Le 9 mars 2019 est une date qui marquera durablement la mémoire des membres des mouvements diasporiques camerounais de Marseille et ses environs. Le nouveau Consul, Mr I. Bertin BIDIMA   recevait en effet dans la salle des actes de l’institution diplomatique dont il a la charge, les représentants des différentes communautés camerounaises de sa circonscription immédiate. Un moment de vifs échanges et de vérité autour de la problématique du ‘vivre ensemble’, celle qui arrive à une période où la vie au Cameroun est traversée par des menaces de tous genres et qui semblent dessiner un péril camerounais si rien n’est fait. Un péril camerounais dont les contours se forment d’abord autour d’une crise politique, et ensuite autour des crises sociales qui se superposent et qui se généralisent. La crise politique renvoie au problème anglophone et elle naît en réalité d’un problème artificiel de rivalités entre les français et le anglais que le Président AHIDJO voulait assimiler à un tout homogène. Les crises sociales sont l’expression des formes variées de violences aveugles de la secte islamique Boko Haram au Nord du pays, des débordements des violences centrafricaines à l’Est , à la guerre qui sévit dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest et dans laquelle l’État est engagé à faire taire les velléités sécessionnistes d’une minorité anglophone, à la résurgence épisodique des exactions des coupeurs de route dans l’Adamaoua et quelques autres circonscriptions de la région du Nord touchées par des groupements armés qui exigent des rançons et du bétail.

L’emballement des crises qui se succèdent au Cameroun ajoute aux risques liés aux crises précédentes, les risques de replis identitaires, et parmi eux, ceux qui exacerbent et instrumentalisent l’ethnie et l’appartenance ethnique.

La crise camerounaise qui se généralise, dépasse aujourd’hui les limites du contour du territoire national, elle est lisible et visible dans les réseaux sociaux où les acharnements se font avec une grande violence, elle est mouvante et se diffuse désormais dans et au sein des communautés camerounaises de la Diaspora, des communautés organisées en mouvements diasporiques avec des finalités différenciées. La dynamique de diffusion de la crise sociale camerounaise au sein des communautés des mouvements diasporiques se manifeste à bas bruit.

Les camerounais de la Diaspora, en vertu du lien que chacun établit avec sa famille restée au Cameroun, avec son quartier ou son village d’origine, mesurent bien plus aujourd’hui le degré de résilience auquel ils font face depuis des décennies. Le vivre ensemble n’est plus seulement un concept creux, c’est une réalité que les uns et les autres doivent expérimenter pour éviter le péril qui se dessine.

La rencontre des représentants des mouvements diasporiques camerounais avec leur Consul dans un même lieu de vie à Marseille décrit cette confluence qui a permis d’assurer chez les uns et les autres, membres d’une communauté plurielle, le sentiment que le vivre ensemble est une réalité bien vivante. Le faire, c’est déjà reconnaître chez l’autre les valeurs qui lui sont ontologiquement attribuées du fait de son origine ethnique, les valeurs acquises culturellement du fait d’être localisé dans un lieu de vie donné, des valeurs liées aux faits de mémoires qui nous associent à la patrie Cameroun, mais qui malheureusement n’ont pas toujours été enseignées en raison de la perpétuation volontaire ou non du fait colonial. Cette rencontre a davantage permis de rappeler et de réactiver les éléments des droits et des devoirs liés à la citoyenneté et à la vie citoyenne, de suggérer des leviers d’organisation des mouvements diasporiques fédérés, et leurs mises en rapport avec l’État du Cameroun à travers sa représentation locale.

Cyrille MBIAGA

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