crèvent la faim».(la suite dans la 3ème partie)
Laurent GABAROUM