Quatrième témoignage de Me Lydienne EYOUM
…En mai 2008, alors que le SED après enquête avait conclu à une absence de malversation de ma part dans cette affaire depuis 2006, j’ai la désagréable surprise de me voir retirer mon passeport à l’aéroport, alors que je me rendais en France avec mon époux.
Une nouvelle enquête illégale au regards du code de procédure pénal camerounais s’ ouvre à la Direction de la police
judiciaire pour les mêmes faits. Monsieur Amadou Ali n’accepte pas les conclusions du SED réputé redoutable. Pourtant, c’est au SED que sont enfermés les ministres ABAH ABAH et MARAFA AMINOU Yaya et Monsieur Yves Michel FOTSO…
La police judiciaire « embarrassée » ne nous défère pas au parquet. Une réunion est convoquée à la présidence de la République vers fin 2008 où mes 4 avocats de l’ époque les Bâtonniers Yondo Black et Ebanga Ewodo, les anciens membres du Conseil de l’Ordre Maître Ebénézer Mongue Din et KOUENGOUA me représentent à cette réunion présidée par le Conseiller Spécial Monsieur Jean FOUMANE chargé des affaires juridiques de la présidence de la république assisté de Monsieur YAP ABDOU qui deviendra le premier président du TCS et qui me condamnera à 25ans d’emprisonnement « sans états d’âmes » dira t il.
La conclusion de cette réunion à laquelle il a activement participé était que je n’ai commis aucun délit ni crime et que j’ai bien fais mon travail. Que cette affaire est née d’une désinformation et qu’ elle est désormais close. Monsieur Yap Abdou qui me reçoit après cette réunion me le confirme lui-même.
Mes avocats en sont sortis confiants et soulagés. Nous pensons que la machine infernale va s’ arrêter.
Mais pour la SGBC il faut justifier à Paris ce qui s’ est passé, pourquoi le procès sur la saisie des 2 milliards est perdu malgré tout cet argent dépensé pour « résoudre » le problème et toutes les assurances données à la hiérarchie à Paris en 2001 que l’affaire était close.
Je suis donc « logiquement » arrêtée le 8 janvier 2010 sans aucun mandat de justice à YAOUNDE capitale politique du Cameroun alors que ma résidence se trouve à Douala capitale économique, je suis conduite toutes sirènes et gyrophares à fond à la police judiciaire par un bataillon armé de fusils d’assauts du GSO (GROUPEMENT SPECIAL D’OPERATIONS) dont la mission est pourtant uniquement d’intervenir dans la traque du grand banditisme avec armes à feu.
Je suis traitée comme une terroriste dangereuse pour qui toutes les voitures en circulation doivent se ranger sur le côté.
Le RAID français et des experts israéliens forment régulièrement cette unité spécialisée. La connotation est donnée.
Je suis placée en garde à vue pendant 4 jours ( au-delà des heures légales) sans interrogatoire, puis vers 23 h conduite toujours sous forte escorte au Palais de justice pour être présentée au Procureur de la république, celui-là même qui était supposé avoir demandé à ce que je sois conduite devant lui 4 jours auparavant.
Dans la même nuit, du 11 au 12 janvier 2010 je suis inculpée pour détournement de deniers publics ! Le greffier n’est présent que pour me notifier un acte qui n’attend que mon visa.
C’est conforme à l’ ordre écrit reçu du chef de l’ Etat et justifie que personne ni même le Bâtonnier et le Barreau du Cameroun informés ne tente d’intervenir . Seuls mes avocats conduits par le Bâtonnier Yondo Black ont fait le déplacement dans l’urgence par la route connue pour être dangereuse et sont arrivés juste à temps pour mon transfert au parquet. Trop tard pour communiquer avec moi et introduire quelque demande que ce soit dans cette atmosphère de « Gestapo » où même le procureur de la République Monsieur Ntamack Fils prétend ne rien savoir de ma présence devant lui alors qu’il nous annonce sortir de la chancellerie à minuit.
Sans qu’il ne nous entende ni ne dresse aucun acte il nous fait conduire devant le juge d’ instruction. Ce dernier s’appelle Monsieur NDONHOU .
Il me supplie de lui pardonner « signes ma sœur, s’il te plaît tu sais que j’ai les mains liés…on verra tout cela lundi…». (le substitut du procureur acquiesce de la tête )« drôle de manière de traiter « sa sœur » Monsieur le juge… ».
Il baisse la tête, impatient de me voir quitter son bureau car une fourgonnette de la prison où sont déjà installés l’huissier de justice et le ministre du budget « mes complices » attend juste devant. Il faut éviter que mes pieds ne touchent le sol. D’ailleurs des gardiens de prison encerclent le fourgon tandis que l’escadron spécial veille prêt à dégainer…
A suivre